Maximiser son REER ou son CELI en premier? C’est un vieux débat et il y a autant de scénarios que de contribuables. Le JDV vous offre quelques pistes de réflexion.

Seulement un Québécois sur quatre a cotisé à un Régime enregistré d’épargne retraite (REER) en 2019, pour une cotisation médiane de 3 000 $. C’est dommage, car le REER et le CELI sont pratiquement les seules échappatoires fiscales légales destinées à la classe moyenne. Concrètement, vous avez le droit de contribuer pour 18 % de votre revenu gagné l’année précédente, jusqu’à un plafond de 27 830 $ pour 2021. Pour le CELI, le plafond est de 6 000 $.

Mais une majorité de contribuables ne maximise pas leur REER ou leur CELI chaque année. En conséquence, ils accumulent ce qu’on appelle des « droits inutilisés » pour chaque régime. Une étude récente des professeurs Luc Godbout et Matis Allali démontre que les droits inutilisés moyens des contribuables Québécois qui cotisaient aux deux régimes s’élevaient, en 2016, à 55 800 $ pour le REER et à 33 900 $ pour le CELI, chez les 35 à 30 ans, et à 68 400 $ pour le REER et 39 300 $ pour le CELI chez les 55 à 59 ans! Fait à noter : il est possible de contribuer davantage que le plafond autorisé si on dispose de droits inutilisés. 

Le REER

C’est indéniable, le REER demeure avantageux pour la très grande majorité des contribuables. Mais pas pour tout le monde. Par exemple, si vous bénéficiez d’un généreux régime privé de retraite, il se peut qu’à la retraite, vos revenus imposables soient particulièrement élevés à cause de la combinaison des retraits REER, des pensions fédérale et provinciale et de votre régime de retraite d’employeur. Vous subirez donc une plus lourde imposition, ce qui diminuera d’autant votre marge de manœuvre financière.

En revanche, si vous gagnez un revenu d’emploi modeste et qu’il s’apparente à votre revenu de futur retraité, vous pourriez ne pas bénéficier de certains programmes, comme le Supplément de revenu garanti… Dans les deux cas, il est préférable de contribuer davantage à son CELI. D’autant plus que tout retrait du CELI n’est pas imposable à la retraite, contrairement au REER.

L’étude des professeurs Godbout et Allali confirme que la cotisation moyenne au REER augmente avec l’âge. Elle est de 1 100 $ pour les 19 ans et moins, 9 900 $ pour les 55 à 59 ans et 11 000 $ pour les 60 à 64 ans. C’est normal : les moins de 45 ans sont souvent occupés à payer leur maison et à élever une famille…

Le CELI

Si le CELI est un bon véhicule d’épargne pour la retraite, il ne sert pas qu’à cela. Un compte CELI peut être utilisé pour des projets importants avant la retraite (rénovations, achat d’une voiture, d’un bateau, d’un véhicule récréatif, retour aux études, tour du monde pendant six mois) ou des dépenses majeures récurrentes (rentrée scolaire, vacances d’été ou annuelles dans le Sud).

Pour l’achat d’une voiture, un CELI peut être désavantageux si vous bénéficiez d’un taux d’intérêt avantageux offert par le concessionnaire ou l’institution financière. Par exemple, si votre rendement moyen espéré de vos placements CELI est de 4 % ou plus par année et que votre prêt auto vous coûte 0 % ou 2 %, prenez le prêt et contribuez également à votre CELI.

Le CELI peut aussi servir de fonds d’urgence en cas de perte d’emploi ou d’invalidité temporaire. Dans ce cas, on y amasse assez d’argent pour subvenir à ses responsabilités pendant trois ou six mois (hypothèque, loyer, assurances, paiements d’auto ou de meubles, épargne, etc.). Tous les experts le disent : une marge de crédit, même hypothécaiure, ne doit pas servir de fonds d’urgence.

Si votre CELI sert de fonds d’urgence ou pour de gros projets, misez sur des produits financiers conservateurs, comme des fonds communs de placement, des FNB du marché monétaire, des CPG garantis dont l’échéance coïncide avec les vacances ou la rentrée. 

Selon Statistique Canada, les ménages ayant un revenu inférieur à 80 000 $ sont proportionnellement plus nombreux à cotiser à un CELI (33,8 %) qu’à un REER (20,1 %).

REER-CELI 101

Qu’est-ce qu’un REER? C’est un outil qui permet d’épargner, tout en reportant ses impôts à la retraite. Lorsque vous cotisez à un REER, vous diminuez votre revenu imposable. Pour nombre de contribuables, cela se traduit par un retour d’impôt : le gouvernement vous fait un chèque parce que vous avez payé trop d’impôts l’année
précédente puisque, grâce à votre contribution REER, vous avez diminué votre revenu
imposable. 

Les sommes accumulées dans un REER ne sont donc imposables que lorsque vous faites des retraits de votre compte REER, normalement à la retraite (alors que votre revenu imposable est censé être moins élevé que lors de votre vie active). Dans un compte REER, vous pouvez, par exemple, investir dans un CPG, un fonds commun de placement, un FNB, des actions ou des obligations.

Qu’est-ce qu’un CELI? C’est un outil qui permet d’épargner et d’obtenir un rendement libre d’impôt, puisque les sommes que vous déposez dans un CELI ont déjà été imposées. Par exemple, si vous achetez 1 000 $ d’actions d’Apple ou de CGI et que vous faites un gain de 10 % lorsque vous vendez vos actions, et que vous retirez votre butin de 1 100 $, vous ne payez aucun impôt.

Tout comme pour le REER, dans un CELI, vous pouvez investir dans un CPG, un fonds commun de placement, un FNB, des actions ou des obligations.

Comment cotiser

Si vous pouvez le faire et selon votre situation financière personnelle ou familiale, mieux vaut maximiser son REER, son CELI ou les deux. Sinon, à la longue, on peut perdre gros. Ainsi, une personne qui investit 10 000 $ à 30 ans et 1 000 $ par année jusqu’à 65 ans aura une cagnotte de 149 996 $ si le rendement moyen est de 5 %.

Un bon moyen de contribuer sans douleur à son REER ou à son CELI est de virer de petits montants (20 $, 50 $, 100 $) automatiquement le jour de la paie. Certains conseillers budgétaires suggèrent de contribuer quand même aux deux régimes, par exemple pour chaque 2 $ qu’on met dans son REER, on peut consacrer 1 $ à son CELI.

Comment investir dans son REER ou son CELI? Ça dépend de votre tolérance au risque, de votre âge, de votre revenu et de votre situation familiale. Consultez un conseiller ou un planificateur financier pour adapter votre épargne à votre situation financière personnelle. 



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