Les villages du Haut Atlas ont été les plus durement touchés par le tremblement de terre qui a marqué le Maroc le vendredi 8 septembre 2023. (Photo: courtoisie T. Oehlher)

Les immigrants marocains de Montréal sont très affectés par l’important tremblement de terre qui a touché leur pays d’origine vendredi dernier, faisant de nombreux morts et blessés.  L’Association musulmane du Canada (MAC), qui gère la mosquée Al-Rawdah et le Centre communautaire Laurentien (CCL) à Ahuntsic-Cartierville, a lancé une levée de fonds au profit des victimes. Explications.

Pas moins de 2901 morts et 5530 blessés ont été comptabilisés selon le dernier bilan officiel. Des chiffres dramatiques causés par le séisme de magnitude 6,8 qui a frappé le Haut Atlas du Maroc [NDLR: chaîne de montagnes au nord du pays], dans la nuit du vendredi 8 septembre.

Lorsqu’ils ont découvert ce qui s’est passé au bled, la peur a noué le ventre des Marocains résidant à Ahuntsic-Cartierville. Il s’agit de la communauté immigrante la plus importante avec 4470 personnes nées au Maroc installées dans l’arrondissement, juste derrière les Algériens, selon Statistique Canada. Quelques jours après le drame, la stupeur a laissé place à la mobilisation.

Peu de victimes dans les familles de l’arrondissement

«Dans la demi-heure qui a suivi le tremblement de terre, j’ai commencé à recevoir des messages. J’ai eu très peur et j’ai appelé ma famille en urgence pour savoir si tout était correct», témoigne Reda, résident d’Ahuntsic. Par chance, aucune victime n’est à déplorer au sein de la famille de ce Marocain originaire de Casablanca, installé ici depuis sept ans. Il faut dire que rares sont les immigrants originaires des villages  les plus sévèrement touchés, dans le Haut Atlas près de Marrakech.

«Mes proches vivent à Casablanca, à Mohammedia et à Kenitra. Ils ont ressenti le tremblement, mais ils n’ont pas été  touchés. Ceux de Kenitra ont eu tellement peur d’une nouvelle secousse qu’ils ont dormi dehors», confie-t-il. Comme de nombreux Marocains, Reda n’a pas trouvé le sommeil cette nuit-là… Inquiet et loin de ceux qu’il aime, il est resté éveillé pour suivre les informations et rassurer ses proches.

À son réveil le lendemain, après une couple d’heures de sommeil, c’est le choc: «Lorsque je me suis endormi on en était à 300 morts, et le matin on avait déjà dépassé les 2000 décès. C’est désolant…»

La solidarité dans les gènes

Hamdoullah ou «Merci mon Dieu». Même après les pires tragédies, cette expression est sur les lèvres des Marocains, qu’ils soient musulmans pratiquants ou non. Le peuple chérifien est en effet connu pour sa résilience.

Après le choc, c’est donc la solidarité légendaire des Marocains qui a su réchauffer le cœur de Reda. «Il y a des gens qui ont accouru de tout le pays, mais aussi d’autres continents, pour venir en aide aux victimes. La fraternité et la générosité du peuple marocain ont également fait trembler le monde, c’est tout ce que je peux dire», estime-t-il avec émotion et fierté dans la voix.

De son côté, il a immédiatement envoyé de l’argent à sa famille pour qu’elle aide les milliers de personnes se retrouvant sans abri après la catastrophe naturelle. Une façon pour lui de s’assurer que sa contribution profite directement aux victimes.

Le Maroc vient de subir une terrible catastrophe naturelle: un tremblement de terre a causé quelque 3000 morts et plus de 5000 blessés. S’en sont suivies des inondations meurtrières en  Libye, à l’est de l’Algérie et sous la Tunisie. (Photo: Toma Iczkovits, collaboration spéciale)

Une levée de fonds pour les victimes

Une autre possibilité de solidarité s’offre à ceux qui souhaitent aider et qui en ont la capacité. Le Centre communautaire Laurentien (CCL) et la mosquée Al-Rawdha, très actifs auprès de la communauté musulmane à Ahuntsic-Cartierville, ont décidé d’organiser une levée de fonds afin de récolter les dons.

«À ce jour, je n’ai pas connaissance de membres de notre communauté dont les proches auraient été directement touchés par le séisme au Maroc. Nous allons consacrer la prière générale de ce vendredi aux victimes. On a également lancé une levée de fonds pour ceux qui souhaitent faire des dons. Nous remettrons la somme collectée à des associations qui œuvrent sur place et qui sont reconnues», souligne Samer Elniz, directeur de la MAC, association qui gère ces établissements. La cagnotte est accessible en ligne.

La mairesse d’Ahuntsic-Cartierville a quant à elle profité de la séance du conseil d’arrondissement qui s’est tenue lundi dernier (11 septembre), pour adresser un mot aux Marocains. «Permettez-moi de commencer en exprimant toute notre solidarité à nos confrères et consœurs d’origine marocaine. Pour les concitoyennes et concitoyens d’Ahuntsic-Cartierville qui ont de la famille au Maroc, on espère que tout le monde se porte bien», a déclaré Emilie Thuillier en ouverture.

Samer Elniz assure, par ailleurs, qu’une seconde levée de fonds pourrait être organisée pour les victimes des inondations ravageuses en Libye. Au moins 5300 morts et des milliers de disparus ont en effet été pris par les eaux dans la nuit du dimanche 10 septembre. Cette nouvelle tragédie vient ébranler le Maghreb en quelques jours à peine…



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