En partenariat avec la Chaire SAQ de valorisation du verre dans les matériaux de l’Université de Sherbrooke, la Ville de Montréal mène depuis 2012 un projet-pilote utilisant la poudre de verre comme ajout cimentaire dans le béton des trottoirs. Si pour l’heure ce projet écologique – dont une grande partie des planches d’essai ont été réalisées sur l’avenue de Poutrincourt dans Bordeaux-Cartierville–, est encore en phase d’introduction, ses résultats se révèlent déjà plus que prometteurs. Journaldesvoisins.com vous a déjà parlé d’un projet semblable l’an dernier, mais qui n’est pas relié à l’Université de Sherbrooke.
En 2012, en se joignant à la Chaire SAQ, la Ville s’est greffée à cette recherche déjà en cours, depuis une dizaine d’années à l’Université de Sherbrooke, pour venir l’appliquer comme donneur d’ouvrages au cours de projets pilotes.
«Avec la stratégie Ville, de façon sécuritaire, on a introduit la poudre de verre et décidé quel pourcentage on était pour faire. Ensuite, on a validé la durabilité de tous les bétons fabriqués dans différentes conditions. On a donc simulé des bétonnages par temps chauds, par temps froids, par temps réguliers, et on a fait beaucoup d’essais», a expliqué en entrevue au journaldesvoisins.com, Richard Morin, l’ingénieur responsable de cette recherche à la Ville.
Comme le rappelle ce conseiller technique à la division de l’expertise et du soutien technique de la Direction des infrastructures, la Ville n’introduit jamais un matériau à grande échelle sans avoir au préalable réalisé cette démarche de transferts de technologies et de tests de validation.
Écologique et durable
L’intérêt de la substitution d’une partie du ciment par de la poudre de verre – broyée à une finesse équivalente à celle du ciment – réside dans deux principaux aspects.
D’abord, il faut savoir que le béton ainsi formé est plus écologique, puisqu’il permet d’utiliser moins de ciment. Or, comme le souligne M. Morin, chaque tonne de ciment produite génère 800 à 900 kg de CO2. Donc, à chaque fois qu’un kilo de ciment est enlevé d’une formule de béton, c’est un kilo de CO2 en moins dans l’atmosphère.
En introduisant la poudre de verre à hauteur de 10% dans un mélange, les chercheurs obtiennent environ 35 kg de poudre de verre par mètre cube de béton. Pour chaque mètre cube de béton, il y a alors 35 kg de CO2 en moins dilués dans l’atmosphère.
«L’autre avantage de cette poudre, c’est qu’elle nous permet à long terme de régler la question de nos surplus de verre dans les centres de récupération. On a une action similaire aux autres ajouts cimentaires qu’on utilise déjà, mais sa valeur ajoutée c’est que c’est un résidu post-consommation», fait valoir Richard Morin.
Si, pour le moment, le verre utilisé ne provient pas de Montréal mais des municipalités de la MRC de Lachute – où se situe l’entreprise sans but lucratif qui fabrique la poudre – le recyclage du verre montréalais est bien entendu un objectif visé.
«Le but ultime pour nous lorsqu’on aura le goût d’aller de l’avant de façon définitive dans nos devis avec ce matériau, ce sera d’avoir notre propre usine localement ici à Montréal », indique M. Morin.
Rues et artères d’ici-essai
Depuis 2011, quelques artères de la métropole ont pris part aux essais du projet. Parmi elles, l’avenue de Poutrincourt dans Bordeaux-Cartierville, en 2013, où la majeure partie des planches d’essai a été réalisée.
Les chercheurs y ont testé différentes teneurs de poudre de verre dans les mélanges à béton, en augmentant volontairement la dose pour voir jusqu’où il était possible d’aller sans affecter la qualité du produit.
Par la suite, en 2014, un autre projet a été mené dans notre arrondissement, sur le boulevard Gouin Est, à l’intersection de la rue Péloquin.
La durabilité du béton se mesurant sur des années, ces planches d’essai demeurent naturellement sous observation.
Bientôt, pour vrai?
Forte des bons résultats conclus par les différents essais, la Ville commence petit à petit à introduire la poudre de verre dans quelques projets minutieusement sélectionnés, en attendant la normalisation définitive de cet ajout cimentaire.
«Ce qu’on fait, c’est que graduellement, on introduit dans certains de nos devis la poudre de verre, pour que l’industrie ait la chance de s’habituer à ce matériau et de développer aussi leurs formulations», décrit M. Morin, en assurant que, pour l’heure, la teneur de poudre de verre utilisée dans les projets choisis est, à hauteur de 10%, très sécuritaire.
On parle pour le moment, sur les deux dernières années, de 4000 mètres cubes de projets. À noter que dans notre arrondissement, un projet en cours sur Papineau –en rénovation– fait partie des artères sélectionnées.
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