La Chouette rayée préfère les aires dont les arbres sont matures, notamment les forêts de feuillus ou mixtes. (Photo: Jean Poitras, JDV)

Par un beau matin de la fin d’avril dernier, je déambulais dans le parc-nature du Bois-de-Saraguay en espérant que la migration de printemps montre quelques signes de son début. Ce n’était pas le cas; les oiseaux observés faisaient tous partie d’espèces qui passent l’hiver avec nous.

Ce texte de la chronique ornithologique a été publié dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier de décembre 2023-janvier 2024, à la page 24

Je suivais aux jumelles le mouvement d’un Pic chevelu lorsque, tout à coup, une boule de plumes occupa tout le champ de vision. Une Chouette rayée (Barred Owl, Strix varia)!

Perchée tout près du sentier, la tête un peu tournée vers la gauche, elle somnolait pour, probablement, récupérer d’une nuit de chasse. Devant mon excitation et ma frénésie à prendre des photos, elle ouvrit les yeux et tourna la tête vers moi avec l’air de dire «Eh le bipède! Ne vois-tu pas que tu perturbes ma sieste? Range ton gros œil noir et continue ton chemin!»

«Désolé la belle, je n’ai pas souvent l’occasion de te voir de si près. Encore une petite dernière et je te laisse en paix.»

Description

De forme trapue, cette chouette mesure une cinquantaine de centimètres de hauteur. Elle est donc un peu plus petite que le Grand-Duc ou le Harfang des neiges.

Son dos est brun avec de larges stries blanches, sa tête est aussi rayée brun et blanc, ainsi que le disque facial autour de ses yeux noirs. La poitrine blanche est striée de larges bandes verticales brunes et, sur la queue, les bandes brunes sont horizontales.

Comme vous pouvez le constater, la Chouette rayée porte bien son nom.

La Chouette rayée préfère les aires dont les arbres sont matures, notamment les forêts de feuillus ou mixtes. (Photo: Jean Poitras, JDV)

Habitat, comportement

Comme bien d’autres membres de la famille des Strigidés, la Chouette rayée est surtout nocturne. Le jour, tout comme celle que j’ai rencontrée en avril, elle se repose perchée sur une branche et si possible camouflée dans le feuillage.

Elle préfère les aires dont les arbres sont matures. Les forêts de feuillus ou mixtes lui conviennent, surtout près d’une étendue d’eau, d’un petit lac ou d’un marécage.

Cet habitat convient aussi au Grand-Duc et à la Buse à épaulettes. Elle partage souvent un territoire avec l’une ou l’autre de ces espèces et on observe souvent leurs nids à proximité l’un de l’autre.

La Chouette rayée est territoriale. La plupart du temps, la défense de son domaine se limite à des vocalises, mais il n’est pas rare que des affrontements physiques aient lieu entre individus de cette espèce.

Son cri, qu’elle fait entendre de jour comme de nuit, est un fort ululement moins grave que celui du Grand-Duc. On pourrait le transcrire par «houhou-houhou, houhouhouhouha», avec certaines variations.

Nidification, alimentation

La Chouette rayée niche dans les cavités naturelles d’arbres matures, mais elle peut aussi s’accommoder d’un nid abandonné de Grand-Duc, d’un Autour des palombes, ou d’autres rapaces. Elle ne semble l’aménager que superficiellement ou même pas du tout. 

La femelle y pond 2 ou 3 œufs qu’elle incube une trentaine de jours. Les poussins restent 4 ou 5 semaines au nid et les deux parents s’en occupent pendant ce temps et ensuite jusqu’à la fin de l’été.

Son régime alimentaire se compose surtout de petits mammifères rongeurs, de batraciens, de reptiles, et parfois de petits oiseaux ou de gros insectes. Elle chasse surtout la nuit en s’abattant sur sa proie; son vol, comme celui de plusieurs espèces de strigidés, étant silencieux, elle compte sur l’effet de surprise pour accroître son taux de succès.

Dans notre arrondissement, on peut observer la Chouette rayée dans les parcs-nature de l’Île-de-la-Visitation, du Bois-de-Liesse et du Bois-de-Saraguay. (Photo: Jean Poitras, JDV)

Territoire, tendances

C’est un oiseau essentiellement nord-américain. Son territoire est bordé au nord par la limite canadienne des forêts de grands arbres, des provinces maritimes à la Colombie-Britannique. On la retrouve dans tout l’est des États-Unis jusqu’à la limite des grandes plaines. Dans l’ouest, sa limite sud est le nord de la Californie, le long de la côte. Il y en a aussi une population dans les hautes terres du Mexique central.

La Chouette rayée ne migre pas; les couples occupent leur territoire à longueur d’année.

Au Québec, on a constaté sa présence dans les vallées du Saint-Laurent et de l’Outaouais, les Laurentides, le Saguenay, Charlevoix, la Haute-Côte-Nord et la côte gaspésienne. Elle est absente de l’île d’Anticosti et des Îles de la Madeleine.

Dans notre arrondissement, on peut l’observer dans les parcs-nature de l’Île-de-la-Visitation, du Bois-de-Liesse et du Bois-de-Saraguay. Les autres grands parcs boisés de la région de Montréal sont aussi des endroits où on la retrouve.

Dans le deuxième tome de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional, on la cite comme nicheur-résident peu commun, dont l’aire est stable et les effectifs en possible augmentation.



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