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Quinze femmes et hommes ont reçu un certificat de reconnaissance de l’organisme Concertation Femme pour leur engagement. (Photo: courtoisie Concertation Femme)

Lundi 11 mars 2024, l’organisme communautaire Concertation Femme, en présence de la mairesse Emilie Thuillier et du député de L’Acadie André A. Morin, a distingué 13 citoyennes et 2 citoyens d’Ahuntsic-Cartierville. Une façon de rendre hommage à leur engagement à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Acteurs, bénévoles et participants de Concertation Femme ont été remerciés pour leur contribution à une cause toujours aussi essentielle. L’année dernière, cet organisme sans but lucratif (OBNL) voué à venir en aide aux femmes traversant une période difficile de leur vie avait célébré ses 40 ans d’existence.

Cette année, l’organisme a profité de cette Journée internationale des droits des femmes pour mettre en lumière celles et ceux qui participent au quotidien à faire vivre la lutte pour les droits des femmes à Ahuntsic-Cartierville. Le Journal des voisins (JDV) a assisté à la cérémonie où 15 personnes ont reçu un certificat de reconnaissance.

Les participant(e)s suivant(e)s ont été honoré(e)s: Maria Anastasia Proca, Nadine Hénault, Anastasia Sader, Sajeda Nashwan, Rabah Melli et Gertrude Joseph. Du côté des partenaires, il s’agit de: Nathalie Lapointe, Stefan Muraru et Keith Baril, de la Ville de Montréal, Graciela Koehle, du Centre d’action bénévole de Bordeaux-Cartierville, Sophonie Honoré, du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS), Colette Boudrias, de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, Myra Deraîche, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Julie Duchesne, directrice du Collège Regina Assumpta, et Samia Sidawi, ancienne attachée politique du député André A. Morin.

La directrice de Concertation Femme, Maysoun Faouri, a également dévoilé le nouveau projet porté par l’organisme.

Un recueil de poèmes et une exposition

Baptisé L’espoir des colibris, le nouveau recueil de poèmes publié par Concertation Femme (parmi plusieurs autres) est l’aboutissement d’ateliers littéraires. Le colibri, un oiseau connu pour sa petite taille et ses couleurs flamboyante, est le symbole que toutes les petites actions, aussi infimes soient-elles, participent au changement.

Ici, il s’agit de changer le regard que la société porte sur les jeunes filles issues de l’immigration.

«L’espoir des colibris nous fait entrer dans le monde intérieur de ces jeunes filles pour tenter de saisir leur émotivité fluctuante, tantôt joies, tantôt craintes ou souffrances, et pour mieux nous sensibiliser aux défis auxquels elles sont et seront confrontées», explique Maysoun Faouri.

Quinze jeunes filles de 13 à 17 ans signent des poèmes d’une grande force, une véritable mise à nu. Elles sont scolarisées dans plusieurs établissements scolaires de l’arrondissement, dont trois au Collège Regina Assumpta.

Leur production fait par ailleurs l’objet d’une exposition inaugurée ce vendredi 15 mars, de 10 h 30 à 11 h 25, au sein de l’atrium du Collège Regina Assumpta. Poèmes et illustrations, en grand tirage, y seront visibles jusqu’au 19 avril 2024. Elle aura également lieu dans 23 autres lieux différents à Montréal: écoles, bibliothèques, ou encore centre communautaires, afin de toucher le plus de personnes possible.

Maria Proca, figure de la jeunesse issue de l’immigration

Maria Proca, 17 ans, est l’une des auteures du recueil de poésie. (Photo: courtoisie Concertation Femme)

Âgée de 17 ans, Maria Proca a eu le courage de lire ses mots devant l’assemblée présente à l’événement (voir la reproduction de son poème ci-dessous). «Je suis arrivée de Roumanie quand j’avais 5 ans, le 1er mars 2012. Je me souviens qu’on est partis du jour au lendemain en laissant tout dernière nous, de mes grands-parents qui pleuraient, de la séparation et de notre arrivée ici la nuit, dans le froid», confie la jeune femme.

Elle n’aura conscience de ce traumatisme que bien plus tard. Elle peut en parler grâce aux activités offertes par Concertation Femme et auxquelles elle participe depuis plusieurs années.

«J’ai choisi de parler de l’intégration dans mon poème car ça a été difficile. Je me souviens d’une professeure dans ma classe d’accueil qui m’insultait et me dénigrait car je ne comprenais pas encore bien le français. Ça m’a changée… J’ai longtemps eu le sentiment que je ne savais rien faire», souffle-t-elle.

Scolarisée au Collège Regina Assumpta, celle qui a appris sa langue d’adoption en un mois à peine poursuit aujourd’hui un cursus en psychologie et se sent enfin intégrée. Son objectif: «aider les jeunes» comme elle. Maria aimerait d’ailleurs continuer de faire vivre Concertation Femme après sa majorité en devenant animatrice. Un bel exemple pour la jeunesse québécoise.


Puissance, tendresse et force

dessin maria poèmes concertation femmes
Le dessin réalisé par Maria afin d’accompagner son poème dans L’espoir des colibris. (Photo: Loubna Chlaikhy, JDV)
Ce n’est pas un pays comme les autres
Les montagnes sont courbées et imposantes
Un pays vert qui contient beaucoup d’histoires
A longtemps été sous le règne des Turcs
C’est Vlad l’Empaleur qui a su le défendre
Celui-ci construisit des bâtisses spectaculaires
Ce sont des monastères dont les fondations n’ont pas cédéJ’y retourne souvent pour visiter les miens
Là-bas, j’y reste tout l’été
Je prospère de la brise chantante des montagnes
Et de la chaleur suffocante des étés
Là-bas, les ours errent sur les routes
Ils descendent de leurs cavernes hantées
Ils me rappellent moi-même
Quand j’ai mis pied sur une terre inconnue
Cherchant à appartenirPar un geste, un regard ou même un souffle                                          Voyageant pendant un hiver angélique au début de mars
Il faisait froid, mais seul le regard inquiétant des étrangers
Faisait parcourir des frissons sur ma peau
Ne pas se faire comprendre, c’est comme des fléchettes
Ils me tournaient le dos en raison de ma langue d’ailleursEh bien, c’est comme l’ours quand il râle devant les chasseurs
Et le contrôle animalier se doit de l’engourdir
C’est comme un couteau au cœur
De demander à un enfant
De savoir parler trois langues sans faille
Quand celui-ci fut arraché de son seul pays d’origineJe suis citoyenne du monde
Des Carpates et du Saint-Laurent
Mon identité se partage de façon identique
Pour m’aider à m’épanouir dans les deux clans.                     – Maria

 



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