Corridor sanitaire de la Promenade Fleury (Photo : Philippe Rachiele, JDV)

L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville a commencé à démanteler certains corridors sanitaires installés pour la pandémie de Covid-19. Les autres demeureront pour l’été, même si, parfois, ça déborde de partout.

Plusieurs citoyens se plaignent que le corridor sanitaire de la rue Fleury, sur La Promenade, est parfois engorgé. Malgré les affichettes incitant les citoyens à ne pas se servir des blocs de béton comme bancs, plusieurs s’y installent pour déguster leur crème glacée. Résultat : il se produit des engorgements. Les règles de distanciation physique sont alors de moins en moins ou pas respectées ces jours-là.

« Quand il a fait très beau, fin mai, il y avait plein de monde cordé devant les crèmeries et un peu partout dans les corridors », commente Denise Trudel, une citoyenne qui est intervenue publiquement sur le sujet, notamment sur la page Facebook le Bazar d’Ahuntsic.

Mme Trudel y a même publié des photos sur le phénomène. Elle a récolté plusieurs dizaines de commentaires, tous des gens d’accord avec elle.

« Le problème s’est souvent répété depuis et je me demande si l’ouverture des terrasses va l’empirer, s’interroge-t-elle. Devant des épiceries, comme Rachelle-Béry, le corridor n’est pas large et la file d’attente diminue la marge de manœuvre des personnes qui passent par là. Les gens se frôlent souvent dans les corridors. »

Interrogée à ce sujet, la mairesse de l’arrondissement, Émilie Thuillier précise que pour que cela fonctionne, les autorités doivent pouvoir compter sur la collaboration et le bon jugement des commerçants et des résidants.

« Je les utilise tous les jours, confie la mairesse de l’arrondissement, Émilie Thuillier. Ils sont très utiles pour permettre une bonne fluidité, malgré les files d’attente. On a mis des affiches sur les blocs de béton pour avertir le public qu’il est interdit de s’y asseoir. . Souvent devant les crèmeries, les commerçants demandent au public de se disperser, mais on ne peut pas leur demander de jouer le rôle des policiers. Et ces derniers sont les seuls avec les pouvoirs de coercition pour faire respecter les règles sanitaires. Et ils interviennent quand il le faut. »

La mairesse estime que les couloirs fonctionnent plutôt bien et que les gens vont apprendre à s’y adapter avec le temps.

« D’un point de vue sanitaire, ce serait bien pire sans les corridors », ajoute-t-elle.

Ailleurs, les corridors installés sur Saint-Laurent et Henri-Bourassa étaient sous-utilisés ou carrément boudés par la population. L’arrondissement a donc entrepris de les démanteler.

Cartierville, à part

Certains citoyens se plaignent qu’il n’y ait aucun corridor sanitaire dans Cartierville. Effie Giannou, conseillère de Bordeaux-Cartierville, a proposé quelques tracés, là où, d’ordinaire, il y a des files d’attente devant les commerces.

« On a finalement rejeté l’idée, car, contrairement à la rue Fleury par exemple, il y a amplement d’espace sur les trottoirs, les terrains privés et les stationnements pour que les gens puissent circuler en maintenant la distanciation sociale, commente l’élue. C’est le cas autour des endroits les plus achalandés : les Galeries Normandie et, en face, la pharmacie Jean Coutu, sur le boul. Salaberry, ainsi que l’autre pharmacie Jean Coutu sur le boul. Gouin, angle Ranger, et le Marché C&T, boul. Laurentien, angle Émile-Nelligan.»

Piétonnisation

Denise Trudel reconnaît que l’arrondissement a fait les efforts qu’il fallait. Mais elle aimerait que les autorités aillent plus loin : en transformant carrément la rue Fleury Est  en artère piétonne jusqu’à la fin de la pandémie.

Une solution que rejette d’emblée la mairesse de l’arrondissement.

« On a choisi de travailler avec les sociétés de développement commercial (SDC) pour trancher cette question, dit-elle. Elles ont sondé leurs membres et l’approche a différé entre Promenade Fleury et Fleury Ouest. Comme élus, nous sommes confortables avec ces décisions, car ces organismes sont proches de leurs membres et connaissent leur opinion. »

Mme Thuillier reconnaît qu’en matière de Covid-19, rien n’est jamais noir et blanc.

Pour les dirigeants de la Promenade Fleury, qui s’étend entre Saint-Hubert et Papineau, tout est une question de géographie et de public cible.

« Pour toutes les artères commerciales de Montréal, les décisions sont prises en fonction de la densité de la population locale, la provenance de la clientèle, le mix commercial (restaurateurs, vie nocturne, bureaux, professionnels, commerce locaux ou de destination, services publics) », explique François Morin, directeur général de la Promenade Fleury.

Concernant la non-piétonnisation de La Promenade, M. Morin signale que la situation pourrait être différente l’an prochain.

« On a rejeté l’idée de piétonniser 100% de la rue surtout à cause de facteurs extérieurs, comme les travaux sur les rues Sauriol et Prieur, qui compliquent la mobilité est-ouest pour piétons, cyclistes et automobiles, et qui sont parallèles à notre rue, dit-il. Cela dit, ça pourrait être différent l’an prochain. On verra! »

M. Morin reconnaît que certains usagers de la rue ne respectent pas les consignes et finissent par s’agglutiner, notamment autour des crèmeries. Il demande à la population de respecter la signalisation et les consignes :

« Un corridor, c’est fait pour passer », dit-il.

Sur Fleury Ouest, on a opté pour piétonniser une partie de la rue à 100%. Pour ce tronçon de la rue Fleury, qui s’étend de la rue Tolhurst à Saint-Laurent, la piétonnisation allait de soi, pour Maude Théroux-Séguin, présidente du conseil d’administration de la SDC Quartier-Fleury Ouest. On espère donc que Fleury Ouest devienne ainsi une destination, qui permettra d’attirer également une clientèle venant de l’extérieur du quartier.

Il faudra donc attendre à la fin de l’été pour mesurer l’impact de toutes ces expériences menées à l’occasion de la première pandémie mondiale de grande ampleur depuis la grippe espagnole, il y a un siècle.



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