Par Christine St-Pierre, députée provinciale de l’Acadie.

Pendant plus de 18 mois, j’ai siégé au sein de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs à titre de vice-présidente qui a conduit à un rapport contenant 58 recommandations allant de la sensibilisation, la répression à la réhabilitation en passant par un accompagnement plus soutenu des victimes.

Parmi ces recommandations, la numéro 46 touche la possibilité de mettre en place un programme de mesures de rechange pour les clients accusés d’achat de services sexuels. Ce programme appelé dans le milieu John’s School existe ailleurs au Canada et aux États-Unis. En échange de la participation à des sessions de sensibilisation et d’éducation en plus du versement d’une somme d’argent à un organisme qui vient en aide aux victimes, l’accusé peut bénéficier du retrait des accusations portées contre lui. Il s’en sort sans casier judiciaire alors qu’il a commis un acte criminel. (Ce programme ne s’adresse toutefois pas aux personnes accusées d’avoir acheté les services sexuels d’une personne mineure.)

Pendant nos travaux, j’étais très réticente à la proposition d’une telle mesure qui m’apparaissait comme étant une façon trop facile pour un client-abuseur de s’en sortir. D’autres ont plaidé que ce type de programme casserait la demande et désengorgerait les tribunaux.

Je me suis ralliée, car certaines recommandations destinées aux victimes telles que l’hébergement, le remboursement par la RAMQ de traitements de psychothérapie, un programme spécial de sortie et le versement d’une aide spécifique faisaient entre autres partie du rapport.

Or, on apprend que la CAQ a choisi de prioriser la création d’un programme visant les clients-abuseurs avant de mettre en place les mesures plus urgentes destinées directement aux victimes. Résultat : ces dernières se sentent abandonnées et ont l’impression qu’il est plus urgent pour la CAQ d’absoudre les acheteurs de services sexuels, de préserver leur carrière et ainsi éviter un casier judiciaire plutôt que de leur venir en aide.

De plus, la mise en place de ce programme n’a fait l’objet d’aucune conférence de presse avec des spécialistes afin d’en expliquer les tenants et aboutissants.

Je ne peux que me rallier aux victimes ayant côtoyé leur détresse de très près. Je me suis donné pour mission de porter leur message, car elles étaient au cœur de nos travaux.



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Jean-Paul Lahaie
Jean-Paul Lahaie
2 Années

Merci Madame St-Pierre pour cette lettre et je suis en accord avec vous. Il est grand temps de faire respecter intégralement la loi C-36. Les prostituées ne sont pas des «travailleuses du sexe» mais des victimes d’une exploitation honteuse du corps des femmes. Il ne faut pas se tromper, ce n’est pas de l’amour car ça ne s’achète pas. Les clients (prostitueurs) de ce commerce sont des criminels. point.

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