L’ouverture d’un centre d’hébergement pour une cinquantaine d’itinérants dans le quartier Nouveau-Bordeaux (district d’Ahuntsic) a suscité beaucoup de questionnements de riverains, notamment sur l’absence de consultation préalable. Toutefois, la Ville et les services sociaux expliqueront leur démarche lors d’une soirée d’information prévue le 3 juillet.
«Une grande partie de l’explication à la question, pourquoi n’y a-t-il pas eu de consultation? C’est parce qu’il n’y a pas eu de changement de zonage», indique Emilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, en entrevue avec le Journal des voisins (JDV).
L’autre partie de l’explication, c’est une certaine urgence pour finaliser les démarches.
«Le calendrier est extrêmement serré, souligne Mme Thuillier. Pour élaborer les deux dossiers décisionnels qui sont passés cette semaine [entre le 18 et le 20 juin], on a dû les adopter au comité exécutif le vendredi matin [le 14 juin]. Il n’y a pas de conseil d’agglomération et municipal en juillet. Donc, il fallait faire vite.»
Il faut savoir que la bâtisse située au 11810, avenue du Bois-de-Boulogne, sera préalablement louée pour une durée de 4 mois et l’ouverture est prévue à la mi-août. Le propriétaire, la Fondation Gracia, vend sans garanties légales son bien appelé Pavillon des bâtisseurs où il hébergeait des personnes atteintes d’Alzheimer. Actuellement, seule une promesse d’achat est signée.
«L’achat est encore sous vérification diligente, mais quand même, il y a une location assurément pour 4 mois à partir du 1er août», assure la mairesse de l’arrondissement.
Prendre le leadership
Ce sera la Société de développement social (SDS) qui gérera l’établissement pour itinérants.
«Ce sont eux qui ont reçu le financement pour opérer ce genre de ressources par le CIUSSS du Centre-Sud qui lui s’occupe de l’itinérance», précise l’élue.
La Ville agit comme intermédiaire. En fait, c’est l’organisme communautaire qui occupera les lieux qui aurait dû trouver lui-même le local.
En même temps, ce sont les élus de la Ville qui sont questionnés souvent sur les problèmes des personnes sans domicile fixe.
«La Ville prend le leadership, même si ce n’est pas notre dossier, car mon Dieu, il ne se passe pas une journée sans que la municipalité ne se fasse dire par tout un chacun, il y a des itinérants dans la rue, que faites-vous?», confie Mme Thuillier.
Alors qu’elle invite tous les citoyens désireux d’en savoir plus à assister à la rencontre virtuelle du 3 juillet, elle rappelle que le centre sera un service d’hébergement pour itinérants opéré par un organisme communautaire et payé par le CIUSSS Centre-Sud, ouvert 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Le JDV a voulu connaître également l’avis des vendeurs, la fondation Gracia. Nos demandes d’entrevues sont restées sans réponses.
Pour participer à la rencontre en ligne, sur la plateforme Teams : bit.ly/3RKAUFW En mode audio seulement: composer le 438 315-1023 et inscrire le code de connexion : 797441825#
Faire plus?
René Obregon-Ida, le directeur de l’un des organismes locaux les plus engagés dans le soutien aux personnes en situation d’itinérance, Rue action prévention (RAP) Jeunesse, souligne que face aux besoins dans le secteur, il considère que l’ouverture d’un tel centre d’hébergement est une bonne nouvelle.
«Si le bâtiment est acheté par la Ville, il restera dans la communauté. Sinon, demain matin, la bâtisse est vendue à des entrepreneurs privés et on perd. Donc c’est un gain quelque part.»
Lui-même voulait ouvrir un centre d’hébergement pour des gens sans domicile fixe, mais faute de financement, il a dû reporter son projet. René Obregon-Ida est toujours prêt à répondre si jamais il y a un appel à projets.
«C’est sûr que oui, parce que les besoins sont énormes dans le nord de l’île. Mais avant, il faut étudier les lieux, il faut étudier les environs, il faut parler avec le voisinage. Et ça se fait aussi avec la communauté, avec les groupes communautaires aussi», souligne-t-il.
M. Obregon-Ida avait visité le bâtiment de la fondation Gracia quand il était en vente et il estime que ce serait un lieu idéal pour des groupes communautaires.
«Si nous on offre un service d’hébergement, je crois qu’autour il doit y avoir d’autres services», indique-t-il.
Alimentation, logement ou santé, étendre les possibilités que peut offrir un lieu comme celui-là.
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Tout ce projet a été préparé en catimini par la ville et les organismes concernés: le voisinage demande un moratoire immédiat et des consultations publiques. Il y a des CPE, des écoles, des garderies en milieu familial, un CLSC, un CHSLD, tout ça dans un rayon de 500m environ.
On est bien loin d’un milieu idéal d’intégration pour des itinérants et d’un milieu de vie à la fois sécuritaire et rassurant pour la population avoisinante du centre.
De plus, le Pavillon des Bâtisseurs ne compte que 16 chambres et on nous annonce qu’on y recevra jusqu’à 50 itinérants et du personnel… Est-ce bien sécuritaire simplement d’un point de vue d’espace de vie?
Est-ce que j’ai oublié de mentionner la prison de Bordeaux et la reconstruction de la prison Tanguay sont aussi dans le même secteur…
Le choix du lieu à proximité des garderies et des écoles est très préoccupant pour les parents, on a vu ce qui se passe dans les autres arrondissements avec le même genre de centre à proximité des CPE… Aucune acceptabilité sociale quand on impose un projet bâclé, imposé, sans aucune consultation, ni étude. Vraiment désolant!