RÉCO, une quincaillerie d’économie sociale veut sauver des écocentres et des déchèteries des portes, des fenêtres, des robinets ou des lavabos issus des travaux de rénovation et qui peuvent encore servir.
Sur 10 000 pieds carrés, un centre de rénovation unique en son genre a ouvert ses portes dans le secteur Chabanel du District Central. Il propose des produits qu’on qualifierait d’usagés et que certains nommeraient sans hésiter vintage.
RÉCO, le nom qu’a donné Architecture sans frontières Québec à ce commerce, tient autant d’une brocante que d’une quincaillerie. Si on prête un peu attention à ce qu’on y trouve, on pourrait se croire dans une réserve de musée aussi.
«Ce n’est pas du recyclage. Si on va là, c’est la mort des matériaux. Notre idée c’est de revaloriser. La porte, la fenêtre, le lavabo, l’évier, ce que vous voulez, a encore une durée de vie. Comprendre deux ou trois vies. En fait, c’est même l’essence de l’architecture du bâtiment d’être dans des logiques de réemploi depuis le début des temps. On trouve des éléments d’Égypte dans un monument grec», explique Bruno Demers, directeur général d’Architecture sans frontières Québec, en entrevue avec le Journal des voisins (JDV).
Le 13 novembre, il procédait avec des élus et des partenaires à l’inauguration de ce centre de rénovation particulier. On y vend des objets différents, de plusieurs époques, de qualités diverses. Ils sont classés par dimension, par matériaux, etc. Ils peuvent intéresser autant des particuliers que des artisans, des architectes ou des designers. Ils sont surtout sauvés des écocentres.
Du rare et du commun
«Le réemploi, ça demande de la créativité, de l’intérêt. Si on ne veut pas mettre d’efforts, ce n’est peut-être pas pour nous. On a beaucoup de clients qui sont sur le Plateau. Ils font une restauration, ils ajoutent une pièce, ils refont une partition. Ils ont besoin d’une porte. Ils ne vont pas la chercher pendant un mois sur des annonces de particuliers, faire 25 km pour aller sur la rive nord puis se rendre compte qu’elle est déjà vendue ou qu’elle est abîmée ou sale. Ils viennent ici, et on a des portes. On en a presque 1000», indique M. Demers.
Faire du neuf avec de l’ancien
RÉCO c’est aussi la continuité d’un ancien commerce, Eco Réno, une entreprise d’économie sociale qui achetait des produits de quincaillerie usagés durant 20 ans. Elle a sauvé à petite échelle des tonnes de déchets de construction. Cette entreprise qui était en difficulté en 2020 a été rachetée par Architecture sans frontières. La pandémie et la difficulté de trouver un local convenable ont fait que le projet ait été un petit peu retardé.
Situé entre l’antiquaire et la quincaillier traditionnel, M. Demers sait que Réco doit se démarquer. Car pour les produits anciens de qualité, il y a déjà un marché d’antiquaires et de collectionneurs. Toutefois, la marque d‘Architecture sans frontières aide à convaincre les donateurs de manière efficace.
«L’Université McGill, qui est un propriétaire exemplaire, a choisi de démanteler les composants de l’hôpital Royal Victoria à Montréal, peut-être le plus grand bâtiment patrimonial du Québec. Il y a eu une planification et cela nous a été donné. On a récupéré quatre ou cinq conteneurs de matériaux», souligne le premier responsable d’Architecture sans frontières.
Aussi reconnu comme organisme de bienfaisance, cet organisme peut fournir des reçus de dons qui permettent des remboursements d’impôts.
C’est aussi cela la force de cette quincaillerie, qui non seulement veut récupérer des éléments d’aménagement, mais veut aussi récupérer des briques ou du bois.
Essaimer
Récupérer des matériaux de construction est probablement la forme la plus évidente de réemploi. Toutefois, la réalité au Québec dit autre chose.
Dans la présentation du projet, l’assistance a appris que de 3 à 5 millions de tonnes de résidus de construction sont produits chaque année au Québec. Très peu de ces matières sont réemployées. Architecture sans frontières, mais aussi l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT), souhaitent que cela change.
«On peut se demander, qu’est-ce que je fais dans ce décor, a souligné Richard Darveau, président de l’AQMAT. Je représente mes membres qui produisent, distribuent et vendent du neuf. Il n’y a personne dans nos 900 quincailleries membres qui est dans le réemploi.»
En fait l’association a maintenant au moins un membre qui fait du réemploi: RÉCO s’est jointe à l’AQMAT.
M. Darveau espère que l’impulsion donnée par cette entreprise fera que petit à petit les quincailleries réservent des espaces aux matières usagées et au réemploi.
RÉCO est situé dans le secteur Chabanel au 9399, boulevard Saint-Laurent. Tél.: 514-725-9990. Il est essentiel de communiquer avec l’organisme avant d’aller porter du matériel.
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