Depuis mai 2021, Vélo Québec offre, à des femmes qui n’ont jamais fait de vélo, la chance d’apprendre et de gagner en confiance à travers le programme Toutes à vélo. Le Journal des voisins est allé à la rencontre de résidentes d’Ahuntsic-Cartierville qui ont réalisé leur rêve.
«Lorsque les parents ne font pas, n’aiment pas ou n’ont pas l’occasion de pratiquer le cyclisme, les enfants n’ont pas cette chance non plus», explique au Journal des voisins Catherine Plante, chargée de projets en éducation cycliste à Vélo Québec. C’est dans cette optique que l’organisme a lancé le programme en 2021.
«Dès la première année, on a reçu plus d’une centaine de demandes. On s’est rendu compte que c’était vraiment un besoin qui était très criant dans les différents arrondissements de Montréal», évoque celle qui est aussi accompagnatrice pour Toutes à vélo. Le programme prend de plus en plus d’ampleur. «Pour le moment, on est à 367 personnes inscrites», assure-t-elle. En 2021, 118 femmes avaient choisi d’apprendre cette nouvelle compétence et en 2022, ce sont 200 femmes qui leur ont emboîté le pas.
Un « rêve d’enfance »
Si Safia Terki a décidé d’apprendre à faire du vélo à l’été 2021, c’est pour pouvoir faire des sorties à vélo avec ses enfants. «C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a motivé à faire du vélo parce qu’eux, ils en font déjà. Je pense que pour eux, c’était naturel. Mais maman n’était pas capable d’en faire. À chaque sortie, quand ils sont à vélo, je dois courir partout pour essayer de les suivre. Ce n’était pas amusant. Maintenant, quand on sort tous ensemble à vélo, ça devient plus amusant», raconte d’un ton enjoué l’ancienne participante de Toutes à vélo.
Pour cette mère de trois enfants, le vélo représentait un rêve d’enfance. En effet, Mme Terki n’avait jamais eu la chance de faire du vélo, ni d’avoir un vélo. Celle qui est arrivée au Québec en 2006 dit avoir été encouragée par la vue des espaces verts et des pistes cyclables d’ici.
«Les gens qui roulaient à vélo, ça m’a donné le goût d’en faire. J’ai commencé seule quand je suis arrivée, j’ai acheté un vélo d’occasion, mais je n’ai pas réussi. Le fait d’avoir ce programme-là, ça m’a sauvé. Ça m’a permis de réaliser mon rêve d’enfance», confie au Journal des voisins celle qui est maintenant accompagnatrice.
S’attaquer aux inégalités
La naissance d’un tel programme ciblé sur une clientèle féminine vise également à s’attaquer aux inégalités entre les hommes et les femmes en matière de vélo, car les femmes ont moins d’occasions de pratiquer le cyclisme que les hommes. Cette inégalité s’explique par le fait que le vélo est davantage enseigné aux garçons qu’aux filles et qu’on aurait tendance à encourager les premiers «à prendre des risques et à faire de la pratique sportive», précise la chargée de projets en éducation cycliste.
À cela s’ajoute les types de déplacements empruntés par les femmes auxquels les routes ne sont pas bien adaptées. «Les femmes ont plus souvent la charge des responsabilités familiales et des commissions ménagères. Leurs déplacements sont plus petits et non linéaires. À la place d’aller d’un point A à un point B, on va partir du point A pour aller à la garderie, à l’épicerie, et on va aller porter les enfants au soccer. Mais les routes et les infrastructures cyclables sont moins pensées pour ces déplacements. C’est moins accessible pour les femmes d’utiliser le vélo pour se déplacer en ville», décrit Catherine Plante.
S’approprier l’espace public
Le programme Toutes à vélo a également été créé pour faire développer le sentiment de sécurité chez les femmes. Selon Mme Plante «les femmes se sentent moins en sécurité dans l’espace public que les hommes».
Les inscrites avaient la possibilité d’apprivoiser la pratique du cyclisme sur un vélo sans pédales, c’est ce qu’on appelle la méthode de la draisienne. Une fois la maîtrise de l’équilibre acquise, les participantes peuvent apprendre à pédaler dans un circuit fermé et par la suite gagner en confiance pour se déplacer sur la route.
«Au début je ne tenais même pas en équilibre, on a dû enlever les pédales, pour y arriver. Et puis au bout d’un temps on nous donnait une récompense: une pédale. Et puis, petit à petit, une deuxième pédale et hop! On a décollé», ajoute Mme Tiab, nouvelle cycliste.
Pour en savoir plus sur le programme, vous pouvez visionner un reportage de l’émission L’avenir nous appartient de Télé-Québec, diffusé à l’hiver 2023.
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