Les élèves de Chisasibi rencontrent les élèves du Collège André-Grasset. (Photo : courtoisie Collège André-Grasset)

Un partenariat a été mené entre le Collège André-Grasset et l’école secondaire James Bay Eeyou, située à Chisasibi, durant trois années consécutives dans le cadre d’un cours d’anglais. Le 28 novembre dernier, les élèves cris rendaient enfin visite au collège André-Grasset.

Né à l’initiative de Laurent Nicolas, professeur d’anglais du niveau 101, le projet amène les élèves du Collège Grasset à s’entretenir avec la communauté crie de Chisasibi, à la Baie-James. Sur la plateforme Google Classroom, les étudiants des deux écoles ont pu échanger et créer des liens dans une classe virtuelle mise en place lors des sessions de 2020 et 2021.

Interrogé par le Journaldesvoisins.com (JDV), M. Nicolas, inspiré par les nouvelles méthodes de communication à distance entraînées par la pandémie, a souhaité faire participer des autochtones du Québec vivant à près de mille kilomètres du Collège Grasset.

« Quand on est montréalais, le rapport avec le voisin autochtone est soit inexistant, soit limité à des formes d’itinérance qu’on peut voir au centre-ville, par exemple. Donc notre rapport est complètement déformé », témoigne Laurent Nicolas, professeur en charge de la classe du Collège André-Grasset.

Les élèves ont pu découvrir les points communs (tels que la musique ou le sport) et les différences notables (comme l’importance de la chasse pour les Cris, ou encore le fait que certains soient déjà parents à leur âge) entre eux et leurs voisins.

Pour Laurent Nicolas, le projet permettait une bien meilleure approche de la cause autochtone, qu’un simple cours documentaire. Organisé sous forme de capsules dans le programme du cours d’anglais, ce partenariat n’existerait pas d’ailleurs sans l’aide de son homologue Chad Hollett, enseignant d’anglais à Chisasibi.

Une visite qui inspire

Le 28 novembre dernier, la troisième session de cette capsule virtuelle avec la communauté crie s’est conclue par une visite officielle de celle-ci au Collège André-Grasset. Après un long voyage de 16 h en bus depuis Chisasibi, la délégation a pu rencontrer ses interlocuteurs de la toile en chair et en os : le temps de quelques heures, les élèves ont pu échanger mots et cadeaux.

La direction du Collège André-Grasset a accueilli le projet avec un fort engouement : « On pense que c’est primordial de renforcer la compréhension interculturelle et le respect mutuel », affirme Elizabeth Forget-Le François, conseillère en communication au collège, stipulant que ce projet a permis à tous de « briser les stéréotypes ».

Par ailleurs, le Collège André-Grasset souhaite creuser dans son histoire et poser les bonnes questions sur les liens entre les Sulpiciens qui ont fondé l’établissement et les communautés autochtones qui occupaient auparavant le territoire. Le projet de Laurent Nicolas a ainsi été « le feu d’allumage » pour la décolonisation de l’enseignement au collège, rendue d’autant plus importante dans le cadre des rapports de la Commission de vérité et réconciliation du Canada sur les pensionnats autochtones.

Rendu en 2015, la Commission avait interpellé plusieurs milieux dont celui de l’éducation, qui a un rôle clair à jouer. À l’approche du 10e anniversaire de ces documents, le Collège André-Grasset souhaite construire un cours d’interculturalité, avec l’aide de Laurent Nicolas.

Un État dans l’État dans l’État

Les élèves du Collège André-Grasset ont confié à leur professeur d’anglais à quel point leurs cours d’Histoire (portant sur les 500 dernières années de la création du Canada) leur avaient apporté des notions finalement « très lointaines » sur les communautés autochtones. Avant ce partenariat, ils n’avaient aucune idée de qui étaient leurs voisins aujourd’hui.

Les nouvelles générations cries sont à un point pivot de leur Histoire : une éducation sur leur identité commence à se dessiner. Des lois anciennes telles que la Loi sur les Indiens continuent pourtant de les accabler au même titre que les nouvelles. La récente loi 96, par exemple, les oblige à apporter des modifications à leur règlement linguistique afin de protéger leur utilisation de l’anglais.

La nation crie est la communauté autochtone qui détient en effet le plus d’autonomie politique au Canada : unifiée dans les années 1960 face aux projets hydroélectriques d’Hydro-Québec, elle possède aujourd’hui ses propres gouvernement, police et commission scolaire. La communauté crie a également deux ambassades : une à Ottawa et l’autre à Québec.

Selon Chad Hollett, le partenariat entre les écoles n’a que peu d’intérêt sans une visite du Collège Grasset à Chisasibi : « Les Premières Nations ont toujours eu à s’intégrer au Sud […] pour avoir accès aux services ou à l’éducation. »

Il explique qu’il est temps que les choses aillent dans le sens inverse « afin de faciliter l’accès aux services de base dans la Baie-James ».

Pour le Collège Grasset, cette visite potentielle fait l’objet de discussions sérieuses au sein de la direction : elle risque donc bien de se concrétiser un jour.

 

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