Selon plusieurs études, au cours de leur vie, jusqu’à 20% des enfants et des jeunes Canadiens pourraient souffrir d’une maladie mentale. Il pourrait s’agir de vos enfants, de vos jeunes voisins… Savoir que des services spécialisés existent ici même dans Ahuntsic-Cartierville pour ces maladies qui sont encore tabou au sein de la société québécoise a quelque chose de réconfortant. Mais cela peut également avoir l’effet contraire: on craint parfois les choses que l’on ne connaît pas. Pour vous permettre d’y voir plus clair, journaldesvoisins.com a voulu ouvrir une porte…
Peut-être avez-vous déjà vu cette petite maison rouge sur les terrains du Pavillon Albert-Prévost, affilié à l’hôpital Sacré- Cœur? Non, ce n’est pas la maison du gardien des lieux! Elle sert plutôt de lieu de consultation externe en pédopsychiatrie. Depuis plus de 25 ans, le pavillon Albert-Prévost (PAP) offre des soins en santé mentale aux enfants et adolescents.
Depuis la réorganisation des services de santé au printemps 2015, le CIUSS du Nord-de-Montréal, dont fait maintenant partie le PAP, est un pôle important en matière de pédopsychiatrie au Québec.
Apaiser le problème
Treize pédopsychiatres et une quarantaine de professionnels aident, chaque année, environ 380 jeunes qui passent au centre ambulatoire et une cinquantaine qui sont hospitalisés. Tous les types de troubles en santé mentale y sont soignés : l’anxiété, la dépression, les idées suicidaires, les troubles alimentaires, etc.
La majorité des jeunes qui sont soignés au PAP sont pris en charge, en premier lieu, par les équipes des CSSS.
« Ils tentent d’apaiser le problème. Si ça devient trop complexe, on nous réfère les jeunes », explique Marc Labonté, directeur adjoint au programme de santé mentale et de dépendance (volet enfant et adolescent) au PAP en 2015.
L’approche auprès des jeunes a beaucoup changé depuis les débuts de la pédopsychiatrie au PAP.
Auparavant, les spécialistes travaillaient beaucoup plus de façon indépendante. Aujourd’hui, des équipes interdisciplinaires (psychiatres, travailleurs sociaux, ergothérapeutes, etc.) travaillent sur les différents cas pour apporter le maximum d’aide à leurs patients.
Pour le rétablissement
« Nous tentons de garder les jeunes dans leur milieu le plus longtemps possible, d’être à la maison. Nous mettons tout à profit pour aider le jeune à se rétablir », explique M. Labonté.
De plus, les médecins intègrent la notion de patient partenaire, même chez les jeunes.
« On implique les jeunes dans le choix des soins qu’ils vont recevoir », poursuit-il.
Oui, parfois les familles doivent attendre pour obtenir des services au PAP, mais M. Labonté explique qu’il existe un solide filet de sécurité pour aider les jeunes en détresse.
Par exemple, un jeune emmené à l’hôpital pour une problématique de santé mentale peut être transféré rapidement à l’hôpital Rivière-des-Prairies, grâce à un nouveau partenariat mis en place en septembre. Cette urgence est hyperspécialisée en santé mentale et un jeune pourra ainsi consulter un psychologue en deux heures ou moins.
«C’est une amélioration majeure », dit M. Labonté.
De plus, les jeunes qui sont sur une liste d’attente ont accès à une personne-ressource pour bénéficier d’un soutien, en cas de moments difficiles.
« Nous ne voulons pas que des jeunes tombent entre deux chaises », précise le directeur adjoint.
Petite histoire du pavillon
Albert-Prévost 1919 : le Dr Albert Prévost, premier titulaire de la chaire de neurologie à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, fonde le Sanatorium Prévost, pour traiter les malades souffrant « d’affection du système nerveux ».
1922 : Mme Charlotte Tassé fonde la première école d’infirmières du Sanatorium.
1950 : la première école d’infirmières auxiliaires du Québec voit le jour au Sanatorium.
1955 : Le Sanatorium devient l’Institut Albert-Prévost et obtient un statut semi-public. De plus, le Département de psychiatrie de la Faculté de médecine accorde à l’Institut une reconnaissance universitaire pour la formation des résidents en psychiatrie.
1958 : L’Institut Albert-Prévost accueille ses trois premiers résidents.
1973 : L’Institut Albert-Prévost fusionne avec l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, dont il devient le département de psychiatrie. Aujourd’hui : 52 psychiatres, 15 omnipraticiens et 250 professionnels y travaillent. L’urgence psychiatrique, ouverte 24 heures sur 24, reçoit plus de 5 400 visites par année pour tous les groupes d’âge.
Cet article a été publié dans le magazine papier de décembre 2015 et mis à jour par Christiane Dupont en mars 2018.
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