Arianne Chagnon, professeure de français au Collège Bois-de-Boulogne. (Photo: courtoisie Arianne Chagnon)

Je me sens privilégié d’avoir Arianne Chagnon comme collègue au département de français du Collège de Bois-de-Boulogne. Cette enseignante à l’enthousiasme débordant a réussi à insuffler le goût d’écrire à de nombreux élèves.  

Ce texte de la chronique Dans la tête du prof, de notre collaborateur Nicolas Bourdon, a été publié dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier d’octobre-novembre 2023, à la page 16.

Les cours de littérature au collégial accordent habituellement une place importante à l’analyse littéraire: les cégépiens doivent rendre compte de leur compréhension de la forme et du contenu d’un texte dans une dissertation. La création littéraire occupe souvent la partie congrue du cours, mais Arianne a décidé de lui faire une bien plus grande place: ses élèves consacrent ainsi douze heures de la session à la création. 

Ils écrivent quatre textes, mais seulement deux d’entre eux sont évalués. «La réécriture de l’un des textes est imposée, mais l’autre texte est choisi par l’élève. Celui-ci peut ainsi retravailler ses textes jusqu’à ce qu’il en soit satisfait.»

«Je veux que les élèves aillent au-delà de ce que le chercheur Dabène appelle leur “insécurité scripturale”. Nos élèves ont parfois un rapport difficile, voire souffrant, avec la littérature. Ils voient les grands écrivains comme des génies dont les œuvres jaillissent spontanément de leurs plumes sans qu’ils aient à faire le moindre effort. Or, je leur dis que les grands auteurs font des erreurs et que leur premier jet n’est pas toujours concluant; on n’a qu’à voir les nombreuses ratures dans les manuscrits d’Hugo et de Balzac pour s’en convaincre!» 

Cœur à l’ouvrage

Un texte de création est beaucoup plus personnel qu’une analyse littéraire. 

«On y met son cœur et ses tripes. Ça peut être beaucoup plus motivant pour l’élève! Je suis intéressée de voir les effets de mon approche sur l’engagement des élèves, particulièrement dans le premier cours de la séquence, le cours 101, qui est un cours écueil [NDLR : un cours de français particulièrement difficile]. On sait en effet que les cégépiens qui passent ce cours décrochent habituellement leur diplôme d’études collégiales (DEC).»

Dans le cadre de son projet de doctorat en éducation, Arianne va aussi sonder ses élèves sur leur perception de la littérature. A-t-elle changé après qu’ils se furent investis dans leurs travaux de création? 

«Ce fut le cas pour moi! J’ai fait mon cégep en arts et lettres en 2012 au cégep Édouard-Montpetit et ce sont les événements de création littéraire, comme les marathons d’écriture, qui ont décuplé l’amour que je vouais à la littérature.» 

«Je pense aussi, et d’ailleurs plusieurs études le montrent, qu’écrire aide à mieux lire. Quand on écrit, on doit être conscient de l’effet qu’on a sur le lecteur. L’élève n’a pas le choix de travailler la forme de son texte. Ça l’amène à être plus sensible au style d’un auteur…»

Arianne Chagnon se permet même de rêver: «Idéalement, j’aimerais que la littérature se fasse une petite place dans la vie de nos élèves et qu’après leurs études collégiales, ils continuent à écrire, ne serait-ce qu’en tenant un journal intime. J’aimerais qu’écrire cesse d’être associé à une pénible corvée, mais devienne plutôt une habitude, une activité bénéfique, qui nous permet de mieux comprendre et aimer les autres et nous-mêmes.»

L’auteur de ce texte, Nicolas Bourdon, est professeur, auteur et chroniqueur pour le Journal des voisins. Voici son plus récent texte de fiction



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