
La Société de développement commercial (SDC) District Central, demande le retrait d’une piste cyclable aménagée dans le secteur Chabanel. Pour l’arrondissement, cette voie est là pour de bon.
Dans une lettre ouverte adressée aux médias le 13 juin, la SDC, qui représente plus de 2000 opérateurs économiques, dit que la piste cyclable nuit carrément au développement économique de ce secteur.
«Nous exigeons que l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville fasse preuve de leadership et retire la piste cyclable dans sa forme actuelle.»
La lettre signée par huit membres du conseil d’administration de la SDC, dont le président Gabriel Tupula et la directrice, Hélène Veilleux, ainsi que 11 entrepreneurs, affirme que cet aménagement est une décision unilatérale de l’arrondissement.
«Ces mêmes acteurs économiques du District Central doivent composer avec des décisions de l’arrondissement imposées, sans consultation ni planification.»
La piste cyclable se trouve, selon les signataires, le long d’artères stratégiques à vocation industrielle comme Chabanel, Port-Royal, Meilleur et Avenue du Parc.
«Le District Central n’est pas un quartier résidentiel. C’est un pôle industriel, un moteur économique qui a besoin d’une logistique fluide et d’un cadre urbain pensé pour la diversité de ses usages», soulignent les signataires.
La voie pour vélos mettrait en péril la poursuite et le développement des activités économiques. Elle découragerait les investisseurs et les clients.
«Ce n’est plus un simple désagrément, c’est un frein à notre vitalité économique. Certains camionneurs, essentiels à notre chaîne logistique, ne veulent plus desservir le secteur avec des remorques de 53 pieds. Les manœuvres sont devenues trop périlleuses, les poteaux de pistes cyclables les forcent à se reprendre à plusieurs reprises», écrit la SDC.
La piste serait même génératrice d’accidents pour les cyclistes eux-mêmes.
Des bonifications?
Pour l’arrondissement, la piste cyclable demeure en place, parce qu’elle répond à des besoins. Ceux des usagers d’abord, mais aussi d’un aménagement beaucoup plus large.
«La piste est installée là parce qu’il y a une forte demande. De toute façon, on le voit, elle est ultra utilisée», assure en entrevue avec le Journal des voisins (JDV), Julie Roy, conseillère de Ville de Saint-Sulpice. C’est dans cette circonscription municipale que se situe le District Central.
L’élue rappelle que l’aménagement d’une voie réservée pour bus sur le boulevard Saint-Laurent interdit le passage des vélos sur cette grande artère. La connexion entre les différentes pistes cyclables a nécessité le rabattement de la voie cyclable sur les autres rues.
Elle assure que des places de stationnement ont été libérées dans les rues adjacentes à la piste.
«Il y a un travail de bonification de la piste cyclable qu’on peut faire. Cela peut être des pancartes qui disent, attention, vélo, attention, camion, de la peinture verte sur la chaussée», admet-elle.
Sinon, l’élue rejette l’affirmation selon laquelle les décisions sont prises sans consultations.
«Il y a eu une séance d’information, il y a eu des avis qui ont été distribués aux portes, il y a eu du porte-à-porte. Des entreprises situées sur le tracé de la piste cyclable ont été rencontrées par le commissaire au développement économique», dit-elle.
Des usages changeants
Mme Roy soutient qu’il y a tous ceux qui sont en faveur du déplacement en vélo qu’on n’entend pas.
«Il y a beaucoup de travailleurs qui ne sont pas tant représentés, dans le débat que nous avons là, je trouve. Ce sont des gens qui se déplacent pour venir travailler et ils ne viennent pas en camion.»
Elle a publié récemment, sur les réseaux sociaux des témoignages d’usagers de cette voie pour bicyclettes.
«Au sein des entreprises, tout le monde n’a pas la même réalité. Ce n’est pas uniquement un secteur industriel lourd. On le voit parce qu’il y a des entreprises qui n’ont pas besoin de livraison», relève-t-elle.
Pour elle, il y a une diversification des usagers, notamment parmi les employés des entreprises de nouvelles technologies, ainsi que chez les résidents du secteur.
«Il y a 7000 résidents dans Saint-Simon, il y a 1000 logements qui s’en viennent à Anima, 1000 autres sur Crown, probablement sur le site vacant du 50-150 Louvain Ouest», énumère-t-elle.
Ce n’est pas la première fois que l’aménagement de cette piste cyclable suscite un débat passionné. Lors du conseil d’arrondissement de mars, des membres de la SDC étaient venus au micro pour poser des questions sur le projet de piste cyclable et exprimer leurs inquiétudes.
Restez informé
en vous abonnant à notre infolettre
Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.
Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.
Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.
On dirait que dans un pôle industriel il n’y a que des chauffeurs de camion…quelle diversité!.avec la logique de toujours aller plus vite , pour toujours accumuler plus de profit , on a ce genre de commentaire…on oublie que rouler à vélo est écologiques et à des impacts économiques positifs…Sortez donc un peu…allez voir les expériences européennes !
Un peu étonnant la réaction de la SDC. Personnellement, je trouve cette piste très utile pour permettre aux citoyens et citoyennes d’Ahuntsic de se rendre au marché central de façon sécuritaire en vélo. Il faudrait peut-être faire de l’éducation aux camionneurs et leur faire comprendre que souvent un vélo bien évite une autre voiture dans la circulation et rend alors plus fluide la circulation. Un peu de patience, un peu moins de vitesse et une belle cohabitation s’établira avec le temps.