Cet article est tiré du numéro de la rentrée du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au climat.

Printemps 2019, inondations importantes lors des crues printanières. Photo : JDV / Jules Couturier

Le 9 août dernier, Montréal a connu un épisode inédit de pluies intenses qui a engorgé les canalisations et a inondé le sous-sol de plusieurs maisons à Ahuntsic-Cartierville. Comment s’adapter à ces événements de plus en plus fréquents dans l’agglomération ?

Selon les données publiées sur le site Web d’Ouranos, consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, «un événement de précipitation maximale annuelle qui a historiquement eu 5 % de chances de se produire chaque année, pourrait, dans le futur, vers 2046-2065, avoir de 10 % à 14 % de chances de se produire chaque année.» Une tendance de fond qui oblige les pouvoirs publics à prendre des mesures pérennes.

S’adapter avec la biorétention

Dans cette perspective, comment préparer la trame urbaine à recevoir ces pluies intenses?
« Seulement capter l’eau via les égouts pour, ensuite, les évacuer vers les égouts ou les cours d’eau n’est pas une solution durable, estime Louise Hénault-Éthier, directrice du Centre Eau Terre Environnement de l’INRS. La création de bassins de biorétention en bordure de route coûte moins cher et offre, de plus, la présence d’une végétation riche qui, elle, est bonne pour la biodiversité. »

Il s’agit, de fait, de l’un des trois volets inclus dans le Plan d’action sur la résilience face aux inondations, dévoilé le 8 mai dernier par la Ville.
Ce dernier prévoit aussi de bonifier les aides financières de RénoPlex. Depuis la mise en œuvre en 2021 de ce dispositif, « quatre propriétaires de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville ont [ainsi pu bénéficier] d’une aide financière visant à rendre leur [habitation] plus résiliente face aux inondations », rapporte le service de presse de la Ville.

 

RénoPlex : plusieurs types de travaux indemnisés
Le programme RénoPlex octroie une aide financière pour les travaux de réduction des risques d’inondation suivants :
• fosse de retenue et système de pompe;
• clapet antiretour sous dalle;
• déviation du drain de toit;
• comblement de l’entrée de garage;
• caniveau de la fosse de garage;
• surélévation de l’entrée de garage;
• pose d’une surface végétale ou d’un pavé alvéolé;
• toit végétal.
La Ville de Montréal envisage également d’indemniser l’installation d’une porte de garage étanche.

Aménagement urbain

De plus, pour agir durablement sur ces phénomènes, la Ville de Montréal a intégré la gestion des eaux pluviales dans l’aménagement urbain. «Lors de la réfection du domaine public, des infrastructures telles que les avancées de trottoirs et les fosses d’arbres drainantes sont mises en place, informe le service de presse. [Elles] captent les petites pluies, réduisant ainsi le nombre de surverses d’égouts [trop-plein d’eau qui survient dans une conduite d’égout quand sa capacité est dépassée] vers les cours d’eau. […] Les citoyens peuvent également contribuer en détournant leurs gouttières vers leurs gazons et plantes.»

Par ailleurs, Montréal crée des parcs et des terrains de loisirs vers lesquels le ruissellement de la rue est dirigé pour mieux adapter l’environnement aux pluies intenses.

Pour Aref Salem, chef de l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville de Montréal, «l’installation de façon systématique d’infrastructures vertes permettant une gestion des eaux pluviales plus optimale est une bonne nouvelle. Toute quantité d’eau détournée du réseau d’égout permettra de réduire les risques d’inondations. [Nous proposons] d’augmenter les sommes investies à cette fin, ainsi que de prioriser ces investissements dans les zones fortement touchées par les inondations causées par les pluies torrentielles.»

 

Une trentaine de parcs éponges aménagés en 2024 et 2025
Le premier Plan d’action sur la résilience face aux inondations, dévoilé le 8 mai dernier par la Ville, prévoit :
1. une aide pour soutenir les propriétaires dans l’adaptation de leurs immeubles pour mieux résister aux inondations, en renforçant le programme RénoPlex, qui aide financièrement les propriétaires à entreprendre des travaux visant à mieux protéger leur demeure;
2. un ajustement de la réglementation urbaine afin de garantir que les nouvelles constructions soient résilientes aux inondations;
3. accélérer les investissements dans les infrastructures «éponges». À cet égard, 400 trottoirs éponges et plus d’une trentaine de parcs éponges seront aménagés en 2024 et 2025. Au cours des 10 prochaines années, 142 M$ seront investis en infrastructures de ce type; à titre d’exemple, un ouvrage de rétention de capacité de 23 000 m3 sera aménagé par la suite rue Lavigne.

Crues printanières

Outre les pluies extrêmes, un autre phénomène naturel distinct oblige à anticiper les risques d’inondations : les crues printanières dues à la fonte des neiges. 2017, 2019 et 2023 ont marqué les esprits des riverains : au printemps de ces années-là, l’eau s’est infiltrée dans nombre d’habitations des rues Notre-Dame-des-Anges, Cousineau, Crevier, Olivier, Jasmin, Leblanc et du Ruisseau.

En règle générale, afin d’éviter que les maisons soient inondées par ces crues printanières, l’Arrondissement érige des digues temporaires «pour protéger [le] réseau d’égout, et [distribue] des palettes de sacs de sable à certaines adresses en cas de besoin», décrit le Service des communications. Ces digues sont constituées de «gros sacs de sable de 2 m3, de murets de plastique ainsi que de barrières de béton». À quand des digues permanentes, néanmoins? Nous ne le saurons pas, pour l’heure.

Risques sanitaires

Si ces situations de crise nécessitent l’agilité des services municipaux et la solidarité des voisins, elles requièrent également une certaine vigilance sanitaire. Dans un communiqué du 23 juillet dernier, l’Association des microbiologistes du Québec (AMQ) a alerté la population, tout en « dédouanant » les services municipaux : « La très grande majorité du temps, la contamination des réseaux d’aqueducs municipaux due aux coliformes fécaux n’est pas attribuable à la négligence des municipalités, qui traitent l’eau par chloration », y lit-on.
« Par exemple, précise le communiqué, une pluie forte ou une inondation peut faire en sorte que l’eau de la surface amène une quantité plus importante de matières organiques et par le fait même des bactéries d’origines fécales dans les eaux brutes des municipalités. »
D’où l’importance d’endiguer les inondations pour éviter ces dommages connexes.



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