Les rues commerciales comme Fleury Ouest sont plutôt désertes à l’heure du couvre-feu (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

Depuis le 9 janvier dernier, les rues d’Ahuntsic-Cartierville déjà tranquilles les soirs d’hiver le sont particulièrement au-delà de 20 h. Personne n’est autorisé à circuler à l’extérieur, sauf pour les travailleurs essentiels et les propriétaires de chien. C’est le résultat de l’imposition du couvre-feu par le gouvernement du Québec. Journaldesvoisins.com a sondé plusieurs résidants de l’arrondissement afin qu’ils partagent leurs impressions face à cette mesure inédite qu’est le couvre-feu.

Quotidien peu affecté

La majorité des personnes sondées par le jdv ont dit être en accord avec le couvre-feu puisque de toute façon, il ne changeait pas grand-chose dans leur vie actuelle.

« Ça ne change absolument rien dans notre quotidien. Je trouve que c’est toujours quand même assez tranquille dans les petites rues du quartier avec et sans couvre-feu », témoigne un résidant de l’arrondissement.

Plusieurs autres répondants ont offert des réponses similaires.

« Je me suis rapidement fait à l’idée », indique un autre.

« On s’organise pour faire les courses avant 19h30, ce n’est pas une contrainte excessive pour nous », de dire un autre.

Pour se sortir de la crise

Certains répondants ont manifesté leur accord envers cette mesure en disant espérer qu’elle aidera le Québec à se sortir de la crise.

« Il faut se sortir de cette pandémie! »

« Si ça peut faire baisser le nombre de cas et nous permettre de rouvrir les commerces et les salles à manger des restaurants, ça ne me dérangerait pas de continuer le couvre-feu un certain temps. »

Quartier plus tranquille

D’autres ont dit apprécier la tranquillité du quartier lors du couvre-feu.

« Le point positif : on ne se fait plus réveiller par des pétards/feux d’artifice durant la nuit! »

« De notre côté, on est plus relax quant au destin de notre catalyseur de voiture… ou les intrusions dans les cabanons. C’est beaucoup plus sécuritaire. De même que les forts en neige qui restent intacts. Bref, c’est tranquille. »

Diverses rues de l’arrondissement, normalement plus achalandées, sont maintenant plus calmes, ce qui fait le bonheur de ses résidants.

« Sur Louvain Est, c’est nettement plus calme. Ça fait du bien honnêtement. »

« Grosse différence sur Henri-Bourassa au niveau de la circulation. C’est beaucoup plus tranquille la nuit! »

« Je demeure sur la Promenade et je n’ai jamais aussi bien dormi que depuis deux semaines. Presque pas de voiture, pas de personne qui crie en s’amusant (saoul?) la nuit tombée. »

Une propriétaire de chien, qui sort habituellement vers 21h30, dit aimer le caractère paisible de la rue sans voitures, qu’elle trouve paisible. La fin de semaine, lorsqu’il n’y a pas de mouvement provenant des travailleurs, elle dit pouvoir entendre les branches casser dans les rues environnantes.

À moins d’avoir un chien à promener, les Québécois ne sont pas autorisés à se promener après 20 h depuis le début du couvre-feu. (Photo: jdv – Philippe Rachiele)

Par contre, elle dit aussi se sentir moins en sécurité lors de ces promenades nocturnes puisque si quelque chose lui arrivait, elle serait plus difficilement secourue (sauf par son chien, rigole-t-elle).

Selon un résidant, près du Marché Central, ce ne serait pas aussi tranquille. Il y remarque beaucoup de mouvements de piétons et de voitures.

Certaines réserves

Malgré l’accord général des résidants envers cette mesure, ce n’est pas tous les répondants qui voient le couvre-feu d’un bon œil.

Un répondant s’est plaint que cette mesure rendait encore plus difficile pour son fils de voir ses amis… ce qui est précisément l’effet recherché.

Une mère de famille déplore le couvre-feu puisque sa marche de fin de soirée, une fois les enfants couchés, était pour elle un essentiel à son bien-être mental. Cette marche qui lui faisait un grand bien est maintenant devenue illégale.

Une autre, inquiète pour un ami vivant une rupture difficile, déplore que son mari doive maintenant dormir chez cet ami pour lui tenir compagnie à travers cette pénible épreuve.

Un autre, habitué à aller courir ou faire du ski de fond passé 20h puisque c’est impossible pour lui le jour avec le travail et la famille qui l’occupent, regrette de ne pouvoir plus pratiquer ces sports. Il affirme cependant que cet impact lui apparaît mineur, marginal.

« En contrepartie, avec les mesures sanitaires, je participe à un effort de conscience, de solidarité, de confiance collective, tous unis contre le coronavirus, et cela m’énergise, me motive, me rend très heureux », s’enthousiasme-t-il.

Inquiétant pour les sans-abris

Si une résidante dit que le couvre-feu n’affecte pas sa vie personnelle, elle s’inquiète toutefois pour les sans-abris.

« Quand on voit des événements aussi horribles que la mort de Raphaël André, dans des conditions sordides, ça me préoccupe énormément », s’inquiète une répondante.

Rappelons que Raphaël André, un sans-abri innu qui se cachait de la police durant le couvre-feu, a été retrouvé mort dans une toilette chimique où il s’était réfugié.

« Notre quartier est pas mal tranquille en général, mais il ne faudrait pas oublier les gens qui en arrachent le plus dans notre société. Il n’y a pas beaucoup d’itinérance visible dans le coin, mais je m’inquiète pour les gens qu’on ne voit justement pas », poursuit la même répondante.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a demandé à Québec, lors d’un point de presse le mardi 19 janvier, d’exempter les itinérants de l’application du couvre-feu en réaction à ce décès. La même journée, le premier ministre François Legault a refusé de leur accorder cette exemption.



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Denis Beaulé
Denis Beaulé
3 Années

Faut pas mais vraiment pas être « proche », sensible, réceptif ou au fait de ce que c’est l’itinérance ou la condition sans abri, en métropole plus particulièrement, pour s’être laissé aller à « la réponse nonchalante et déconnectée de la réalité » qu’a été celle du premier ministre avant-hier. Pas que renversant, révoltant.

Et, comme si ce n’eut été assez, fallait-il qu’il ajoutât « ça », goutte faisant déborder le vase (ou LA vase), qu’« Il est malheureux de voir certaines personnes tenter de nous diviser. […] Ce n’est pas le temps de se diviser, c’est le temps de travailler ensemble ».

!
Or, c’est ‘qui qui’ « ‘divise’ », ici, là, d’après vous? Une mairesse et maint.e.s autres s’évertuant, de toute leur âme et avec tout leur coeur, à implorer davantage d’humanité à l’endroit de la catégorie de gens peut-être la plus mal prise de toutes, aux prises avec des ‘démons’ trop souvent on ne peut plus difficilement extirpables; ou un PM s’amenant là-dessus avec de gros sabots, nargueur et barbeux, et n’hésitant pas, pour envoyer paître et rabaisser au plus bas possible d’hardis contradicteurs en quête d’humanité, à tenter de les faire passer pour de vil.e.s escogriffes indignes ?

On aura tout vu. Vraiment tout vu, tout entendu. Qui l’eût cru? Qu’on en arriverait là un jour, à avoir au faîte de l’État qqn comme ça. Puis avait-on « besoin » de ‘ça’ ?

En plus !

N’y a-t-il pas bien assez, déjà, de la situation, épouvantable, d’itinérants et sans abri, « ‘traînant’ » un peu partout (à Montréal), c’est le cas de le dire, y compris en des endroits où jamais n’eût-on pensé qu’ils pourraient en venir à « s’installer » ou « s’exhiber »; sans que qqn n’y connaissant à l’évidence aussi peu que rien — (ou s’en fichant comme de l’Alcoran?) — s’amène de surcroît avec ce genre de patarafe battant tous records de bêtise ?

UN exemple : « François Legault a tenté de justifier son manque d’humanisme envers les exploités les plus démunis et les plus vulnérables de notre société, en se fiant au “bon jugement” des policiers par rapport à eux. Restant aveugle au ridicule de son argumentaire du début à la fin, le premier ministre du Québec n’a sans doute pas réalisé sur le moment, que si, dans son hypothèse, les policiers sont incapables de faire la différence entre un itinérant et un citoyen ordinaire, il devient alors parfaitement légitime de remettre en question la capacité de jugement de ces mêmes policiers. »

Bêtise et inhumanité poussées à leur paroxysme. Et il faudrait « s’agenouiller » devant « ça » ? !

Pensez-y un instant. ‘Sapere Aude’. En daignant oser ce faire, on se rendra compte que les gens divisifs en cette éminente affaire, s’il y en a, ne sont certes pas ceux et celles lâchement* insinué.e.s comme tel.le.s par qqn qui aurait avantage à écouter, de temps en temps; au lieu de toujours en revenir à sa tendance nature d’éconduire a priori — (comme il l’avait fait aussi cruellement qu’ignominieusement en l’affaire PEQ) — des requêtes en appelant au simple bon sens d’abord, mais plus encore à l’humanité élémentaire ultimement.

* Imaginez, « certaines personnes », « certains », a-t-il lâché…
Au nombre desquelles se trouvent… non seulement l’Élue municipale la plus importante au Québec et un important ministre fédéral, mais également la rédactrice en chef du jadis plus prestigieux quotidien québécois — (qui a qualifié la chose d’«aberration» «Insensible et insensée») —, une chroniqueuse du « plus grand quotidien français d’Amérique » (qui a qualifié la chose de « loi sans coeur »); sans parler d’une multitude d’autres, pas plus imbéciles ou de mauvaise foi que la moyenne, qui ont abondé dans le même sens, avec une même imploration d’intelligence et humanité accrues vis-à-vis cette ‘chose’ et surtout vis-à-vis ces pauvres gens, à qui, s’ils avaient eu la chance d’être chiens au lieu d’humains, ne serait pas advenu ce risque de mourir de nuit reclus.e.s en toilette chimique.

Claudette
Claudette
3 Années
Répondre à  Denis Beaulé

Wow votre commentaire a l’air intéressant!!! Pouvez-vous résumer en 3-4 lignes?

Denis Beaulé
Denis Beaulé
3 Années
Répondre à  Claudette

En 3-4 lignes, pourrait-on dire seulement qu’il y en aurait eu UNE manière de ‘dealer’ avec cela, en contentant tout le monde en plus! C’est-à-dire, qu’il eût suffi d’aider, accompagner tous itinérants sans abri prêts à rentrer le soir. Et pour les quelques-uns restants, « ne voulant rien savoir », peu importe pourquoi, les laisser ‘tranquilles’, eux, en leur ‘lieu de résidence’ (dehors)…; considérant que, là, ils ne sont certes pas plus onéreux ou dangereux, pour eux-mêmes ou pour la Communauté, à l’air libre, qu’ils ne sauraient l’être entassés en lieux fermés. Pas vrai ?

Claudette
Claudette
3 Années

Cette pandémie a du “power” et elle nous met les deux genoux à terre alors je crois que toutes ces mesures la ralentiront mais n’arrêteront pas son évolution et elle fera son chemin peu importe. Pour moi, 2020 était le début, 2021 sera le plateau et en 2022 çà commencera probablement à descendre tranquillement pas vite. Comme dirait l’autre, nous les Humains on vient de frapper notre Waterloo!

France Dumas
France Dumas
2 Années

Le couvre-feu ne semble pas toucher certaines personnes qui se promènent encore en dehors des heures permises avec la grosse musique qui fait trembler nos maisons. Où se trouve la police dans ce temps-là?

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