Al Housseini Diacko trottinette blanche
Le père d’Al Housseini Diacko et la foule examinent l’installation de la trottinette fantôme de son fils, le 7 septembre 2024. Photo : Philippe Rachiele / JDV

L’installation d’une trottinette blanche au parc de Mésy, à Cartierville, le 7 septembre a été marquée par beaucoup d’émotion. Une cinquantaine de personnes, proches, voisins et élus, ont assisté à la cérémonie organisée par Souliers et vélos fantômes Québec (SVFQ), en mémoire d’Al Housseini Diacko, 14 ans. Son décès brutal, le 24 juin dernier, a transformé le jour de la fête de la Saint-Jean-Baptiste en deuil pour toute une communauté.

Al Housseini Diacko
Mohamed Keïta, ami d’Al Housseini Diacko, témoigne au cours de la cérémonie d’installation de la trottinette fantôme le 7 septembre 2024. Photo : Philippe Rachiele / JDV

«J’aimerais aujourd’hui qu’on se souvienne de lui comme d’une bonne personne. Tout le monde le sait, il n’a jamais été mauvais pour quiconque. Il a toujours été un bon élément dans notre quartier», déclare, la voix nouée, son ami Mohamed Keïta qui a pris le micro spontanément.

Al Housseini a été fauché par un automobiliste alors qu’il traversait la route 117 — dite aussi rue Lachapelle — à hauteur de la rue Ranger sur la trottinette électrique, qu’il venait de recevoir pour son anniversaire. L’enquête du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et du coroner sur les circonstances de l’accident est toujours en cours.

«On devrait nous donner les résultats de l’enquête bientôt», indique Emilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, en entrevue avec le Journal des voisins (JDV).

Au-delà des conditions ayant conduit au drame, c’est encore une fois la rue Lachapelle, l’un des principaux point de sortie nord de l’île de Montréal, qui est pointé du doigt.

Alors que l’artère a connu ces dernières années d’importants travaux de réaménagement, elle continue d’être une route mortellement dangereuse lorsque les règles de sécurité routière ne sont pas respectées.

Agir

La vitesse sur les rues locales est limitée à 30 km/h dans l’arrondissement, sur cette artère, les véhicules peuvent rouler à 50 km/h. Le panneau de rappel de la vitesse est situé à quelques mètres du parc de Mésy, très fréquenté par les résidents des immeubles alentour. Limiter la vitesse aux abords du parc est une demande largement partagée.

Al Housseini Diacko
Le père d’Al Housseini Diacko en entrevue avec notre journaliste Amine Esseghir lors de la cérémonie d’installation de la trottinette fantôme pour son fils, le 7 septembre 2024. Photo : Philippe Rachiele / JDV

«Le message que je lance à tout le monde et surtout aux autorités, c’est de bien vouloir agir ici. Poser un dos d’âne, réduire la vitesse, faire quelque chose pour éviter des pertes humaines [comme celle de mon fils]», implore Mamadou Diacko, père de la victime.

Une pétition a été lancée aussi pour appuyer cette demande.

«J’ai mis la pétition en ligne et je l’ai distribuée de main à main. Il y a des gens qui viennent vers nous et nous demandent d’imprimer encore des formulaires pour les remettre à des voisins ou des connaissances. Les gens sont très conscients de ce qui se passe», relève Mohamed Sylla, résident du quartier et initiateur de la pétition. Principalement, les citoyens souhaitent que la vitesse soit réduite.

«C’est quelque chose que nous allons regarder», confie Mme Thuillier, mairesse de l’arrondissement. Elle rappelle que la rue a connu beaucoup de changements au cours des dernières années pour favoriser les déplacements actifs. Les trottoirs ont été élargis, des feux de circulation ont été ajoutés.

Al Housseini Diacko
La mairesse Émilie Thuillier en entrevue avec notre journaliste Amine Esseghir, à la cérémonie d’installation de la trottinette fantôme d’Al Housseini Diacko le 7 septembre 2024. Photo : Philippe Rachiele / JDV

«Hier [le 6 septembre], nous avons fait une marche exploratoire avec Prévention du crime Ahuntsic-Cartierville (PCAC), le poste de quartier (PDQ), avec le responsable de la maison des jeunes. L’intersection est (…) très bien. Elle est visible, il y a une saillie de trottoir, il y a des plaques podotactiles [surfaces présentant une texture reconnaissable au toucher, notamment pour les personnes à mobilité réduite], tout est parfait à cette intersection», observe-t-elle.

Alors que la Ville veut poser 300 radars photos sur le territoire de la Ville de Montréal, cette initiative trouverait, ici, tout à fait sa justification.

«Sur les tronçons artériels qu’est ce qui manque? Ce sont des radars photos qui donnent des contraventions automatiquement. C’est ça notre demande au gouvernement de Québec», plaide-t-elle.

Un mémorial visible
Al Housseini Diacko
Séverine Le Page lors de la cérémonie d’installation de la trottinette fantôme d’Al Housseini Diacko, le 7 septembre 2024. Photo : Philippe Rachiele / JDV

L’installation de la trottinette blanche par l’organisme Souliers et vélos fantômes Québec (SVFQ) est un hommage rendu à la mémoire d’un adolescent, mais c’est aussi un rappel pour agir et éviter qu’un autre décès survienne dans le quartier.

«Malheureusement, l’année dernière, le ministère des Transports a été sollicité [mais] il refuse d’agir officiellement», affirme Séverine Lepage, porte-parole de SVFQ.

Si des actions sont menées pour réduire la vitesse aux abords des écoles et sécuriser leurs alentours, Mme Lepage estime qu’elles sont moins présentes ailleurs.

«Le 50 km/h devant un parc, cela va rester parce qu’ils [pouvoirs publics] jugent qu’il ne faut pas changer. Pourtant, c‘est ce qu’il faut faire. On a remarqué que beaucoup de mémoriaux [vélo fantôme] sont sur des routes à numéro ou aux limites des arrondissements où tout le monde se passe la patate chaude», déplore-t-elle. En attendant des mesures spécifiques aux abords du parc de Mésy, une trottinette blanche rappellera qu’un jour de fête, Al Housseini Diacko a perdu la vie en traversant la route.



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