Couple de Grues du Canada. (Photo: Jean Poitras, JDV)

Notre chroniqueur ornithologue vous présente la Grue du Canada. Il existe une quinzaine d’espèces de grues dans le monde et trois en Amérique du Nord. 

Cet article est paru dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier de juin-juillet 2023, à la page 35.

Non, cette grue n’est pas entourée de cônes orange! C’est plutôt un échassier. De toute façon, contrairement aux cônes orange, elle ne s’établit pas en milieu urbain.

Description

La Grue du Canada (Sandhill Crane ou Grus canadensis) est d’une hauteur similaire à celle du Grand Héron, soit de 1 m à 1 m 20 avec une envergure d’ailes de 1 m 80 à 2 m. Au sol, elle a une apparence plus massive que le héron, et sa masse serait presque le double de celui-ci.

Le corps de l’adulte est entièrement gris, sauf une tache rouge vif sur le dessus de la tête. Cependant, si un adulte fréquente un milieu boueux et ferrugineux, en se lissant le dos et la poitrine, il colore les plumes de ceux-ci d’une teinte marron-rouille.

Les juvéniles ont la tête, le cou et la gorge brun clair et les plumes du dos grises bordées de cette même teinte.

En vol, la Grue du Canada se démarque des hérons par son cou allongé plutôt que replié comme ces derniers.

Grue du Canada adulte. (Photo: Jean Poitras, JDV)

Comportement et alimentation

Ce sont des oiseaux au vol marqué de battements d’ailes lents, mais vigoureux. Ils vont parfois à grande altitude et profitent des courants thermiques.

Leur danse nuptiale est spectaculaire; on y voit des bonds de plus de deux mètres, les ailes partiellement ouvertes, suivis de rebondissements et de révérences.

C’est surtout en vol que l’on peut entendre le cri roulé et perçant, un «grrrooua» qui porte loin.

La Grue du Canada est omnivore et s’accommode fort bien de ce qui est disponible sur place; grains et racines dans les champs en hiver, pour changer à petits fruits, herbes, insectes, larves, petits poissons et batraciens en été.

Habitat et nidification

Ce grand échassier préfère les grandes surfaces couvertes d’eau peu profonde comme les tourbières, les marais et les étangs. Les marais côtiers lui conviennent aussi, tout comme les prairies herbeuses.

Leurs nids ne sont guère élaborés; quelques brindilles, tiges et herbes posées à même le sol. Les grues préfèrent cependant s’établir à quelques mètres de l’eau, cachées dans la végétation haute.

La femelle y pond de un à trois œufs allongés, gris pâle et moucheté de brun qui seront couvés une trentaine de jours alternativement par le mâle et la femelle.

À l’éclosion, les poussins peuvent suivre leurs parents, à la course s’il le faut. Leur développement est rapide et ils peuvent s’envoler dès l’âge de deux mois et demi. Ils resteront près de leurs parents pendant environ neuf mois.

Territoire et migration

Leur territoire est presque entièrement canadien, d’où leur nom. À part l’Alaska, il n’y a que quelques populations éparses aux États-Unis, surtout dans les Rocheuses et les zones limitrophes des Grands Lacs. D’est en ouest, on les retrouve de l’Abitibi jusqu’aux Rocheuses, avec quelques territoires le long de la côte britanno-colombienne. Du nord au sud, les Grues nichent des îles de l’Arctique jusqu’au nord des États-Unis, à l’exception des grandes plaines de l’ouest.

En hiver, les Grues du Canada se retirent au Texas, au Mexique, en Floride et à Cuba. Elles arrivent au Québec à la fin du mois de mars et au début d’avril, et commencent à nicher à la fin d’avril, début de mai. En août et en septembre, elles se rassemblent pour leur migration automnale, les derniers individus nous quittant en octobre.

Vol de Grues du Canada. (Photo: Jean Poitras, JDV)

Tendances

Le nombre de Grues du Canada est en forte augmentation tant au Québec qu’ailleurs sur leur territoire.

Leur aire de répartition est aussi en extension, comme il a été constaté lors de la collecte de données pour la seconde édition de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (parue en 2019). Depuis 2007, l’espèce niche sur les rives du lac Saint-François où elle bénéficie de la protection d’une réserve faunique. Les photos qui illustrent ce texte ont justement été prises à cet endroit.

Lors de ma dernière visite à la mi-avril, j’ai pu en dénombrer au moins 15 et certains autres observateurs en ont vu une vingtaine à la même époque. Cela suggère qu’il y aurait maintenant probablement plus d’un couple nicheur.

Pour ce qui est de Montréal et de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville en particulier, quelques observations d’individus en vol ont été rapportées ces dernières années, manifestement une conséquence de l’accroissement de la population mentionné ci-haut.

Espèces similaires

Je mentionnais plus haut qu’il y a trois espèces de grues en Amérique du Nord. La Grue blanche est une espèce en danger. De quelque 20 individus dans les années 1940, un programme de conservation de leur territoire de nidification au Wood Buffalo National Park chevauchant les Territoires du Nord-Ouest et l’Alberta, et de leur territoire d’hibernation à Aransas au Texas, a permis de ramener la population à quelque 500 individus.

Un des volets de ce programme fut de prélever quelques œufs sur les nids de Grues blanches et de les faire couver par des Grues du Canada. 

Comme son nom l’indique, cette grue est toute blanche, sauf une tache rouge sur le dessus de la tête et une zone noire sur le front et à la base du bec.

L’autre espèce, la Grue cendrée, est surtout présente en Eurasie. On l’observe occasionnellement dans l’ouest. Son plumage est similaire à la Grue du Canada sauf sa gorge noire, sa nuque et son cou blancs.



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