Geneviève Groleau se préoccupe du bien-être des enseignants québécois. . (Photo: courtoisie Geneviève Groleau)

La grève de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a duré 22 jours. C’est beaucoup, puisque les membres de ce syndicat n’avaient pas de fonds de grève. 

Deux enseignantes, Geneviève Groleau et Marjorie Guilbault, ont donc rapidement eu l’idée de créer un groupe d’entraide pour soutenir les enseignantes dans le besoin. Leur groupe Facebook Entraide pour les profs en grève a accueilli des milliers de membres en seulement quelques jours.

«Une première collecte de dons nous a permis d’amasser 38 000 $ au 9 décembre; une deuxième collecte, qui s’est déroulée un peu avant Noël, s’est soldée par un total d’un peu plus de 250 000 $!» me dit Geneviève Groleau.

L’organisation de ce réseau d’entraide a demandé un travail colossal. «Nous avons collecté l’argent et ensuite nous avons procédé à sa distribution sous la forme de cartes-cadeaux. Nous nous sommes aussi assurées que chaque bénéficiaire était membre de la FAE. Ce n’est pas tout! En plus des collectes, nous avons procédé à des jumelages. Nous avons jumelé pas moins de 2000 enseignantes de la FAE dans le besoin à des donateurs. Nous avons priorisé dans nos actions les enseignantes les plus touchées dans nos jumelages.»

Soutenir les profs

Geneviève affirme aussi que le soutien de la population envers les enseignantes a été extraordinaire, au-delà de ses attentes. En plus d’aider des enseignantes dans le besoin, ce soutien a été précieux dans les négociations avec le gouvernement: «On ne se gênait pas pour publier les dons qu’on recevait sur notre page Facebook pour que le gouvernement connaisse l’ampleur de l’appui aux enseignantes en grève.»

«Notre objectif était bien sûr d’aider de toute urgence celles et ceux qui en avaient besoin, mais aussi de permettre à la grève générale de se poursuivre pour qu’on aille enfin chercher des conditions de travail décentes.»

Est-elle satisfaite de l’entente de principe ratifiée par la FAE? «Au moment où on se parle, l’entente n’a pas encore été présentée aux membres, mais j’ai pu y avoir accès et pour moi, c’est insuffisant. Je me dis: “Est-ce que j’ai tout donné ce que j’avais pour seulement ça?”»

Selon Geneviève, il n’y a eu aucun gain substantiel dans la composition des classes. «J’enseigne présentement à une classe de vingt élèves, dont dix ont des besoins particuliers et quand je parle de besoins particuliers, je parle de cas lourds. Par exemple, un étudiant souffre du syndrome de Gilles de la Tourette, un autre du spectre de l’autisme et un autre de déficience auditive. Nous avons dit au gouvernement qu’il y avait des limites à l’inclusion, à ce que j’appelle l’inclusion abusive. Il faut ouvrir des classes spécialisées et, en attendant leur ouverture, les enseignantes doivent rapidement recevoir davantage d’aide de personnes-ressources telles que des psychologues, des TES [NDLR : techniciens en éducation spécialisée] et des orthophonistes. Notre salaire va augmenter substantiellement, mais pas nos conditions de travail.»

Devant la faiblesse de l’entente, Geneviève a malheureusement décidé de quitter la profession, comme plusieurs autres enseignantes l’ont fait avant elle.

«Mais je ne reste pas loin de l’éducation, me confie-t-elle. Je veux faire des études en droit pour aider les profs qui subissent de la violence physique et psychologique sur leur lieu de travail.» Ses collègues vont ainsi pouvoir continuer à bénéficier de l’exceptionnel dévouement dont elle a fait preuve pendant la grève.

Nicolas Bourdon est professeur, auteur et collaborateur au Mag papier, version imprimée du Journal des voisins. Ne manquez pas son texte de fiction «Un cœur en automne», publié le 2 février sur notre site.

 



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