Depuis quelques jours, les riverains ont accès à une partie de l’aire d’exercices pour chiens (AEC), située au parc Jean-Martucci. Les travaux commencés au printemps 2024 progressent plus vite que prévu. Ce qui engendre la satisfaction des uns et la déception des autres.
La petite aire pour chiens du parc Jean-Martucci est d’ores et déjà ouverte depuis quelques jours. Quant à la plus grande section, elle sera disponible «au printemps 2025 afin de permettre à la tourbe de bien prendre et d’assurer la pérennité de la nouvelle installation», annonce l’Arrondissement sur sollicitation du Journal des voisins (JDV).
Apparemment, la levée de boucliers survenue en mai 2022, matérialisée par une pétition contre l’aménagement [consécutive à une précédente pétition revendiquant, au contraire, l’installation d’un tel parc], semblait révolue.
En effet, les opposants s’étaient ralliés au projet. Une consultation publique avait même eu lieu le 23 novembre 2022, suivie d’une rétroaction au printemps 2023. Dès lors, les travaux avaient pu commencer au printemps 2024. D’ailleurs, la dernière séance virtuelle du 31 mai 2023 s’était achevée par la présentation d’un «plan concept».
Plan concept
«Ce plan permettait aux citoyen(ne)s de visualiser l’emplacement proposé des différents éléments du parc, signale Annie Brouillette, chargée des communications à l’Arrondissement, incluant le parc à chiens, le déplacement du sentier et non sa disparition, la nouvelle butte à glisser, les jeux d’eau ainsi que les aires de jeux.»
Pourtant, aujourd’hui, le scepticisme semble ressurgir depuis l’ouverture partielle du double parc canin.
À cet égard, Marc Coiteux, résident de la rue René-Labelle, confirme que la phase de confrontation entre «pro» et «anti» n’est plus d’actualité. «Nous nous sommes ralliés à l’idée que le parc à chiens se situerait le long de Christophe-Colomb et c’était correct», tout en énonçant une série de déceptions successives. «D’abord, ils [les représentants de la Ville] ont commencé par installer des grillages dans le parc temporaire en invoquant l’urgence. [Ensuite] des techniciens de la ville de Montréal nous ont dit qu’ils nous présenteraient des plans finaux et qu’ils nous consulteraient. Après tous ces mois d’attente, la paysagiste a, certes, fait une présentation d’un plan très sommaire [le plan concept], mais elle a dit qu’elle reviendrait avec des documents plus élaborés. On ne les a jamais eus.»
Devant ce silence, Marc Coiteux fait valoir son droit à l’information, pour, finalement, obtenir ces documents cet été… Les travaux avaient déjà commencé.
«Procédure normale»
«En architecture, les rétroactions [effectuées] sont appelées “concept préliminaire”, explique Julie Roy, élue du district Saint-Sulpice. Cela représente à peu près 80 % du plan [final]. Pour le parc Jean-Martucci, c’est la procédure normale. Les plans ne sont jamais publiés au cours du conseil d’arrondissement. C’est parfait s’il [M. Coiteux] a fait valoir son droit à l’information; c’est exactement à ça que ça sert. C’est comme cela que les services peuvent partager aux citoyens les plans à la suite du concept préliminaire.»
Pourtant, Marc Coiteux n’en démord pas. Il prend pour référence un document de la Ville, datant de 2013, portant sur une consultation publique réalisée en 2013 en vue de la création de quatre AEC dans d’autres parcs de l’arrondissement (Henri-Julien, Saint-Odile, Ahuntsic et Saint-Alphonse). Ce document, que chacun peut se procurer en ligne, présente effectivement des «critères/normes à respecter». À titre d’exemple, l’AEC «doit être à plus de 100 mètres des habitations».
«Pour les parcs à chiens, il n’existe pas de réglementation», soutient pourtant Julie Roy. En la matière, «nous utilisons de bonnes pratiques», précise-t-elle.
Pour preuve, selon elle : «Celui du parc du Père-Marquette ou celui de Verdun sont plus proches encore des résidences. Nous avons essayé d’intégrer [l’AEC] dans la topographie, en utilisant la butte et les arbres actuels. C’est la raison pour laquelle, il est tassé sur le côté. [Du reste], au début de la rue Étienne-Blanchard, aucun balcon ne donne sur le parc à chiens. Ce n’était pas le cas avec celui qui était temporaire, car il était au beau milieu, les voisins étaient plus proches.»
«Clôtures trop hautes»
Autre point soulevé par M. Coiteux : dans le document de 2013, il est écrit que l’AEC «doit être complètement clôturée de 1,8 m». « Les clôtures mesurent environ 2 m de haut, se lamente le résident de la rue René-Labelle. Rien n’est respecté : la distance du parc canin avec la plaine où jouent les enfants devrait mesurer 30 m; la distance avec les résidences; la hauteur des clôtures qui défigurent complètement le paysage et qui correspondent plus à des enclos à girafes; les écrans végétaux qui sont censés amortir le bruit des jappements… c’est de la foutaise. J’ai étudié en horticulture [pour faire pousser] des murs végétaux qui coupent vraiment les bruits, ça prend trente ans…»
«C’est plus sécuritaire!»
Manon Blais, une autre résidente du quartier, est à l’origine de la pétition présentée au conseil d’arrondissement du 7 septembre 2021, visant à créer ce nouveau parc à chiens dans le domaine Saint-Sulpice. Avec sa chienne Lila, elles fréquentent quotidiennement le nouveau parc canin.
«Le petit parc est ouvert depuis au moins une semaine, se réjouit-elle. Le deuxième, pour les plus grands, sera disponible plus tard à cause de la tourbe.» La résidente justifie la hauteur impressionnante de l’enclos de la façon suivante : «C’est plus sécuritaire! Avec la neige, les chiens réussissent à sauter par-dessus. Aujourd’hui, les clôtures de parc à chiens sont plus hautes, afin que les chiens ne se sauvent pas.»
L’Association du parc canin du district Saint-Sulpice qu’elle préside compte 150 membres qui fréquentent tous ce nouvel aménagement. Cette association a été créée lors de la mise en place du parc temporaire.
Respect de la topographie
«Chacun a le droit de ne pas être satisfait, estime pour sa part l’élue de Saint-Sulpice, Julie Roy. Nous essayons de faire au mieux. [Nous n’avons pas] retenu toutes les requêtes recueillies au moment de la rétroaction, car il y avait une longue liste de demandes. C’est le travail des paysagistes et des architectes de l’Arrondissement d’analyser et de [tout agencer] au mieux en fonction de l’espace disponible et de la topographie. Aussi, nous avons installé un parc à chiens en utilisant une partie moins utilisée et, ainsi nous avons libéré la plaine gazonnée pour les usagers. Ceci constituait une grande demande du quartier. Nous avons maintenant de beaux jeux pour enfants et plus de verdure.»
«Si seulement, ils avaient [installé ce parc en respectant] une hauteur de clôture plus modeste, continue d’espérer Marc Coiteux; s’ils l’avaient placé plus loin des résidences avec une végétation plus luxuriante pour [camoufler] ces clôtures de plus de deux mètres qui longent le seul sentier. […] Aux parcs Laurier et Lafontaine, les clôtures sont plus basses et la végétation rend le tout plus joli. Ce ne sont pas des girafes qui [évoluent] dans le parc, ce sont des chiens! Pendant la consultation, on leur avait envoyé même les photos de clôture du parc de Westmount [pour donner des idées aux concepteurs]. Ici, c’est une horreur!»
Quoi qu’il en soit, les derniers aménagements des aires de jeux du parc Jean-Martucci seront achevés au printemps 2025. En ce qui concerne le choix des arbres plantés, selon l’Arrondissement, «il sera effectué par l’équipe des arboriculteurs de l’arrondissement, et ce, dans un deuxième temps.» Peut-être la dernière occasion d’améliorer l’aspect esthétique du parc canin, qui sait?
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