Entrevue entre la mairesse sortante et candidate de Projet Montréal, Émilie Thuillier, et notre journaliste Éloi Fournier. (Photo : Simon Van Vliet, JDV)

Le JDV a mené une série d’entrevue éditoriales avec les trois candidates à la mairie d’arrondissement pour les élections du 7 novembre. Aujourd’hui, nous vous présentons les réponses de la mairesse sortante, Émilie Thuillier, qui se représente sous la bannière de Projet Montréal.

Cette transcription de notre entrevue, réalisée le 12 octobre au parc Saint-Paul-de-la-Croix, a été éditée par souci de clarté et de concision. Les réponses intégrales sont également publiées dans une série de capsules vidéo dont la diffusion déjà commencée se poursuivra d’ici l’élection.

La mairesse d’Ahuntsic-Cartierville et candidate à sa propre succession, Emilie Thuillier. (Photo: François Robert-Durand)

Q : Pouvez-vous décrire brièvement votre parcours personnel et professionnel et votre lien avec Ahuntsic-Cartierville ?

J’ai un bac en géographie et une maîtrise en sciences de l’environnement, et après je me suis tout de suite impliquée dans Projet Montréal, le parti pour lequel je me présente encore.

J’ai deux enfants. J’ai déménagé dans Ahuntsic-Cartierville en 2007, j’ai choisi d’y faire ma vie d’y élever mes enfants qui y vont à l’école.

Je suis très heureuse d’avoir été conseillère municipale du district d’Ahuntsic pendant deux mandats, de 2009 à 2017, et depuis 2017 d’être la mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.

Q : Quel est l’enjeu prioritaire dans l’arrondissement ?

Il y en a beaucoup, mais je dirais que l’enjeu prioritaire, c’est de construire des quartiers inclusifs et complets, parce que ça a un impact sur tout le reste.

Il y a un lieu où on dort, un lieu où on travaille, un lieu où on va faire les courses ; il y a l’école ; il y a nos parcs, les divertissements ; et il faut que tout ça soit accessible, le plus possible, en transports collectifs ou en transport actif, pour faire en sorte qu’il n’y ait pas juste plein de circulation de transit partout.

Il faut faire en sorte aussi que tout un chacun ait la même égalité des chances. C’est pour ça aussi qu’on travaille très fort sur le logement : pour qu’il y ait du logement privé, du logement de marché, mais qu’il y ait aussi du logement social abordable et communautaire, pour qu’on ait une mixité sociodémographique à l’intérieur de ces quartiers-là.

Q : Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer en politique ?

Je me suis lancé en politique il y déjà un petit moment, en 2005.

L’objectif pour moi, c’était d’agir collectivement. Parce que comme individu, on peut faire plein de choses, des petits gestes, des plus gros, mais à un moment donné on se bute à un système, à l’organisation d’un système.

Par exemple, on veut bien faire du vélo, mais si on veut le faire de manière sécuritaire, il faut des pistes cyclables. Alors il faut agir collectivement, et moi c’est vraiment ça qui m’a amené à la politique municipale.

Ce n’était absolument pas prévu dans ma carrière ni dans ma famille. On n’avait pas beaucoup d’implication politique dans ma famille.

Q : Comment voyez-vous le rôle de mairesse?

Il y a plein de choses dans les rôles d’une mairesse. Il y a des conversations avec des individus : on rencontre beaucoup de gens.

C’est un travail de collaboration. Moi, comme mairesse, j’ai organisé le travail des collègues qui sont représentants des districts. Il y a plein de choses dans chacun des districts, mais il y a des objectifs aussi qui transcendent tout l’arrondissement. On travaille en collaboration, en concertation pour qu’on puisse s’appuyer et aussi aller auprès de la Ville-centre, et notamment au comité exécutif de la Ville, pour aller chercher les collaborations, les projets, l’argent dont on a besoin pour réaliser nos projets en arrondissement.

Q : Où pensez-vous que vous pouvez avoir le plus d’impact : dans votre bureau, au conseil d’arrondissement ou à l’hôtel de ville?

Dans la rue!

Je dirais au conseil d’arrondissement, parce que c’est le pouvoir que nous avons comme élus. Passer des résolutions au conseil d’arrondissement, c’est notre pouvoir légal. À l’hôtel de ville, le conseil municipal, c’est la même chose.

C’est la beauté de Montréal, c’est qu’on a les deux en même temps : le pouvoir de faire des projets localement, mais d’avoir aussi le pouvoir au conseil municipal de voter des règlements qui s’appliquent à toute la ville de Montréal.

Q : Pourquoi les gens devraient voter pour vous et votre parti plutôt que pour une autre candidate d’une autre formation politique?

Depuis quatre ans, on a vraiment fait des changements dans l’arrondissement : en verdissement, en apaisement de la circulation, en bâtissant des nouveaux logements ou, en tout cas, en faisant bâtir de nouveaux logements; en investissant énormément dans les parcs aussi; avec les pistes cyclables.

On a fait des changements qui sont durables, mais aussi beaucoup de changements qui sont peu visibles, comme travailler en consultation publique.

Moi, je suis venue à la politique aussi par la consultation publique. Donc, on a engagé quelqu’un qui ne fait que ça à l’arrondissement : organiser des consultations publiques.

J’ai lancé un budget participatif aussi.

On a aussi énormément travaillé sur la façon dont nos employés répondent aux requêtes 311. En ce moment, on répond beaucoup plus rapidement au téléphone, mais aussi beaucoup plus rapidement à une requête qui est faite. On est passé d’un taux de 30 % seulement de réponse dans les délais à 80% maintenant. En deux ans et demi, on a fait un pas de géant. [NDLR : IL n’a pas été possible pour le JDV de vérifier cette affirmation, mais après avoir centralisé son service, Ahuntsic-Cartierville était parmi les arrondissements qui avaient le pire temps de réponse au 311 en 2018-2019, selon une enquête du Journal de Montréal qui note que la performance du 311 demeurait sous les attentes en 2020 dans la métropole].

On s’est donné des plans qu’on suit ensemble : le plan stratégique de développement durable, le plan local de déplacement et, plus récemment, le plan d’action intégré en diversité et en inclusion sociale. Avec ces plans-là, on sait où on s’en va.

Il y a encore beaucoup, beaucoup de travail à faire et c’est ce qu’on dit aux gens. On est encore dans le changement d’habitude, et c’est pour ça qu’on souhaite poursuivre le travail.

Q : Comment comptez-vous vous attaquer à l’enjeu de la pollution sonore liée au trafic aérien dans l’arrondissement?

J’y travaille depuis déjà de nombreuses années. On a travaillé sur tous les fronts.

Je suis la représentante de Montréal sur le comité du climat sonore de l’Aéroport de Montréal (ADM) : un comité qui, malheureusement, siège à huis clos, donc je ne peux pas dire tout ce qui se passe à cet endroit-là.

Mais j’ai fait des démarches publiques aussi : j’ai demandé à ce qu’ADM installe des micros pour qu’on puisse savoir quel est le bruit des avions au-dessus de notre arrondissement. Ils n’ont jamais voulu. Comment ça se fait? On sait qu’il y en a des avions chez nous on sait que les gens se plaignent, mais ils n’ont pas voulu installer de micro…

Alors on a travaillé avec des groupes citoyens, en donnant des montants d’argent aux Pollués de Montréal-Trudeau et, plus récemment, à un organisme qui s’appelle Montréal dB qui a travaillé avec des professeurs d’université aux États-Unis, avec l’intelligence artificielle. Avec la subvention de l’arrondissement, l’organisme est en train d’installer ces micros-là un petit peu partout dans l’arrondissement. Ce qui est vraiment intéressant, c’est que l’on peut savoir, quand un avion passe, quel bruit il fait. On est tranquillement en train d’avoir des données citoyennes, on va dire ça comme ça.

D’un autre côté, sur un autre front, je travaille avec la Ville de Montréal et la Direction de la santé publique du Québec qui a commencé à bâtir un observatoire du bruit. C’était un engagement très fort de notre campagne 2017. Nous avons fait le premier pas d’engager une commissaire aux bruits qui travaille à la Ville depuis déjà plusieurs mois et qui a rencontré plusieurs des acteurs, voire tous les acteurs.

Elle a aussi travaillé à l’observatoire du bruit de Paris, donc elle sait très bien ce que c’est un observatoire. On est en train de le construire avec toutes les parties prenantes.

Il y a aussi des projets pilotes en cours.Ce n’est pas simple. Si c’était simple ce serait  déjà fait. Mais en travaillant sur tous ces fronts en même temps, on a bon espoir qu’on puisse arriver à avoir des données. Parce que c’est la première chose à faire avoir des données publiques fiables sur lesquelles tout le monde s’entend pour ensuite pouvoir bâtir une stratégie

Évidemment, le gouvernement fédéral va être d’une importance capitale, parce que c’est quand même eux qui contrôlent, notamment, la réglementation sur les avions.

Q : Quelle importance accordez-vous à l’enjeu du logement et comment pensez-vous que l’arrondissement et la Ville devraient intervenir pour répondre aux besoins en habitation dans Ahuntsic-Cartierville?

Ça c’est à mon sens un des grands enjeux de l’élection, et pas dans le quartier, mais à Montréal.

À Projet Montréal, on réfléchit au logement depuis notre naissance. Et depuis quatre ans, on a posé des gestes parce qu’on était au pouvoir à l’Hôtel de Ville qui vont faire changer la question du logement dans les prochaines années.

Le geste majeur c’est ce qu’on appelle le règlement pour une métropole mixte donc le 20-20-20. Avec ce règlement, on se dote des outils pour faire en sorte que dans n’importe quel projet privé, il y ait dès le départ, des logements sociaux et communautaires prévus et dans certains quartiers, au fur et à mesure des différentes réglementations d’urbanisme, des logements abordables aussi. Ce règlement-là, l’opposition a voté contre et nous on est très, très inquiets que, si ce n’est pas nous qui sommes au pouvoir dans les quatre prochaines années, ce règlement soit aboli et qu’on revienne finalement à il y a 15 ans.

Et on voit très bien que construire des logements sociaux et communautaires, c’est très, très difficile sans ce règlement. Donc, ça c’est, à mon avis, un enjeu de l’élection.

L’autre chose qu’on a travaillé, c’est le site Louvain où on va avoir des logements sociaux communautaires et abordables. Et là on voit aussi le parti de l’opposition qui se rétracte, qui recule sur les pourcentages qui sont établis depuis longtemps avec la communauté. [Note de vérification factuelle : La candidate d’Ensemble Montréal, Chatanl Huot, qui a soulevé des réserves par rapport à la mixité dans le projet Louvain Est, n’a pas voulu se commettre sur le pourcentage de logement sociaux qui seraient inclus dans le projet si elle est élue. Le parti dirigé par Denis Coderre a toutefois indiqué vouloir revenir à la stratégie d’inclusion qui prévoit que 15 % de la superficie des projets immobiliers d’envergure soit réservée à du logement social.]

Il faut vraiment construire des logements sociaux et communautaires parce que les gens ont de la difficulté à se loger.

Q : Comment percevez-vous les enjeux liés à la diversité culturelle, linguistique, sociale dans Ahuntsic-Cartierville?

Ahuntsic-Cartierville c’est un mini-Montréal. On est au cœur de la ville, puis on a tout : on a des secteurs francophones, des secteurs plus allophones, des secteur plus anglophones. On a une toute cette diversité, la diversité montréalaise.

Ça a été aussi clairement affirmé par notre mairesse, l’article un de la charte de la ville de Montréal c’est : « Montréal, une métropole francophone ». Donc, la façon de s’unir c’est vraiment par le français.

Par contre, il faut aussi s’adapter, et on l’a fait dans certains domaines de consultations publiques, d’essayer d’entrer vraiment en contact avec les gens de plein de façons différentes parce que ça se peut que sur un site Internet ils ne se sentent pas interpellés.

Donc d’aller les voir en priorité, de manière diversifiée, de les inviter directement par des organismes. Pas juste lancer une invitation grand public. C’est ce qu’on travaille beaucoup avec nos employés : de faire en sorte que la meilleure façon d’avoir tout le monde autour de la table, c’est pas juste d’envoyer à tout le monde, c’est d’envoyer de manière précise à chacun des groupes qu’on connait pour de leur dire on a besoin de vous autour de la table.

Et c’est beaucoup d’ailleurs ce qui a été fait en culture depuis de nombreuses années dans notre arrondissement. La maison de la culture Ahuntsic, c’est la maison de la culture à Montréal qui est reconnue pour la musique du monde, pour avoir des artistes émergents en résidence, d’autres plus connus. On a par exemple OktoÉcho, une formation musicale qui est en résidence à notre maison de la culture et qui fait de la symbiose de toutes les musiques du monde à chaque fois qu’ils font des nouveaux morceaux.

Je pense que le culturel nous a pavé la voie pour ensuite faire en sorte qu’on puisse, dans la vie de tous les jours, voir comment on est capable de faire en sorte que les gens puissent mieux se parler, mieux se connaître mieux se comprendre, mieux s’apprécier et donc mieux vivre ensemble.

Q : Quelle importance accordez-vous à la question des changements climatiques et quelles devraient être, selon vous, la réponse de l’arrondissement et de la Ville face aux bouleversements du climat?

À l’arrondissement, on a voté une résolution sur l’urgence climatique, donc à Montréal, on considère tous qu’on est dans une urgence climatique en ce moment.

La réponse elle doit être à cette mesure-là. Comme on a vécu la pandémie, on a eu des mesures de la crise.

On est vraiment dans une transition écologique, dans une transition écologique qui doit se faire rapidement. Rapidement, ça veut aussi et surtout dire d’accompagner, parce que ce sont des changements d’habitude. Ça ne sera pas simple, tout le monde le dit. Ce n’est pas simple, comme humain, de changer nos habitudes, mais il faut le faire.

C’est pour ça qu’il faut accompagner les gens, et c’est pour ça que dans notre plan stratégique de développement durable, tous les secteurs d’activité de l’arrondissement sont représentés.

Notre plan local de déplacements est basé sur la prémisse qu’on va vers une mobilité durable. À la Ville de Montréal, c’est la même chose : notre priorité c’est la mobilité durable. Ça veut dire que on va déplacer plus de monde plus rapidement et dans des modes de transport durables, donc évidemment d’abord les transports actifs, les transports collectifs, l’autopartage, le covoiturage. Et, au final, oui, il reste une place pour l’auto solo, mais c’est vraiment dans la dernière priorité. Il faut agir sur tous les autres fronts avant. C’est pour ça que toutes nos démarches aussi dans la Ville, dans l’arrondissement, à chaque fois qu’on prend un problème et à chaque fois qu’on étudie un dossier on regarde son implication.

Est ce qu’on s’en va vers une transition écologique en adoptant ce dossier-là où est ce qu’on recule? C’est vraiment une de nos préoccupations.

Q : Qu’allez-vous faire pour aider les résidants aux prises avec des enjeux de propriété relatifs aux ruelles?

Il y a plein de sortes de ruelles dans notre arrondissement et donc on travaille sur chacune de ces deux ruelles. Il y a des ruelles privées depuis des dizaines et des dizaines d’années où ça se passe bien et il y en a d’autres où à un moment donné il y a un problème. Donc, dès qu’il y a un problème évidemment, nous les élus on est là pour soutenir les gens ; on va chercher les réponses juridiques pour voir qu’est ce qui s’est passé qu’est ce qui peut être fait.

On est en train de voir aussi avec la Ville de Montréal parce que c’est aussi un grand acteur dans ce dossier comment on peut tenter de régler de manière structurelle ce problème de ruelle privée. Vous comprendrez qu’on est en train de faire le plan d’action et qu’il y a beaucoup d’implications légales et d’implications monétaires aussi même pour des propriétaires actuels ou futurs, donc je ne peux pas vous donner exactement maintenant tout notre plan de match, mais on est en train d’élaborer et, ce matin même, on avait une réunion à ce sujet.

Q : Quel est votre plan pour contribuer à la mobilité dans Ahuntsic-Cartierville?

C’est notre plan local de déplacements qu’on a fait en collaboration avec les gens depuis 2019. On a un comité de suivi aussi. On disait tout à l’heure « Build it and they will come » : c’est sûr que si on construit une autoroute, on va avoir plein de voitures. Si on construit une piste cyclable, à côté des écoles, on a pleins d’enfants qui vont à l’école en vélo. Si on construit des passages piétons, ou des promenades piétonnes agréables, les gens vont venir marcher.

C’est vraiment la façon dont on veut fonctionner : de mettre les infrastructures en place dans la rue, donc de faire plus de place. En ce moment il y a, 1,2 % de l’arrondissement  qui est réservée aux vélos, c’est quand même vraiment peu. Par contre, on est à 19 % pour les piétons, ce qui est pas mal. Donc, vraiment d’accentuer les infrastructures dans la rue, d’avoir aussi des équipements : on parle de bixi, on parle de Communauto. Cette semaine Communauto va ouvrir un très grand territoire dans Cartierville avec les Flex. Donc là, on donne des outils et des équipements aux gens pour aller vers la mobilité durable et pour des changements d’habitudes. Parce que c’est beaucoup ça aussi des changement d’habitudes.

On a, dans l’arrondissement, reçu un financement de 1 million de dollars du gouvernement du Québec, du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. On a trois communautés en ce moment dans l’arrondissement pour aider les gens à se départir de leur voiture solo en partageant leurs voitures privées, puis en ayant toutes sortes d’autres incitatifs : des vélos cargo, toutes sortes d’autres choses, pour voir comment on peut faciliter la transition des habitudes vers la mobilité durable dans l’arrondissement.

Puis la dernière chose, c’est de rapprocher les services, de rapprocher les services puis d’en avoir un peu partout, donc vraiment d’avoir des beaux parcs partout qu’on puisse aller voir, puis les bliothèques par exemple, là on a un projet de bibliothèque dans l’est il y en aura dans l’ouest aussi donc de rapprocher des services des gens pour pas qu’ils aient à faire trop de trajet pour aller se divertir, faire leurs courses ou aller à l’école par exemple

Q : Quelle importance accordez vous au verdissement dans l’arrondissement et proposez-vous des actions concrètes pour y contribuer?

Le verdissement, c’est une des préoccupations majeures des résidants et, donc, de nous aussi.

Dans les dernières années, l’arrondissement coupait plus d’armes qu’ils n’en plantait pour toute sortes de raisons. Nous, quand on est arrivé on a dit : maintenant on en plante autant qu’on en abat et même plus pour aller rattraper le backlog (ndlr: travail en retard) qu’on avait et on est arrivé dans les deux dernières années.

On a triplé en fait presque, on est passé de 330 à 1000. Ce qui fait que là on plante mille arbres par année dans l’arrondissement partout sur les rues, dans les parcs, dans les ilots de chaleur. C’est vraiment important pour nous et pour la population, aussi on le voit.

On a une canopée très vieillissante aussi dans l’arrondissement ; on a beaucoup de beaux vieux arbres, mais quand ils vont mourir, ils vont laisser vraiment de gros vides. C’est pour ça qu’il faut en planter à l’avance, pour les remplacer.

On a aussi de plus en plus développé le concept de saillie verdie. On en a plus de 150 maintenant. Ça a un double effet : ça apaise la circulation, c’est plus sécuritaire pour traverser la rue, mais ça fait en sorte aussi que ça prend l’eau.

Donc là, on est vraiment dans la transition écologique au complet parce que ça absorbe l’eau des pluies et ça fait du beau, ça fait de la verdure. C’est vraiment une grosse offensive.

Et l’autre grosse offensive, c’est l’agriculture urbaine. Donc, ça participe au verdissement, mais c’est encore plus loin parce que là, on parle de sécurité alimentaire, on parle de résilience.

Dans l’arrondissement, surtout avec le secteur du côté du District Central, on est un des secteurs vraiment qui explose avec les start up (ndlr: entreprise émergente) qui sont là. On a la Centrale Agricole où ils font pousser autant des insectes, des champignons, des plantes, un vignoble, toutes sortes de choses. Et il y a plein d’entreprises aussi qui sont en synergie entre elles et ça fait en sorte qu’on a un arrondissement qui est axé de plus en plus vers la résilience tant au point de vue environnemental – avec les arbres, les sailles et tout ça – mais la résilience alimentaire aussi, mais la production. On parle aussi des fermes Lufa, c’est incroyable ce développement-là.

Q : Croyez-vous qu’il devrait y avoir un moratoire sur les travaux d’enrochement d’Hydro-Québec dans le cadre de la réfection des murs de soutènement du barrage Simon-Sicard?

On vit, entre guillemets, en ce moment le moratoire, parce que les premiers enrochements qui ont été faits derrière trois terrains, ils ont été faits par décret.

C’est le gouvernement du Québec qui a donné le droit à Hydro-Québec de le faire sans aucune consultation. Nous, à l’arrondissement on était vraiment choqué de cette situation ; on en a parlé avec Hydro-Québec, on en a parlé avec la députée provinciale évidemment.

L’arrondissement ne pouvait pas contrecarrer un décret, mais disons que ce n’est vraiment pas une façon qu’on considère être juste et équitable de faire au 21ème siècle. Franchement, gouverner par décret ce n’est pas ce qu’on souhaite.

Là, en ce moment, il y en a pas d’enrochement parce que Hydro Québec doit aller présenter son projet au gouvernement. Il pourrait y avoir un BAPE et nous ce qu’on a toujours dit c’est que l’arrondissement, nous allons demander à Hydro Québec d’aller devant le BAPE. Nous allons demander au gouvernement du Québec de faire un BAPE pour les travaux d’Hydro Québec.

L’enrochement, on a vu un peu à quoi ça pouvait ressembler. C’est vraiment abominable pendant les travaux et, par la suite, c’est sûr que c’est pas le genre de berges qu’on souhaite avoir chez nous.

On a défié un peu Hydro-Québec pour savoir qu’est-ce qu’ils pouvaient faire d’autre. Pour l’instant la réponse est :  « C’est tout ce qu’on peut faire ».

Mais quand on va devant le BAPE, notre pouvoir comme élu, puis surtout comme citoyen, est décuplé parce qu’au lieu que ce soit seulement nous qui posons les questions à Hydro-Québec, qui demandons Hydro-Québec de voir d’autres scénarios, là c’est le BAPE qui, par nos questions, va demander à Hydro-Québec : « quels sont vos autres scénarios sur la table? »

Nous, c’est vraiment ce qu’on veut entendre : quels sont les scénarios autres que l’enrochement qui sont possibles pour la question du barrage?

Q : Comment assurerez-vous l’exemplarité de l’administration municipale en matière de réduction de la consommation d’énergies fossiles?

On a un plan d’éliminer le mazout d’ici 2025 pour Montréal. Dans l’arrondissement, on est pas mal arrivé. Je pense qu’on a changé, ville et arrondissements, pas mal tout ce qu’on avait de mazout dans nos bâtiments, donc ça c’est vraiment une bonne nouvelle!

L’autre chose c’est que – c’est méconnu, mais la flotte municipale de la Ville de Montréal est la flotte la plus électrifiée en Amérique du Nord. On achète des véhicules électriques tous les ans, puis quand on change les véhicules, de plus en plus on essaye de les changer vers des véhicules plus petits ou électriques. C’est pour ça qu’on a tout plein de véhicules maintenant à Montréal.

Parfois, on a des équipements tellement spécialisés au municipal qu’il faut discuter avec les fournisseurs pour voir comment ils pourraient nous faire des véhicules électriques. Par exemple, il y a des développements qui se font au niveau des camions électriques. On a aussi les petites voitures et aspirateurs. Il y a deux ans la Ville a acheté des prototypes de voiturettes aspirateurs électriques. Ça n’existait pas, mais nous comme ville, on a dit au fournisseur : « on aimerait vraiment que tu puisses en construire parce que nous on en achèterait ». Il en a construit certains prototypes, puis là on est en train de les tester. Donc, on essaye vraiment le de plus en plus de regarder chacune, chacun des véhicules qu’on a dans notre flotte pour les remplacer par des véhicules électriques et d’essayer aussi de faire dans nos plans en arrondissements que nos employés quand ils se déplacent, autant pour aller entre le domicile et leur travail que pendant leur travail, s’ils peuvent se déplacer d’une autre façon que tout seul dans un véhicule à essence.

Ce qu’on fait aussi pour les grands édifices qui sont construits maintenant, mais on s’entend qui sont sur les 50 et 100 prochaines années, on leur demande de prévoir dès maintenant les câbles pour avoir des branchements électriques pour des voitures branchables. C’est drôle souvent les promoteurs ils nous disent : « ben non, on ne voit pas pourquoi on le ferait ». Voyons! En 2030, théoriquement, on ne vend plus de véhicules à essence, donc vous devez dès maintenant, dans la construction, prévoir, surtout dans les gros édifices, des branchements.

Donc, par l’urbanisme, aussi on essaye de plus en plus de sortir justement des énergies fossiles et de prévoir l’électrification, l’arrivée de l’électrification. On a des bornes de recharge électrique de plus en plus dans les rues et on essaie d’en avoir plus. On est en train de penser à des concepts pour les avoir, par exemple, sur des rues locales. En ce moment, il n’y en a pas. Il y en a sur des artères, donc comment on est capables d’avoir des bornes de recharge électrique collectives à plusieurs endroits dans la ville.

Q : Quelle est votre vision de développement pour l’écoquartier Louvain? 

Le site Louvain, c’est une grande fierté. Ça a commencé il y a plus de dix ans par une mobilisation des gens du quartier qui voulaient redévelopper sur ce site-là, parce que c’est un site municipal.

Je passe vite sur l’histoire, mais comme mairesse j’ai travaillé avec mes collègues à la Ville-centre pour construire ce qui n’avait jamais été fait ailleurs à Montréal, ce qu’on appelle le bureau de projet partagé.

On a, pour conceptualiser le site Louvain, la Ville, l’arrondissement et la collectivité qui est réprésentée par Solidarité Ahuntsic, dans un même bureau.

Toutes ces personnes qui travaillent et qui ont travaillé dans les dernières années à planifier le développement du site Louvain.

Qu’est-ce qu’on va mettre sur ce site-là? Il ya eu des consultations publiques et des centaines de personnes qui ont travaillé sur des ateliers sur différentes portions du terrain, parce que justement on fait plein de choses sur ce terrain là.

Oui, il y a des logements, mais aussi une école primaire, un centre communautaire, un pôle d’agriculture, des commerces.

Comment on organise tout ça sur le site? Ce bureau de projet partagé a dessiné un plan pour le site Louvain et on est allés en consultation publique à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). La réception, globalement, a été très bonne, même s’il y a des réserves qui ont été exprimées par certaines personnes. Le rapport de l’Office de consultation publique dit : le site Louvain, tel qu’il a été proposé, c’est ce qu’il faut faire au 21e siècle. Ce sera même un exemple pour l’ensemble de la Ville de Montréal autant au niveau de la planification et de la gouvernance de la planification que de ce qui est proposé de mettre sur cet écoquartier qu’on vient construire.

On n’a pas fait beaucoup de modifications suite à la consultation publique, mais une des modifications vraiment importante, c’est que le boisé au coin de Christophe-Colomb et Louvain, on va tripler sa grandeur. Le boisé sera trois fois plus grand que ce qu’il est maintenant. Pour le reste, tout ce que j’ai déjà nommé reste sur le site.

L’objectif, c’est de construire entre 800 et 1000 logements, dont 50 % de ces logements en social et communautaire et l’autre 50% en abordable, donc 100% du site abordable, mais la moitié encore plus abordable en logements sociaux et communautaires.

Parmi les réticences qu’on comprend des gens et qui ont été exprimées, c’est que on a dans l’arrondissement des plans de HLM, mais ça n’existe plus depuis 94. On en construit plus de ces édifices-là parce qu’on voit à quel point il y a des enjeux à mettre plusieurs personnes vulnérables toutes ensemble. Ce n’est pas ce qu’on souhaite et donc, en ce moment, quand on construit des logements sociaux et communautaires, il y a une mixité qui est à  même l’édifice qui est déjà faite et, en plus, sur le site Louvain il y aura une mixité dans le site. Donc, c’est vraiment des gens qui auront toutes sortes de revenus, toutes sortes de conditions sociales qui vont venir sur le site Louvain dans un écoquartier.

Ils vont savoir aussi qu’ils viennent dans un écoquartier, donc dès le départ, on prépare la mobilité durable. Déjà, comme on a beaucoup de choses sur le site, il y a moins de besoin de déplacements, donc on enlève une bonne partie de la circulation, mais aussi sur le site et aux abords, pour y arriver le transport actif sera favorisé, le transport collectif aussi et une grande mutualisation, par exemple, des voitures pour faire en sorte qu’il y a des voitures sur le site, mais ou mutualisées ou en auto-partage. Donc, il n’y aura pas nécessairement une voiture pour chacun des ménages et c’est pour ça qu’on dit qu’on est en train de construire vraiment un quartier du futur.

Q : Comment entrevoyez-vous la relance post-pandémique à l’échelle municipale?

Je pense que notre mairesse Valérie Plante l’a dit à plusieurs reprises, et les chambres de commerce et tous les commerçants, le pouvoir économique de la ville, pense la même chose, c’est qu’on veut aller vers une relance qui soit verte et inclusive.

La relance, on est déjà dedans, on l’a travaillée déjà depuis tous ces mois-là de pandémie. On le voit, Montréal est une des villes en Amérique du Nord qui a la meilleure relance dès maintenant. On a perdu moins d’emplois qu’ailleurs, puis on retourne aux emplois plus rapidement aussi.

À Montréal, on s’autonourrit dans notre économie. Oui, on est dépendant, parce qu’on est quand même dans un système mondialisé, mais on n’est pas si dépendants de l’étranger ou de capitaux d’investissements étrangers ou de choses qui se passent à l’étranger. Déjà, on est la métropole économique du Québec, mais aussi on a tellement d’entrepreneurs, des start-ups (ndlr: entreprises en émergence)

Les gens consomment sur place finalement dans leur vie de tous les jours, et on est capable de répondre à leurs besoins à même nos emplois, à même nos entreprises. C’est ce qu’on a vu aussi pendant la pandémie sur beaucoup de rues commerciales montréalaises, il n’y a pas eu tant de fermetures que ça. Il y a mêmes des commerçants qui ont fait des affaires en or parce que les gens étaient dans leur quartier, les gens consommaient dans leur quartier.

Ce qu’on veut dans la relance, c’est continuer à appuyer. Je pense que la Ville de Montréal fait aussi beaucoup d’efforts dans les dernières années avec les quatre budgets qu’on a faits; la Ville a diminué d’environ 16 % les taxes des petits commerçants. Donc oui, on a un a priori pour les start-ups de chez nous, pour les petits commerçants. Avec un taux de taxe vraiment diminué, ça a beaucoup aidé aussi ces petits commerçants à aller de l’avant et on continue avec toutes nos démarches d’appui financier et logistique aux sociétés de développement commerciales.

Il y a eu plein de dossiers. PME Montréal a géré aussi tout l’argent qui venait du provincial et du fédéral. On avait construit une infrastructure en ressources humaines qui était capable, à Montréal, de capter cet argent-là puis de le redistribuer parce qu’ils étaient en contact avec les différents acteurs économiques.

Tout ça, je pense, fait en sorte que, déjà, Montréal a une bonne relance. Pour le futur, on l’aura et on la souhaite verte et inclusive, donc ça veut dire qu’on choisit les projets d’investissement, les projets qu’on voit se développer à Montréal.

Q : Que comptez-vous faire pour améliorer la transparence de votre administration si vous obtenez un second mandat?

On a fait déjà un bon bout de chemin, mais il y a toujours plus à faire. La transparence, pour moi, c’est aussi l’implication citoyenne. Il y a la participation publique, puis il y a l’engagement citoyen qui sont encore deux choses différentes.

Depuis que je suis arrivée à la mairie de l’arrondissement, quand on fait un projet de parc, on fait une consultation publique en plusieurs étapes. Ça a l’air tout simple à dire, mais c’est pas ça qui était fait avant. On a déjà, dans l’arrondissement, refait des parcs sans même aller parler aux gens. C’est fou!

Alors, quand on refait un parc on a un processus en plusieurs étapes: on va demander aux gens qu’est ce qu’ils veulent dans leur parc, de quoi ils ont besoin.

On est transparents aussi dans la façon de, justement, revenir aux gens en plusieurs étapes, pas juste en une étape : ok on vous a compris, on va construire. Non, on revient aux gens : voici le plan qu’on vous propose, est-ce qu’on vous a bien compris dans nos consultations publiques?

Il y a autre chose qu’on a fait dans les quatre dernières années – c’était une nouveauté, personnes avant nous ne l’avait fait – : au mois de février de chaque année, le conseil d’arrondissement rendait publiques les priorités de l’année; voici ce sur quoi on s’engage à travailler dans l’année et voici les résultats qu’on souhaite atteindre. On l’avait même fait sur quatre ans au tout début du mandat. C’est très clairement établi les priorités et les projets qu’on allait travailler à chaque année. Et, surtout, en fin d’année, on faisait une reddition de comptes : voici les priorités qu’on vous avait données en février; en janvier ou févier de l’année suivante, voici ce qu’on a réussi à accomplir, quels résultats on a atteints, quels résultats on a pas atteints et pourquoi. Donc, vraiment une reddition de comptes de l’action de l’arrondissement.

Aussi au niveau financier, on donne vraiment les chiffres, les investissements dans le rapport de la mairesse qui existe depuis un bon moment aussi : voici combien d’argent on a dépensé sur un tel, tel projet.

On a aussi dans le dernier mandat commencé à faire des séances itinérantes du conseil d’arrondissement et ça on veut le poursuivre. On en faisait deux à l’extérieur du 555 (ndlr: Chabanel Ouest), deux par année et ça, on veut vraiment le poursuivre parce que c’est bien pour nous d’aller sur le terrain et surtout on a vraiment vu qu’il y a des gens qui sont à la séance du conseil d’arrondissement à l’extérieur du 555 qui ne venaient pas aux autres séances.

Donc, c’est vraiment une façon de montrer aux gens le travail de l’arrondissement et les séances du conseil.

Là, on est dans la participation publique et dans l’engagement citoyen. De plus en plus, on travaille aussi par exemple toutes les questions du budget participatif. Ça, c’est vraiment de faire en sorte qu’on donne une partie du pouvoir aux citoyens pour proposer des projets et surtout pour choisir des projets qu’ils verront se réaliser par la suite.

C’est vraiment un continuum de transparence, de participation, d’engagement citoyen, de travailler avec les gens.

Je pense que ce qu’on a changé le plus, c’est la rigueur des consultations publiques qui ont été tenues et, surtout, d’avoir un processus qui se poursuit pour chacune des consultations publiques avec des rapports qui sont toujours disponibles aussi sur le site Internet de l’arrondissement.

Avec la collaboration d’Éloi Fournier.



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Antoine C. Prophète
Antoine C. Prophète
3 Années

Vous auriez dû demander à la mairesse Thuillier pourquoi le quartier est aussi sale! C’est malheureux que cette question ne soit pas dans ses priorités non plus. Jamais le quatier n’a été aussi sale et dégueulasse surtout en période estivale. Les abords de la Station de Métro Henri-Bourassa sont sales et sentent très mauvais pendant les chaleurs d’été. De tout l’été dernier, les trottoirs autour de la Station n’ont jamais été nettoyés. Et l’ensemble des poubelles du quartier sont dans un état de saleté épouvantable et de délabrement avancé. On dirait qu’il n’y a plus d’équipes de propreté et de nettoyage public dans Ahuntsic-Cartierville ! Très malheureux que les candidates des deux principaux partis à la Mairie de notre quartier passent sous silence cette situation dégradée de salubrité publique. Y a-t-il une mairesse dans notre quartier on doit se demander ?

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