Des secteurs d’Ahunstic-Cartierville apparaissent en rouge-orange sur cette carte illustrant la distrubution des cas de variants à Montréal publiée mercredi par la Direction régionale de santé publique (DRSP). (source : DRSP)

Bien que la courbe des nouveaux cas continue de s’aplanir depuis la fin janvier, l’arrondissement se maintient sur le seuil du palier d’alerte rouge et demeure parmi les arrondissements où l’on observe le plus grand nombre de nouveaux cas.

Avec 128 nouveaux cas la semaine dernière dans Ahuntsic-Cartierville, l’arrondissement est repassé sous le seuil des 100 cas par 100 000 habitants pour la première fois depuis la mi-novembre. Le taux d’incidence hebdomadaire s’établit à 95,35 cas/100 000, un taux légèrement inférieur à celui de Montréal dans son ensemble, mais qui demeure supérieur au seuil quotidien de 10 cas/100 000 établi comme seuil de passage en zone rouge.

Les variants gagnent du terrain

Deux secteurs de voisinage de l’arrondissement présentent un taux d’incidence plus élevé, soit Ahuntsic-Nord-Ouest (19 nouveaux cas, 132,59 cas/100 000 habitants) et Sault-au-Récollet (38 cas, 152,00 cas/100 000).

Bien qu’on ait rapporté un premier cas de variant dans une école de l’arrondissement cette semaine, Ahuntsic-Cartierville n’est pas encore parmi les plus touchés par la circulation des variants.

Les variants représentent désormais entre 20 % et 25 % de l’ensemble des cas positifs, estime la directrice de la santé publique de Montréal, docteure Mylène Drouin qui a fait le point sur la situation épidémiologique de la métropole mercredi en compagnie de la représentante du centre de commandement de la santé montréalais, Sonia Bélanger.

« On a des variants un peu à travers l’île de Montréal », indique la docteure Drouin qui précise que la transmission communautaire des variants est toutefois concentrée dans deux quartiers du centre ouest.

Il semble néanmoins y avoir une certaine présence de cas variants dans les secteurs de Bordeaux-Cartierville et Ahuntsic-Nord-Ouest, selon une carte publiée par la Direction régionale de la santé publique (DRSP) mercredi.

« On a des cas de variants ailleurs à Montréal, mais les stratégies très « suppressives » et très agressives qu’on mène dans les autres quartiers, dans des écoles, dans des milieux de travail, arrivent à contenir le virus », assure la docteure Drouin.

Dans ces autres quartiers, on observe donc des cas plus « sporadiques » que la santé publique dit réussir jusqu’ici à « encapsuler » avec des stratégies plus intensives de dépistage et de traçage des contacts de contacts, explique-t-elle. Interpellée au sujet du cas rapporté à Saint-Isaac-Jogues en début de semaine, la docteure Drouin a expliqué, sans entrer dans les détails, que c’est ce type d’approche qui est mis en œuvre dès qu’un cas de variant est détecté dans un milieu.

« On le traite comme si c’était une éclosion », précise-t-elle.

Situation stable dans les écoles et à la prison de Bordeaux

La directrice de santé publique se dit, par ailleurs, encouragée de constater que le nombre de cas et d’éclosions dans les écoles n’a pas augmenté de façon importante au retour de la relâche.

« La semaine de relâche n’a pas eu, je dirais, d’effet majeur sur la transmission et les éclosions, entre autres dans les écoles », constate la docteure Drouin.

Le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) rapporte en effet que les cas sont en baisse. Avec 33 cas positifs (30 élèves et trois employés) dans les écoles du quartier en date du 15 mars, il s’agit du nombre le plus bas depuis la rentrée en janvier. Après avoir connu une pointe 26 classes fermées en février, seules quatre classes étaient fermées cette semaine.

« Il n’y a aucune éclosion », précise le porte-parole du CSSDM, Alain Perron.

La directrice de santé publique se réjouit que la situation en milieu scolaire, dont le rôle dans la transmission des variants est de plus en plus clair, soit relativement sous contrôle.

« On pense que le masque de procédure a clairement un impact », indique la docteure Drouin.

Le port du masque de procédure a également été imposé dans tous les déplacements à l’intérieur de l’établissement de détention de Montréal, où une éclosion majeure n’a toujours pas été complètement maîtrisée après bientôt trois mois. Avec plus de 250 cas liés, il s’agit toujours de la plus importante éclosion active à Montréal et au moins deux nouveaux cas se sont ajoutés cette semaine portant le nombre de cas actifs à 10, dont la moitié chez des personnes incarcérées.

« Ça a été une très grosse éclosion », reconnait la directrice de santé publique qui dit prendre acte des signes de détresse psychologique rapportés dans la population carcérale.

Une troisième vague à l’horizon ?

Au chapitre des hospitalisations, Sonia Bélanger dit constater « une certaine accalmie » dans le réseau montréalais, où le nombre d’hospitalisations se maintient sur un plateau autour de 300 cas, dont 75 aux soins intensifs. Cette embellie se reflète sur la situation dans les hôpitaux situés sur le territoire d’Ahuntsic-Cartierville. Le nombre des lits occupés par des patients atteints de la COVID est à son plus bas depuis le mois de janvier avec, en date du 16 mars, 35 personnes hospitalisées dans l’arrondissement, dont 12 aux soins intensifs.

« Il reste que c’est quand même assez fragile », fait valoir la représentante du réseau de la santé.

Elle souligne que deux nouvelles éclosions se sont déclarées en milieu de vie et de soins pour aînés. La plus importante éclosion active dans ce secteur à Montréal se trouve d’ailleurs à la Résidence Ora, où 13 cas étaient rapportés en date du 17 mars, selon les données publiées par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

« Les résidents de cette RPA ont reçu leur première dose du vaccin dans la première semaine de mars, au moment de l’éclosion, le vaccin n’avait donc pas atteint sa pleine efficacité », explique Emilie Jacob, relationniste au bureau des relations médias et des affaires publiques du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

Le CIUSSS dit par ailleurs espérer pouvoir reprendre 100 % de ses activités régulières dans ses installations d’ici la fin du mois, sous réserve que la situation ne se dégrade pas dans les prochaines semaines.

« On peut continuer à repousser la prédominance du variant », assure la docteure Drouin qui prévient cependant que « la troisième vague va arriver » et qu’elle sera associée à la souche dite britannique B.1.1.7., reconnue comme étant plus contagieuse et plus virulente.

La DRSP a d’ailleurs annoncé jeudi un projet-pilote de vaccination destiné aux parents d’enfants qui fréquentent des écoles ou des services de garde dans les deux secteurs qui comptent le plus de cas de variants.

Nous reviendrons demain sur la campagne de vaccination.

[Rectificatif : deux coquilles se sont glissées dans une première version de ce texte qui indiquait qu’il y avait 33 hospitalisations en date du 16 janvier. Il y a avait plutôt 35 en date du 16 mars. Toutes nos excuses pour cette erreur.]



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