Observés récemment à l’écocentre Acadie, dans Ahuntsic-Cartierville, des cas de non-réutilisation de vélos pourtant en très bon état, mis plutôt dans des conteneurs de recyclage, font douter de l’efficacité de la vocation de réemploi de cet endroit. La Ville de Montréal assure pourtant que le travail est très bien fait dans les écocentres de la métropole. Le site Web de la Ville en fait la démonstration ainsi que le porte-parole de la Ville-centre. Mais dans les faits, il semble que cela se passe différemment.
Les écocentres sont la propriété de la Ville de Montréal, qui a octroyé un contrat de gestion et d’opération à l’OBNL Pro-Vert Sud-Ouest. Les écocentres ont comme vocation la récupération et le réemploi des matières résiduelles. Ils offrent des services de proximité à tous les citoyens de l’agglomération de Montréal qui peuvent venir y déposer leurs matières résiduelles. Les matières acceptées sont composées de tout objet ayant un potentiel de récupération.
« Ce service permet de détourner de l’enfouissement une quantité importante de matières résiduelles, dont les vélos usagés », assure Gonzalo Nunez, relationniste à la Ville de Montréal.
Vélos neufs jetés
Sylvain Bruneau est un résidant d’Ahuntsic-Cartierville qui possède la compagnie Réseau Terre Inc., une entreprise en économie solidaire qui favorise la récupération et le recyclage afin de ramasser des fonds pour financer des projets en environnement et de développement durable. Son entreprise fait notamment de la récupération de vélos qu’elle remet à l’organisme Cyclo Nord-Sud.
M. Bruneau se rend à l’écocentre Acadie une fois par mois. L’an dernier, il a vu des vélos neufs dans un conteneur de recyclage et non de récupération. Les vélos allaient donc être détruits. Lorsqu’il a avisé les employés de les sortir de ce conteneur, on lui a dit que c’était impossible de les récupérer à l’écocentre. Il s’est plaint à la mairesse de l’arrondissement, Émilie Thuillier, puis, en réponse, s’est fait dire le contraire, à savoir qu’il est censé y avoir un processus de récupération à l’écocentre.
Encore ce printemps, M. Bruneau a vu à plus d’une reprise des vélos neufs dans le conteneur de recyclage de l’écocentre d’Ahuntsic-Cartierville.
« Je trouve ça triste, se désole-t-il. Ce n’est pas compliqué de récupérer un vélo. Les gens pourraient les prendre et les réutiliser. Mais non, on va toujours au plus vite. On met ça au conteneur et on s’en débarrasse. »
M. Bruneau déplore qu’il n’y ait plus de vocation de réutilisation à l’écocentre d’Ahuntsic-Cartierville. Il croit qu’un employé installé à la guérite devrait demander si les citoyens qui viennent porter les matières résiduelles ont des vélos et si oui, l’employé devrait vérifier son état et faire un tri.
Réemploi ou recyclage
Gonzalo Nunez explique que c’est ce qui est justement fait dans les écocentres de la Ville. Ou du moins ce qui est présumé être fait.
« Dans le cas d’un vélo apporté dans un écocentre, il y a deux possibilités selon son état, soit le réemploi ou le recyclage des matériaux qui le composent », assure-t-il.
Le relationniste explique le parcours d’un vélo qui est apporté dans un écocentre.
« En premier lieu, on demande aux citoyens de trier les objets avant de se rendre à l’écocentre. À leur arrivée à la guérite de l’écocentre, les citoyens sont dirigés vers les conteneurs en fonction des matières qu’ils apportent, ou encore vers l’entrepôt du réemploi. Si, avant d’être déposés dans un conteneur, un vélo est encore en bon état, les employés peuvent suggérer au citoyen de l’apporter à l’entrepôt du réemploi qui se trouve sur le site de l’écocentre. Les articles pouvant être réutilisés sont par la suite pris en charge par une entreprise mandatée pour la gestion des centres de réemploi à Montréal. Si un vélo est en mauvais état, il sera acheminé vers le conteneur de recyclage de métal, ce qui permettra de recycler certaines de ses composantes. Il sera ensuite acheminé vers une entreprise spécialisée dans le recyclage et la récupération des métaux tels l’aluminium ou l’acier, qui sont des matériaux très recherchés sur le marché. Si le conteneur est en transit vers le site de recyclage pour être vidé, ces matériaux seront déposés temporairement dans le conteneur de résidus de construction, de rénovation et de démolition qui sont acheminés par la suite vers un centre de tri de matériaux secs où les métaux sont traités et recyclés par la suite. »
Des questions demeurent
Un représentant de l’organisme Ahuncycle, informé de la dernière situation rapportée par M. Bruneau au JDV, s’est lui-même rendu à l’écocentre récemment et a demandé au préposé à la guérite si l’écocentre récupérait les vélos.
«Non, non, on ne récupère pas ça!», lui a-t-on répondu.
Pourquoi Sylvain Bruneau a-t-il pu voir à plus d’une reprise des vélos neufs sur le point d’être jetés à l’écocentre Acadie? Pourquoi lui a-t-on répondu que les vélos apportés à l’écocentre n’étaient pas récupérés, à lui ainsi qu’au représentant d’Ahuncycle, alors que le service des communications de la Ville prétend le contraire? Les employés font-ils bien leur travail? Le local de réemploi est-il bien utilisé? Le problème observé est-il seulement à l’écocentre d’Ahuntsic-Cartierville? Y aurait-il un manque de transparence de la part de l’OBNL?
Plusieurs demandes d’entrevue adressées au responsable du dossier des écocentres au comité exécutif, M. Jean-François Parenteau, par Journaldesvoisins.com, sont restées sans réponse. Seuls les relationnistes de la Ville ont répondu, vantant les mérites des écocentres.
Peu de réponse du côté de l’organisme Pro-Vert Sud-Ouest qui a aussi référé le JDV aux relations médias de la Ville, justifiant que, de par son contrat de gestion, il ne pouvait répondre aux questions des journalistes.
Gonzalo Nunez admet néanmoins qu’il « peut arriver à l’occasion que certains objets ne soient pas déposés au bon endroit par les citoyens. Toutefois, il s’agit là de situations rares, représentant moins de 3 % des matières déposées dans un écocentre ».
Alternative
Finalement, autant M. Bruneau, que M. Nunez, qu’Ahuncycle, rappellent qu’il existe des alternatives pour les citoyens désirant offrir une seconde vie à leur vélo qui est toujours en bon état, tel que le don du vélo à un organisme communautaire. L’organisme Cyclo Nord-Sud en est un exemple.
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Je vous confirmes que l’écocentre l’Acadie ne recycle pas les vélos. En octobre dernier, je voulais y laisser un vélo adulte, usé mais en état de marche à la section réemploi de l’écocentre. Le préposé, de façon plutôt fâché m’a ordonné d’aller le jeter dans le conteneur de métal. J’ai refusé et suis reparti avec le vélo. L’écocentre sert uniquement de dépotoir et ne favorise en rien le recyclage et le réemploi.