Cet article est tiré du numéro de la rentrée du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au climat.

« Je fais pour ainsi dire de l’aïkido avec la terre, explique Richard Bourdeau, jardinier amateur et adepte de l’approche naturelle et écologique. Je la laisse agir et je travaille dans son sens. » Photo : JDV / Nora Azouz

Huit jardins communautaires, soit plus d’un millier de parcelles, sont à la disposition des résidents d’Ahuntsic-Cartierville. L’autosuffisance alimentaire ne semble pas une préoccupation pour ceux qui les cultivent. La plupart de ces jardiniers veulent avant tout produire des fruits, des fleurs et des légumes sains, sans engrais chimiques. Toute une philosophie!

Jardiner avec la nature, c’est rendre le sol fertile! Tel est le credo de nombreux membres du Jardin Ahuntsic.

La recette semble simple : un sol naturellement nourri, accueillant une activité biologique saine, de l’air et un bon drainage! Bien entendu, tous ne la suivent pas à la lettre.

«Plusieurs usagers du Jardin Ahuntsic ont la même intention, même si les profils diffèrent», atteste Richard Bourdeau, qui s’est lancé en 2023 dans la culture naturelle de petits fruits.

Trois profils

Ainsi, certains viennent au jardin pour faire du maraîchage bio-intensif sans intrants chimiques, c’est-à-dire que, sur une « planche », la production est maximisée par la densification. «Ils en font beaucoup sur peu d’espace», résume Richard.

Ensuite, d’autres pratiquent une agriculture urbaine orientée vers le jardinage. L’objectif est d’aller vers une autonomie alimentaire familiale, mais pas l’autosuffisance, «qui n’est possible que dans une communauté ou un petit village», précise-t-il.

Enfin, selon le jardinier amateur, d’autres ont des approches polyculturelles et s’inspirent de l’agriculture conventionnelle, et ils «travaillent beaucoup le sol en le bêchant, le binant afin de produire les cultures».

Les tarifs pour une saison
– 15 $ pour l’adhésion à un jardinet complet
– 8 $ pour l’adhésion à un demi-jardinet ou à un bac surélevé
Source : Ville en vert

Les herbes folles ne sont pas des ennemies

«Moi, je fais l’inverse, expose Richard. Je nourris le sol et je limite mon travail. J’observe les plantes qui poussent spontanément [mauvaises herbes]; elles ne sont pas mes ennemies. Si elles apparaissent, j’essaie d’attirer des insectes qui pourraient les éliminer.»

De fait, cette approche naturelle et écologique régule les écosystèmes. «Si un débutant n’a pas la même philosophie, c’est parce qu’il se sent en insécurité, avance-t-il. La moindre feuille jaunie peut devenir pour lui une menace, car il pense qu’il s’agit [d’un stigmate] de champignons ou bien d’une maladie ou bien d’une attaque d’insectes.» D’après le jardinier, il suffit de percevoir les choses différemment et de vouloir prendre soin de la nature, pour «ne pas se sentir menacé ou bien vouloir en découdre».

Richard Bourdeau est loin d’être un néophyte. Il a fait ses armes à Villeray, où son premier projet de culture naturelle et biologique remonte à 2013. «Il s’agissait d’un jardin en jachère, abandonné depuis sept ans par une femme âgée; il était plein de chiendents. Moi le fou, se souvient-il, je me suis mis à genoux pour retourner la terre pour que la vie du sol soit à “la bonne hauteur”. Je m’explique : si on bouge une bactérie qui a besoin de vivre deux pieds sous terre en remuant beaucoup, on risque de la mettre à la surface». Et, ainsi, l’écosystème risque d’en souffrir.

Pas de labours

«Quand on laboure, poursuit-il, on perturbe la vie du sol. Pour avoir une levée au bon moment, il faut mettre le semis au bon endroit dans la terre, préconise-t-il. La nature crée un système de reproduction toute seule. Elle s’autosème ou s’autopropage par les racines. Nul ne devrait planter toujours à la même date. Il faudrait plutôt s’adapter aux variations du climat. Comme cette année, il fait tellement beau, certaines plantes montent en fleur directement, car elles reçoivent comme signal, c’est le temps de la reproduction.»

Si vous souhaitez, vous aussi, produire du beau et du bon, il faudra être patient(e)!

Le temps d’attente pour pouvoir exploiter une parcelle au Jardin Ahuntsic est de deux à trois ans, selon Richard, «plus d’un an» selon Ville en vert, qui attribue les parcelles et qui veille au respect du règlement par les usagers.



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