(Photo: archives jdv)

Comment s’effectuent les trajets maison-école des écoliers d’Ahuntsic-Cartierville le matin? Journaldesvoisins.com a recueilli l’avis de parents. Le jdv a également interpellé des chercheurs à ce sujet. Analyse.

Au moins 37 parents ont répondu à notre demande publiée sur deux groupes Facebook différents : Communauté Bordeaux-Cartierville et Parents d’Ahuntsic. Résultat : le moyen le plus populaire pour le déplacement des enfants vers leur école reste encore la marche.

« Je marche avec elle pour lui faire traverser Sauvé/Christophe-Colomb et après elle continue toute seule, souvent avec une amie », témoigne une mère dans les commentaires, concernant les déplacements de sa fillette.

S’ajoute à cela le vélo, la trottinette et le transport collectif.

« À pied l’hiver et en trottinette le reste de l’année », ajoute un parent.

Visiblement, le transport actif est encore favorisé par les parents. Une tendance globale qu’étudie Marie-Soleil Cloutier, chercheuse à l’INRS. La scientifique s’est intéressée aux pratiques en transport actif dans plus de 160 écoles à travers le Canada.

« De manière générale, 60 % des enfants marchent à l’école à Montréal, Toronto et Vancouver. Entre 5 à 10 % d’enfants y vont à vélo », explique-t-elle.

Par ailleurs, selon elle, il existerait deux raisons principales incitant les parents à utiliser la voiture.

« Ce qu’on sait de la littérature en transport actif chez les enfants, c’est que la première raison invoquée par les parents pour ne pas favoriser le transport actif, c’est la distance ou le temps », précise-t-elle.

Certains parents utilisent la voiture lors de conditions météorologiques difficiles ou par manque d’options, comme l’a constaté journaldesvoisins.com en lisant les commentaires.

« La CSDM a annulé le transport scolaire pour les écoles “libre choix”, alors mes enfants prennent le bus de la STM, et ils y vont en voiture », se désole un parent.

Au moins sept parents combinent la voiture avec d’autres moyens de transport.

« Vélo, marche, voiture l’hiver ou quand il pleut, avec parents. Nous sommes dans une école à vocation [particulière] et elle est trop loin », ajoute un autre utilisateur.

Des matins chaotiques, mais sans égratignures

Malgré ces commentaires, le matin demeure quand même un véritable casse-tête pour plusieurs parents.

« On a une zone “sans arrêt/arrêt interdit”, mais ce n’est pas très respecté. Certains arrivent à la dernière minute (ou légèrement en retard). Ils arrivent vite, arrêtent la voiture dans la zone interdite. Ce sont souvent les mêmes, malgré les commentaires des parents sur leur façon de faire », explique via Facebook, Corine Dubord, membre de l’Organisme de participation des parents (OPP) de l’école de la Visitation, depuis 2011.

Même son de cloche du côté de l’école François-de-Laval.

« Les parents semblent trop pressés pour marcher et surtout pour faire attention aux enfants des autres », s’inquiète Marie-Claude Plante, présidente du comité de parents de l’école François-deLaval.

Selon Marie-Soleil Cloutier, une dizaine de comportements dangereux ont été identifiés au moins une fois dans chacune des écoles à Montréal, Toronto ou Calgary.

« Être stationné en double file pour déposer ses enfants, faire un demi-tour, se garer dans une zone non autorisée, parler au cellulaire, sont tous des comportements fréquemment observés, explique-t-elle. Du côté des piétons, les comportements dangereux consistent à traverser hors d’une intersection et déposer les enfants du mauvais côté de la rue. Ça va souvent ensemble : on se stationne en double file, on va sortir les enfants et ils vont passer devant ou derrière la voiture. »

Ces comportements, le commandant du poste 27, Dany Diotte les a observés plusieurs fois. Certains parents adoptent toutefois des pratiques beaucoup plus inquiétantes.

« Certains enfants ne sont même pas attachés pour sauver un peu de temps pour les débarquer et ne pas se faire intercepter, ajoute-t-il. Il y a plein d’infractions qui sont perçues autour des écoles. Les policiers mettent beaucoup d’énergie pour faire adopter le code de la sécurité routière. »

Toutefois, malgré toutes ces manœuvres dangereuses, aucun accident impliquant des élèves n’a été rapporté dans les deux postes de quartier de l’arrondissement.

« Il y a beaucoup d’opérations policières autour des écoles. On a des brigadiers, on a des bénévoles », souligne M. Diotte.

Marie-Soleil Cloutier souligne également que, partout au Canada, les décès ou les accidents graves ne sont pas ou sont peu présents.

« Quand on regarde les collisions, on ne voit pas tant de problèmes aux abords des écoles, mais quand on y va le matin on peut avoir une perception de danger parce que c’est complètement le bordel 15 minutes avant la cloche », nuance-t-elle.

Plus d’aménagements pour moins de chaos

Mme Cloutier préconise des installations plus efficaces et des aménagements conçus afin de favoriser le transport actif autour des écoles.

« Pour réduire la circulation, ça prend des aménagements physiques, comme des limites de vitesse ou un rétrécissement des voies », affirme-t-elle.

Toutefois, afin de réduire la circulation et améliorer l’utilisation du transport actif, il faudrait s’assurer de réduire les inquiétudes des parents et miser sur la sensibilisation des parents.

« Même si ce n’est pas un problème en ce qui a trait aux collisions, c’est important de s’attaquer aux perceptions des parents si on veut vraiment que les choix modaux des parents changent », tranche-t-elle.

Selon Dany Diotte, la police assurerait un lien constant avec les écoles via la présence d’agents de rue dans chaque école du quartier. Plusieurs constats d’infraction sont également donnés durant la rentrée.

« Des fois, il y a des problématiques qui sont différentes, les parents sont sensibilisés autant par l’école que par nos policiers. Par la suite, on va poursuivre nos opérations », indique M. Diotte

Mais de son côté, Mme Cloutier déplore l’absence de suivi et de données probantes quant aux mesures mises en place.

« Quand on prévoit des améliorations, on devrait aussi prévoir de l’argent pour l’évaluation en même temps. On va faire des petites évaluations, comme des relevés de vitesse avant/après, mais de l’évaluer en bonne et due forme avec une bonne méthodologie c’est pas fait assez fréquemment selon moi », se désole-t-elle.

Cet article est publié dans notre mag papier de septembre 2019, présentement en distribution sur le territoire d’Ahuntsic-Cartierville.

 



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