Cet article est tiré du numéro de la rentrée du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au climat.

Iskender Arabatlian devant l’affiche du bistro Le grenadier et l’érable, au CACI. Photo : JDV / Anne-Marie Parent

En 2011, une guerre civile éclate en Syrie. Parmi les réfugiés arrivés au Canada, Iskender Arabatlian et sa famille refont leur vie à Montréal dès 2015. Leur intégration a été facilitée par le soutien et les services du Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI).

J’ai rendez-vous avec M. Arabatlian au CACI, dont le siège social est situé sur le boulevard Laurentien à Cartierville. Ce centre dessert toute la population de Montréal, en particulier celle du nord de l’île, dont le district de Bordeaux-Cartierville à Ahuntsic-Cartierville.

«Venez me rejoindre dans le bureau de Monsieur Jacques», me dit au téléphone celui que je cherche en vain du regard parmi la foule à la réception. Iskender Arabatlian m’attend dans le bureau de Jacques Penel, chef des Communications et du Développement.

Refaire sa vie au Québec

D’une voix douce teintée d’un accent mélodieux, il me raconte son arrivée à Montréal. Ayant fait une demande à l’ambassade du Canada au Liban, où se trouve la circonscription consulaire de la Syrie, M. Arabatlian a obtenu une réponse positive en 2015.

«J’ai alors dit que je ne pouvais pas partir sans ma famille. Si je voulais quitter mon pays, ce n’était pas pour moi, mais pour que mes enfants aient une meilleure vie au Canada. Ma femme, mes deux fils et l’une de mes deux filles ont finalement tous été acceptés, l’autre vit déjà en Amérique, à Los Angeles.»

À son arrivée à Montréal, la famille Arabatlian, d’origine arménienne, reçoit du soutien du Hay Doun, une fondation arménienne qui accueille les nouveaux arrivants.

«C’est cet organisme qui nous a conseillé d’aller au CACI [à l’ancien emplacement, rue de Salaberry], précise le père de famille. Le CACI a été cette main qu’on nous a tendue pour nous aider», entre autres pour les cours de francisation et pour remplir tout plein de papiers administratifs.

En plus d’avoir suivi des cours de francisation puis d’avoir, à son tour, enseigné le français aux aînés, M. Arabatlian a participé à plusieurs activités offertes par le CACI, dont des sorties culturelles qui ont pour but de mieux faire connaître et comprendre la société québécoise.

«La Grande bibliothèque à Montréal, la ville de Québec, le Festival des tulipes à Ottawa, la maison de l’érable… comment on dit, déjà?», interroge-t-il. «La cabane à sucre», lui répond Jacques Penel en souriant.

Bien occupé

Iskender Arabatlian a également fait partie du groupe PAAS Action, pour lequel il était bénévole pendant près de deux ans. Financé par Emploi-Québec, ce programme soutient les personnes bénéficiant de l’aide sociale et ayant des difficultés d’intégration socioprofessionnelle dans leur préparation à l’emploi et leur maintien en poste.

Actuellement, il est impliqué dans un programme de jardinage pour aînés… sur le toit du CACI! Les participants se partagent les récoltes de légumes et de fines herbes — concombres, tomates, piments, menthe, persil, etc. «Quand on a des surplus, on les apporte aux banques alimentaires», déclare-t-il.

Pas étonnant que le septuagénaire soit si à l’aise dans les locaux du CACI : il y est très souvent, car il s’y sent comme à la maison, du rez-de-chaussée au jardin sur le toit! «Quand je suis ici, je ne vois plus mon passé [qu’il n’a pas eu facile, avec la guerre en Syrie]. Je vis le moment présent.»

Il passe quand même du temps chez lui, à 200 mètres de l’école que fréquentent ses petits-enfants. «Mon épouse les accueille après les cours», dit le fier grand-papa de trois petits-fils et d’une petite-fille.

Iskender Arabatlian, qui aura 80 ans en mars 2025, a encore un peu de temps libre pour… écrire un livre! «Je prépare un dictionnaire sur les plantes, en quatre langues : français, latin, arménien et turc, qui fera environ 480 pages», précise-t-il.

Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI)

Le siège social du CACI a déménagé en 2020 dans le bâtiment actuel de cinq étages, au 12049, boulevard Laurentien, au coin de la rue Périnault. Sa capacité était largement dépassée, la clientèle se faisant de plus en plus nombreuse.

L’édifice de la rue Salaberry a été rasé et on a construit au même emplacement un nouveau point de service qui a ouvert ses portes en avril 2024, inauguré officiellement le 29 août. Le Journal des voisins avait évoqué la construction du nouveau bâtiment, en 2022 (journaldesvoisins.com/un-autre-nouveau-batiment-pour-le-caci).



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