Ancienne cloche de la Visitation
Photo de l’ancienne cloche de Fort-Lorette tirée du catalogue Les carillons touristiques de Rivière-du-Loup, par Isabelle Lussier. Éditions GID, Québec, 2003. (Courtoisie)

Un avis d’intention de classement pour l’ancienne cloche de l’église de la Visitation, fondue en 1732, empêchera celle-ci d’être cédée à l’étranger. Elle se trouve actuellement dans une collection privée à Rivière-du-Loup et aurait pu être vendue à n’importe quel moment.

Le ministère de la Culture a annoncé la nouvelle dans un communiqué publié aujourd’hui, 3 février. On y parle de la cloche de la chapelle Notre-Dame-de-Lorette. Même si le nom peut prêter à confusion, il s’agit bel et bien de la cloche de l’église de la Visitation, appelée aussi cloche de Fort-Lorette.

Cet avis de classement est intervenu après une étude établie par les fonctionnaires du ministère de la Culture et des Communications.

Depuis 2021, on parle régulièrement de cette vieille cloche, la première à avoir été fondue pour le Fort-Lorette, en fait pour l’église de la Visitation, il y a près de trois siècles. La cloche porte l’inscription Le Moyne m’a fait l’an 1732. Le dénommé Le Moyne était un fondeur français de la région de Brest, en Bretagne.

Sans classement, la cloche demeurait propriété de celui qui l’a acquise et il pouvait en disposer comme il le souhaitait.

La collection de cloches a été créée par Jean-Marie Bastille, propriétaire d’une entreprise de recyclage de métaux. Il possédait 600 cloches et carillons, exposés dans un jardin ouvert au public.

Il faut reconnaître que le collectionneur n’acceptait pas que de vieilles cloches d’église se retrouvent fondues avec de la ferraille. C’est ce qui a sauvé la cloche de la Visitation. À son décès en 2015, le site fut fermé par sa succession.

Jocelyn Duff, résidant du Sault-au-Récollet, architecte et membre de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville, l’a retrouvée à Rivière-du-Loup après de longues investigations et démarches. La cloche originale de Fort-Lorette finissait ses jours dans la collection d’un recycleur de métaux!

Il ne s’agit pas d’un bâtiment historique, cette fois, mais bien d’un artefact dont la valeur patrimoniale ne fait aucun doute, mais qui n’en était pas moins menacé.

M. Duff ne cessait d’interpeller les autorités publiques pour la faire classer et éviter qu’elle ne quitte le pays.

« Moi je dis merci à tous, parce que tout le monde a embarqué de bon cœur dans cette quête. Ce n’était pas nécessairement demandé, mais tout le monde a collaboré, c’est vraiment un effort de groupe », a indiqué M. Duff au Journaldesvoisins.com (JDV).

Vue d’un des clochers actuels de l’église de la Visitation. (Photo : Philippe Rachiele, JDV)

Effort collectif

Au moment où il frappait à toutes les portes pour protéger la cloche, M. Duff avait reçu l’appui de l’ancienne députée Marie Montpetit qui s’était déplacée à Rivière-du-Loup.

Récemment, le nouveau député de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, avait signé une lettre avec sa collègue Ruba Ghazal, députée de Mercier et responsable des dossiers de la culture et du patrimoine pour Québec solidaire, pour interpeller le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe. «On veut que cette cloche continue d’appartenir au Québec et qu’elle y reste», avaient-ils écrit.

M. Duff a tenu aussi à mentionner aussi les efforts de Patrick Goulet, coordonnateur à l’entretien et aux services de la paroisse de La Visitation.

« Il m’a accompagné. Il a fait des émissions à la radio », a -t-il rappelé.

Départ mystérieux

La cloche était encore à Ahuntsic, jusque dans les années 1980. Un dépliant de l’époque l’atteste. En 1990, elle a disparu pour ressurgir en 2003 à Rivière-du-Loup.

Jocelyn Duff avait trouvé sa photo dans le catalogue de l’exposition de M. Bastille et c’est en comparant les images qu’il a pu se convaincre qu’il l’avait retrouvée.

M. Duff croit que le collectionneur l’avait achetée de bonne foi comme étant la cloche des Jésuites du Vieux-Montréal car elle était présentée comme telle dans le catalogue.

« L’auteure [du catalogue] disait qu’il y a un trou de deux siècles dans l’histoire et on ne sait pas où elle était passée. En fait, l’auteure elle-même avait des doutes », a indiqué M. Duff.

La garder à Ahuntsic

Si la cloche est aujourd’hui protégée, M. Duff estime qu’il y a une nouvelle étape à franchir. Il faudrait la rapatrier au Sault-au-Récollet.

« Nous avons aujourd’hui une authentification par le gouvernement. On a un document en plus qui vient des experts du Ministère qui la définit comme étant la cloche de la Visitation. Cela va nous aider beaucoup pour la ramener. Mais je ne sais pas combien de temps cela va prendre », a relevé Jocelyn Duff.



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Hélène Trépanier
Hélène Trépanier
1 Année

Bravo pour cette belle nouvelle à monsieur Jocelyn Duff et à tous ceux qui se sont engagés dans cette noble cause. Grâce à vous, à vos recherches, à vos compétences et à votre persévérance, la cloche restera au Québec. Merveilleux! Maintenant il reste à la ramener au Sault-au-Récollet.

André Gravel
André Gravel
1 Année

Un excellent travail de Jocelyn Duff. Nous devons maintenant ramener notre cloche au Sault-au-Récollet !

Jean Poitras
1 Année

Bravo Jocelyn! S’il y avait une médaille du patrimoine Ahuntsic-Cartierville, tu en serais sûrement le récipiendaire.
À ce propos, la SHAC pourrait créer un certificat d’honneur « Bene Meritas » du patrimoine.

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