Pour faire suite à l’annulation des différentes prestations culturelles qui étaient prévues au printemps dernier, la mairesse Valérie Plante a décidé de d’aider financièrement les artistes, les travailleurs culturels et les organismes pour les spectacles, les expositions et les activités culturelles qui ont été annulés, et ce, dans la majorité des arrondissements, incluant celui d’Ahuntsic-Cartierville. Cette décision s’est prise malgré l’obtention de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) par la majorité de ces artistes.

Résiliations de contrats

Le confinement a causé plusieurs problèmes économiques et le milieu de la culture n’y échappe pas. Depuis le mois de mars, le nombre de spectacles et d’activités culturelles annulés est inquiétant.

En raison de ces annulations, le conseil d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville n’avait d’autre choix que de mettre fin aux contrats qu’il avait signés préalablement avec les artistes.

« En vertu de la loi, l’arrondissement ne peut payer un artiste, ou toute personne physique, pour un service non rendu. Ce n’est pas en notre pouvoir de subventionner des artistes », nous explique Émilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville, en entrevue avec Journaldesvoisins.com.

Toutefois, l’article 91 de la Loi sur les compétences municipales (RLRQ, chapitre C-47.1) permet à la Ville de Montréal de subventionner une personne dans le besoin.

C’est donc par cet article de la Loi que le conseil d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville a pu assurer une subvention à ses artistes, qu’il considère dans le besoin.

Situation extraordinaire, solution extraordinaire

Néanmoins, ce pouvoir relève des compétences du comité exécutif de la Ville de Montréal, dont fait partie Mme Thuillier, et non de l’arrondissement.

Ainsi, il a été confirmé, dans la séance ordinaire du conseil d’arrondissement du 8 juin 2020, que l’arrondissement avait résilié les contrats avec ses artistes en avril dernier, mais qu’il recommandait au comité exécutif de subventionner ses artistes pour le même montant que celui des contrats résiliés.

À la suite de cette recommandation, le comité exécutif a accepté d’offrir ces subventions.

Pour l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville uniquement, ces subventions aux artistes totalisent un montant de 24 000 $ qui a été payé en mai 2020. Le montant total de ces subventions pour l’ensemble des 19 arrondissements nous est encore inconnu.

Bien que la décision ait été prise par le comité exécutif de la Ville de Montréal, la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville nous confirme que l’argent de la subvention a été pris dans le budget de l’arrondissement.

Des subventions…mais des compressions?

Les artistes ne sont pas les mieux nantis de la société. En outre, ils ont dû préparer à l’avance les spectacles et expositions qu’ils devaient présenter et dont les prestations ont été annulées à cause de la pandémie. Toutefois, les difficultés économiques se sont également fait sentir pour la Ville de Montréal et ses nombreux arrondissements.

Étant donné que la Ville ne peut se permettre d’enregistrer de déficit, la mairesse Valérie Plante doit jongler avec les nombreuses pertes de revenus et les demandes qui s’accumulent depuis le début de la pandémie. Un sondage a également été fait auprès de la population montréalaise dans le but d’aider l’administration Plante à prévoir quels services devraient éventuellement écoper de compressions au sein de l’appareil municipal, compte tenu des pertes de revenus.

La mairesse de Montréal a d’ailleurs publiquement signalé que la Ville manquerait de revenus et qu’elle se demandait où était l’aide du gouvernement du Canada et du Québec.

Pourquoi pas la seule PCU?

Au moment où la décision de subventionner les artistes a été prise par la Ville, la PCU était déjà devenue disponible pour les travailleurs autonomes, dont les artistes. Les recherches menées par le JDV le confirment : les artistes, tout comme les autres travailleurs autonomes ayant perdu leurs contrats ou leurs mandats, avaient donc droit à cette prestation, bien qu’ils n’aient pas fait partie de la première vague de travailleurs bénéficiaires de la PCU. Évidemment, la situation est au cas par cas, mais ils y avaient droit en majorité.

Questionnée à ce sujet, la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville dit «qu’ils n’ont pas tenté de savoir si les artistes avaient droit à la PCU. »

 

De fait, M. Desgroseilliers, directeur du cabinet de Mme Thuillier, nous confirme après coup que « les artistes pour qui les cachets étaient remboursés avaient droit à la PCU et que certains l’ont effectivement perçue ».

« Nous leur donnions le choix de recevoir ou non le cachet, justement pour qu’ils puissent bénéficier de cette prestation du fédéral. Dans le cas de notre arrondissement, tous les artistes ont accepté de recevoir le cachet, c’est donc dire que le montant qui leur revenait n’était pas suffisamment élevé pour nuire à leur PCU », ajoute ce dernier.

Alors que ce phénomène s’est aussi produit dans la majorité des arrondissements de la Ville de Montréal, certains citoyens se questionnent à savoir pourquoi ces artistes ont eu droit à des subventions en plus de la PCU, alors que les autres travailleurs devaient se contenter de la seule PCU.

« Afin de soutenir le milieu culturel, très durement touché par cette situation, répond M. Desgroseilliers. La logique de ce geste est de reconnaître que les artistes sont tous ou presque des travailleurs précaires, voire très précaires, et que ce milieu, comme on le voit actuellement, restera un des plus fragiles pendant toute la durée de la pandémie. »

Finalement, on nous assure que la décision vient de la mairesse de Montréal, Valérie Plante qui, rapidement après le début de la première vague de COVID, a souhaité encourager le milieu culturel.



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