Alors que les petits commerces ont parfois du mal à attirer les clients à Ahuntsic-Cartierville, les ventes privées sont devenues très tendance. Au cœur du District Central, dans le quartier de la mode du secteur Chabanel, celles-ci attirent jusqu’à plusieurs milliers de personnes à la recherche de vêtements ou chaussures à prix cassés.
Samedi matin. Alors que la plupart des bureaux du 1 Chabanel sont vides pour la fin de semaine, des gens ne cessent d’entrer et sortir du bâtiment. Les bras chargés de sacs remplis d’achats, ils arborent le sourire de celui qui a fait une bonne affaire.
«Il y a une vente privée au 4e étage avec des manteaux et des chaussures d’hiver; c’est vraiment intéressant», confie Nadia qui vient ici pour la première fois. Pourtant, l’activité commerciale n’est indiquée nulle part à l’entrée du bâtiment. Inutile, car le succès de ses ventes repose sur le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux.
Une tendance qui a grandi sur les réseaux sociaux
À l’arrivée au 4e étage, une file d’attente mène au hangar de vente. Chaussures, bottes d’hiver, manteaux… la plupart sont de marques bien connues, mais à des prix défiant toute concurrence. Dans les rayons, les clients cherchent leur taille, essaient et finissent souvent par craquer.
Qui se cache derrière ce type de ventes limitées dans le temps? Et comment parvient-on à attirer autant de clients?
«Nous sommes une entreprise d’export de vêtements, chaussures et accessoires. Il y a un an et demi on a commencé à organiser des ventes privées pour faire du destockage et depuis ça a pris beaucoup d’ampleur car la demande est vraiment là. Le principe est simple: ce sont des produits neufs, à des prix vraiment bas, et on paie les deux taxes», explique le responsable de l’entreprise Vente privée.
L’entreprise organise des ventes thématiques. En septembre, les enfants étaient ciblés avec la rentrée des classes; en cette fin de novembre place aux équipements hivernaux. «Sur une fin de semaine comme celle-ci, on reçoit de 3000 à 4000 personnes. Au début on n’avait que six employées; maintenant on est bien plus nombreux et on a agrandi l’espace de vente», souligne-t-il.
Ce succès est essentiellement bâti grâce au recours aux influenceurs qui promeuvent l’événement à leurs abonnés sur les réseaux sociaux. Cette stratégie de ciblage des communautés nouvelles arrivantes, notamment, explique le succès des ventes privées.
Des clients venus de loin
Ici, c’est avant tout les prix qui attirent les clients alors que le contexte d’inflation économique actuel force de nombreux foyers à être de plus en plus attentifs à leurs dépenses. Certains n’hésitent pas à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour faire des économies.
«Je viens de Boucherville. C’est une amie qui m’a envoyé l’information sur les réseaux sociaux parce que c’est mon premier hiver québécois et que j’ai besoin de m’équiper. Avec toutes les dépenses que j’ai eues en arrivant, je ne peux pas mettre 300 $ dans un manteau, donc là c’est cool, j’ai trouvé un manteau de marque à 140 $. Pour les chaussures, je n’ai pas trouvé quelque chose qui me plaise dans ma pointure, mais je reviendrai à la prochaine vente, peut-être», témoigne Claire, arrivée de France il y a quelques mois et qui vit à Rosemont.
Venus de partout à Montréal, de Terrebonne, de Laval ou de la Rive-Sud, les clients découvrent souvent le quartier. «C’est la première fois que je viens ici; je ne connaissais pas du tout. J’ai même cru que je m’étais trompé d’endroit», s’amuse Rachid.
On pourrait se réjouir que de telles ventes attirent les clients dans un secteur délaissé depuis plusieurs années. Mais, en réalité, la plupart d’entre eux ne font qu’un arrêt unique pour ces ventes qui ont lieu au coup par coup.
À la sortie, ceux venus en transport font la file pour le bus, tandis que les autres rejoignent leur voiture. Difficile d’imaginer que cette manne profite au secteur et à ses commerçants.
NDLR: l’entreprise Vente privée annonce ses événements sur sa page Facebook. L’entrée du bâtiment 1 Chabanel se trouve au 9320, boul. Saint-Laurent.
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