Claire Noël, auteure, résidante d’Ahuntsic-Cartierville est âgée de 85 ans et réclame le droit pour les aînés de prendre leurs propres décisions. On l’aperçoit ici à l’occasion de son lancement de livre, il y a un peu plus d’un an, en février 2019, bien avant la pandémie. (Photo: courtoisie)

Alors que certaines maladies ne font pas de discrimination, la COVID-19 se révèle être beaucoup plus dangereuse à mesure que l’on avance en âge, selon la science, car le système immunitaire serait moins résistant à mesure que l’on vieillit. Encore là, il y a des exceptions; des jeunes et d’autres personnes dans la force de l’âge ont «attrapé» le virus. Cependant, en voulant protéger les aînés, allons-nous trop loin en tant que société? Journaldesvoisins.com s’est posé la question et s’est entretenu avec quelques personnes en ayant long à dire sur le sujet.

Mercredi, dans son point de presse, la vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault, faisait cette mise en garde, laquelle n’est pas passée inaperçue:

« C’est sûr que les groupes plus vulnérables, notamment nos aînés, vont devoir faire l’objet de mesures de protection plus longtemps que d’autres groupes. » 

Les personnes âgées, particulièrement celles qui ont des problèmes de santé, sont à risque de conséquences graves liées à la COVID-19: 89% des personnes décédées de cette maladie dans la province étaient âgées de 70 ans et plus, mais nombreuses sont celles qui habitent en CHSLD.  

Des aînés se sentent surprotégés

La vie est toutefois difficile en ce moment pour tous les aînés, vivant à domicile ou en résidence privée, une bonne partie de ces derniers  étant confinés à leur résidence sinon par la direction de la résidence dans laquelle ils habitent ou encore tout simplement par les recommandations de la Santé publique…et, parfois, le regard des autres. 

« Mes beaux-parents se sont vu empêcher de sortir de leur immeuble, et même de leur appartement, pendant 14 jours après que l’un des locataires ait été atteint, nous explique Danielle Tourville. Pendant une courte période, l’accès à leur balcon privé leur avait été également interdit malgré qu’une bonne distance ainsi qu’un muret de béton les isole parfaitement de leurs voisins. »

Ce traitement réservé aux personnes âgées relève peut-être d’une forme d’âgisme. L’Association québécoise de gérontologie définit le terme comme suit:

« L’âgisme est un processus par lequel des personnes sont stéréotypées et discriminées en raison de leur âge et qui s’apparente à celui du racisme et du sexisme. »

Plusieurs personnes âgées nous ont mentionné que les regards sont un peu différents à leur endroit depuis le début de la crise. Pourtant, bien qu’ils soient plus à risque, ils ne transmettent pas davantage la maladie que qui que ce soit d’autre. 

Pouvoir prendre l’air!

À 85 ans, Claire Noël a encore énormément d’énergie. La résidante du Sault-au-Récollet  a écrit un livre l’an dernier, intitulé Vieillir dans la dignité et non dans la pauvreté.  Aujourd’hui, elle se bat pour qu’elle et ses voisins de résidence où elle habite puissent prendre un peu d’air.

« On se sent comme un poids; personne ne nous parle, bien que le premier ministre nous appelle “nos aînés”… Les gens doivent marcher! Nous sommes encore capables de prendre des décisions, c’est ce que nous avons fait durant toute notre vie. »

En voulant protéger les personnes âgées de la maladie, le gouvernement nuit peut-être à leur moral. C’est un choix déchirant pour tous ceux et celles qui sont concernés.

« Si une personne en santé est saine d’esprit et qu’elle ne met personne en danger, ces restrictions semblent trop sévères. Mais comment faire du cas par cas? Il est certes moins compliqué d’y aller au plus large en confinant tous les résidents d’un immeuble plutôt que d’accorder un permis de sortie à certains et pas à d’autres », nuance Danielle Tourville. 

L’optimisme au temps de la COVID-19

Même s’il s’agit d’une situation difficile pour les aînés, il est primordial de garder le moral dans les circonstances, que l’on apprécie le mot-clic #ÇaVaBienAller ou non. Yvan Gaudreault, YouTubeur à ses heures, a d’ailleurs réalisé une capsule vidéo afin de «réchauffer le cœur » des Québécois. 

Bien qu’il ait des inquiétudes comme tout le monde vis-à-vis la COVID-19, M. Gaudreault garde espoir pour l’avenir. 

« Malgré le grand nombre de personnes âgées et de gens dont la santé ne tient qu’à un fil, je souhaite de tout cœur que cette situation réveille la conscience de tous. Et que celle-ci nous bouscule suffisamment pour que l’on décide d’effectuer un virage, afin de réaliser un monde meilleur. »

Trop souvent, l’âgisme provient d’une incompréhension ou encore d’une peur des jeunes face à ce qui les attendra inévitablement. Claire Noël, une passionnée de la défense des droits des aînés, est très consciente de ces enjeux. 

« Je vis mes meilleures années depuis que j’ai 80 ans. […] Tous les jeunes vont devenir vieux… et c’est pas parce qu’on est vieux qu’on est tous niaiseux! »

Certes, le gouvernement québécois fait tout ce qu’il peut pour protéger les personnes âgées de la province face à la menace qui les guette. Cependant, certains aînés voudraient bien avoir le choix de se protéger comme ils le souhaitent. 

C’est Claude Pelletier, membre de l’Alliance culturelle qui aura le dernier mot.

M. Pelletier nous a fait parvenir ce poème, qui s’intitule «Mars frileux, pour madame et monsieur pourtant pas si vieux».

Bonjour madame, bonsoir monsieur

On se salue du coin des yeux

On n’a pas le droit d’être curieux

Bonjour madame, bonsoir monsieur

On se promène deux par deux

Mais évitons les mêmes lieux

Bonjour madame, bonsoir monsieur

On a les quatre l’air d’être vieux

On se balade pour être mieux

Bonjour madame, bonsoir monsieur

D’habitude j’suis pas très peureux

Mais j’veux pas vous rendre furieux

Bonjour madame, bonsoir monsieur

C’est trop facile d’être envieux

Mais si c’est la volonté des dieux

Bonjour madame, bonsoir monsieur

Il y en a des plus malheureux

Faudrait ensemble penser à eux

Bonjour madame, bonsoir monsieur

Espérons être tous assez chanceux

Pour ne pas être contagieux

Bonjour madame, bonsoir monsieur

C’est sans doute un autre adieu

On se souhaite d’être tous heureux.

Merci M. Pelletier.



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Jean-Pierre wilhelmy
Jean-Pierre wilhelmy
4 Années

Il faut que les personnes âgées comprennent particulièrement bien qu’elles sont les plus vulnérables et qu’il y a des conséquences collatérales graves à leur comportement. Prendre une marche tout en respectant la distanciation physique est tout à fait justifié, mais se rendre dans les commerces, prendre l’autobus ou le métro voilà des situations où j’ai de fortes très fortes réserves. Pourquoi ? Parce que lorsque l’on est une personne âgée l’on est plus à risques et plus à risques signifie plus sujet à occuper les lits d’hôpitaux et d’engorger le système de santé avec des cas plus grave beaucoup plus grave qu’une personne plus jeune. Personne ne devrait prendre des risques non calculés et particulièrement les personnes âgées. Soyons prudents et pensons aux conséquences de nos gestes.

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