Le ministère de la Sécurité publique (MSP) n’aura pas besoin de demander un permis à la Ville ou à l’arrondissement pour construire la nouvelle prison Tanguay.
Ce sera la Société québécoise des infrastructures (SQI) qui agira comme mandataire de l’État selon les modalités prévues dans la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme pour construire la prison. Les travaux seront réalisés sur le site de l’ancien établissement de détention qui appartient déjà au gouvernement du Québec.
«Nous travaillons en étroite collaboration avec la Ville de Montréal pour assurer que le projet s’intègre harmonieusement dans le tissu urbain et respecte notamment les normes de sécurité et environnementales en vigueur», a assuré Anne-Marie Gagnon, conseillère aux communications à la SQI en réponse à des questions du Journal des voisins (JDV) adressés par courriel.
La SQI a souligné que le gouvernement est dans son bon droit. L’Établissement de détention Maison Tanguay a été construit en 1964, sur ce terrain à vocation carcérale depuis plus de 100 ans, à proximité de la prison de Bordeaux.
On en parle beaucoup
Les discussions sur le projet se sont intensifiées ces derniers jours. Les forages sur le terrain ont commencé et la démolition des anciens bâtiments devrait intervenir à la fin de l’été. Les élus de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville et des directeurs des services ont reçu récemment des représentants de la SQI et du ministère. Les mêmes qui avaient une semaine auparavant rencontré les membres du comité de bon voisinage.
«Ils nous ont présenté le dernier schéma qu’ils ont fait pour la prison, qui est le même que celui qu’ils ont présenté (…) au comité de bon voisinage», a indiqué Emilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, en entrevue avec le JDV.
Même si le MSP et la SQI font valoir les règlements particuliers qui président à la construction, il faudra tout de même que le plan de la prison s’intègre au schéma d’aménagement de la Ville.
«Au Conseil d’agglomération du mois d’août, il y aura un dossier qui va dire que le projet de la prison Tanguay est conforme au schéma d’aménagement», a révélé Mme Thuillier.
La prison se fera
Les opposants au projet ont pu rencontrer de manière informelle le ministre de Sécurité publique, François Bonnardel qui a effectué une visite surprise au site de la prison le 25 juin.
André A. Morin, député de l’Acadie (libéral), avait accompagné le ministre et avait invité les représentants des citoyens qui rejettent le projet à cette rencontre.
«J’ai dit au ministre, regardez les maisons, les cours, les piscines. Quand vous construirez la nouvelle prison, les voisins vont l’avoir en plein dans leur figure», a confié M. Morin en entrevue avec le JDV. Un argument qui semble avoir interpellé M. Bonnardel sans pour autant influer sur la décision.
«Le ministre a dit qu’il y aurait des mesures d’atténuation, mais il nous a dit clairement aussi que la prison sera là», regrette le député de l’Acadie.
Face aux nombreux riverains qui contestent le choix de ce terrain pour la construction de ce nouvel établissement carcéral, la SQI assure que l’institution est consciente de l’enjeu et «qu’il est essentiel de tenir compte du voisinage dans la planification de ce projet, particulièrement en contexte résidentiel et urbain.»
Notre interlocutrice mentionne qu’un comité de bon voisinage a été mis sur pied et il comprend six citoyens des environs.
«Le déménagement des femmes incarcérées à l’établissement Leclerc de Laval [en 2016] était une situation temporaire pour permettre sa reconstruction. Cet emplacement a toujours fait partie des scénarios de reconstruction», assure Mme Gagnon, au nom de la SQI.
Une prison moderne
Le gouvernement veut construire une nouvelle prison pour femme de 237 places sur le site de l’ancienne maison Tanguay, qui sera démolie d’ici la fin de cette année. Le nouveau projet est évalué à près de 400 M$ et devrait être achevé en 2029 pour une occupation en 2030.
Ce sera des pavillons sur deux étages qui sont envisagés. Les bâtiments seront insérés dans un quadrilatère situé à 70 m des résidences limitrophes.
Dès l’annonce de la construction de ce nouvel établissement carcéral, en décembre 2022, le MSP avait fait valoir le Règlement d’usage du terrain, la proximité avec les divers services dont auront besoin les femmes emprisonnées et la facilité d’accès aux familles des détenues.
Il faut savoir que l’arrondissement avait lancé en 2015 une importante consultation avant d’élaborer le Programme particulier d’urbanisme (PPU) Henri-Bourassa Ouest. Il établissait les règles de développement du terrain de la prison Tanguay notamment et ne prévoyait la construction d’un nouvel établissement de détention.
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