Drapeau du Liban (Photo : Clker-Free-Vector-Images)

Aujourd’hui, c’est la fête nationale du Liban, une journée toutefois peu célébrée ici comme là-bas. Pour l’occasion, le journaldesvoisins.com (JDV) propose un survol de l’actualité sociopolitique de ce pays et un portrait de la communauté libanaise installée dans l’arrondissement.

Le 22 novembre 1943, alors que la Seconde Guerre mondiale bat encore son plein, les représentants de la France Libre du Général de Gaulle concèdent l’indépendance au Liban, qui se trouvait encore sous mandat français.

Aujourd’hui, le 22 novembre n’est cependant pas prétexte à célébration. Pour les Libanais, c’est au contraire un rappel douloureux de la situation actuelle du pays.

Selon les statistiques recueillies au recensement en 2016, 78 140 personnes sont issues de l’immigration libanaise au Québec. Cette diaspora libanaise, issue de trois générations, est surtout installée à Montréal où vivent 51,3 % de ses ressortissants.

Si la majorité est établie dans l’arrondissement de Saint-Laurent, avec quelque 5 075 immigrants nés au Liban, ils sont aussi en grand nombre dans les arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville, de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Pierrefonds-Roxboro et Ville-Marie.

À Ahuntsic-Cartierville, ils sont 3 375 et représentent 6,5 % de la population immigrante de l’arrondissement.

Les Libanais s’intègrent très bien à la culture québécoise, selon les données du recensement, puisqu’ils sont à majorité actifs et expérimentés. Leurs principales professions sont la vente et le service, mais aussi les affaires et la finance.

Ce sont des métiers très caractéristiques aux Libanais, dont l’expertise commerciale est présente dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville par des entreprises telles que le Marché Adonis – Épicerie méditerranéenne, qui existe depuis 1976.

Une situation critique

Ici au Québec tout comme au Liban, la fête nationale est douloureuse pour nombre de Libanais, qui voient leur pays déchiré par la crise économique et la situation géopolitique.

Le Liban, plus petit pays du Proche-Orient, est aux premières loges du conflit israélo-palestinien et des frappes en Syrie.

« C’est terrible, vraiment terrible. J’ai deux sœurs qui vivent encore là-bas avec leurs enfants. […] Le Liban, on est nées là-bas, c’est notre maison, c’est notre famille. Mais j’aime le Canada, c’est un amour différent. Le Canada m’a aidée et j’en suis éternellement reconnaissante », témoigne Georgette Chami, qui a émigré du Liban en 1976, un an après le début de la guerre.

La situation intérieure du pays ne s’est pas arrangée depuis le départ de Georgette. Le pays vit une crise économique sans précédent, avec la dévaluation de la livre palestinienne à 90 % de sa valeur. Certaines familles n’ont que l’équivalent de 80 dollars pour vivre par mois : ce n’est plus une crise au Liban, c’est un cataclysme.

Le système bancaire s’est quant à lui effondré, les comptes sont bloqués et les retraits d’espèces limités. Certains Libanais décident même de braquer les banques pour récupérer leur propre dû, comme un certain Abdallah, relâché de prison trois semaines après son incarcération sous la pression populaire, et considéré aujourd’hui comme un héros.

Plus de 90 % des Libanais vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté et font face à des pénuries d’électricité, de carburant et de médicaments. Face à cette situation, de vieux réflexes de la guerre civile ressurgissent. Avec la hausse de 130 % de la criminalité, certains vont en effet jusqu’à s’armer.

Célébrations libanaises

Si des événements sont organisés pour la fête de l’indépendance dans les écoles au Liban, il y a en effet peu de célébrations menées dans la sphère familiale. La situation sociopolitique laisse un sentiment amer chez les Libanais installés au Québec.

L’occasion de se rassembler survient donc plutôt à Noël et à Pâques pour les familles de confession chrétienne. C’est le Nouvel An, ou Ras as-Sana, qui sera quant à lui célébré dans les familles de confession musulmane. Toutefois, ces dernières sont si bien intégrées à la culture québécoise qu’elles fêtent Noël elles aussi, une occasion joyeuse de partager la richesse de la gastronomie libanaise autour d’un repas en famille.

Le tabouleh, une salade rafraîchissante de boulghour et d’herbes fraîches, se retrouve bien sûr sur toutes les tables. Les kebbeh, des boulettes de viande panées dans des céréales, et les samboussek, petits chaussons fourrés frits, se dégustent en hors-d’œuvre. Pas de vin sur la table : on boit l’arak, une eau-de-vie à base de raisin fermenté à laquelle on ajoute des graines d’anis. En dessert, on retrouvera entre autres le mushabak (ou michabak, une patisserie en forme de serpentin) et l’osmaliyeh, un gâteau à base de crème de lait et de cheveux d’ange.

 



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