Cet article est tiré du numéro de la rentrée du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au climat.

Les transports collectifs constituent la pierre angulaire des politiques en faveur de climat dans nos quartiers. Photo : JDV / Nora Azouz

Plus personne, ou presque, n’ose sérieusement remettre en cause les incidences du changement climatique sur l’environnement, la santé et l’économie. Tant au niveau de la province qu’à l’échelon local, le transport semble constituer la pierre angulaire de toute politique vertueuse en matière de préservation du climat.

Selon le 6e rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), publié en mars 2023, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont continué d’augmenter fortement au cours de la dernière décennie (en moyenne 56 GtCO2-eq par an), mais — et c’est la note d’espoir — deux fois moins vite que lors de la précédente décennie.

Préconisations scientifiques

Dans ce contexte, les experts du GIEC préconisent des modifications structurelles qui se traduisent par une alimentation moins carnée, une meilleure isolation des bâtiments, un développement du télétravail, des mobilités douces dans les transports, une limitation du gaspillage et la refonte du fonctionnement des zones urbaines.
Dans son numéro spécial de la rentrée, consacré au climat, le Journal des voisins (JDV) s’est efforcé de vous faire part de solutions mises en œuvre dans l’arrondissement qui épousent les préconisations scientifiques.

Que faire localement?

Dans l’arrondissement, comme partout ailleurs, obtenir l’adhésion n’est pas chose aisée. En effet, comment convaincre ceux qui refusent de trier leurs déchets ou qui vitupèrent contre les couloirs de bus ou les pistes cyclables, responsables à leurs yeux de la réduction du nombre de places de stationnement disponibles?

L’investissement dans le transport en commun, les mobilités actives, mais aussi la densification des quartiers [encore limitée à cause du zonage, lire le dossier sur le logement du JDV], l’économie circulaire, la rénovation du parc immobilier, l’autopartage, le verdissement des quartiers, les aménagements éponges pour faire face aux épisodes plus fréquents de pluies intenses… sont indéniablement en marche à Montréal.

Comme ces mesures exigent des changements profonds d’orientation en matière de transport, dans l’aménagement du territoire et surtout comme elles pèsent sur les comportements et les habitudes des usagers, elles requièrent indéniablement l’implication de la population.

Implication de la population

Aussi, une écoute attentive ainsi que l’apport de réponses adaptées, notamment aux deux principales interrogations entendues lors de nos investigations, semblent des préalables incontournables. Ces questions se résument ainsi :

  • Selon le GIEC, entre 35 % et 45 % des émissions de GES sont liées à la consommation de 10 % des foyers aux plus hauts revenus, alors pourquoi tout le monde devrait payer l’addition?
  • N’existe-t-il pas une distorsion entre des prescriptions locales contraignantes, qui requièrent des changements profonds d’habitude, voire de style de vie, et une « tolérance » aux émissions de GES provenant de l’extraction des énergies fossiles sur le plan national? De fait, au pays, le secteur de l’exploitation pétrolière et gazière est largement responsable des émissions de GES (31 % en 2022) avec 217 mégatonnes d’équivalent en dioxyde de carbone (Mt d’éq. CO2). Même si au Québec, ce sont surtout les transports (41 % en 2016), l’industrie lourde (19 %) et le bâtiment (14 %) qui émettent des GES.
D’abord le transport collectif

Plusieurs réponses peuvent être d’ores et déjà apportées à ces questions légitimes.

  • Premièrement, un débat sur le partage de l’effort et des politiques plus justes pour réaliser la transition face à l’urgence climatique n’est pas à exclure. Le JDV y contribue avec ses Rendez-vous citoyens du 18 septembre, qui seront consacrés à l’adaptation aux changements climatiques.
  • Deuxièmement, chacun d’entre nous peut encore agir sur sa façon de se déplacer et de mieux isoler les murs de son habitation. Si, au Canada, le transport occupe la 2e place des secteurs les plus émetteurs de GES (22 % en 2022), il figure au premier rang au Québec (41 %).

Dans ce contexte, agir et s’adapter individuellement pour préserver la planète… c’est possible!

De fait, si prendre le bus ou le métro était davantage ancré dans les habitudes des automobilistes de l’arrondissement qui le peuvent, si l’installation d’une thermopompe et d’une meilleure isolation dans son logement était facilitée, alors nous deviendrions collectivement de véritables acteurs du changement. Certes, en attendant que les flux financiers mondiaux actuels destinés à l’adaptation augmentent, comme le requiert le GIEC.



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