Isabelle Prévost-Lamoureux et sa mère Hélène Prévost, propriétaires de la Librairie Fleury. (Photo: Toma Iczkovits, collaboration spéciale)

Aujourd’hui, le 8 mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes. À l’occasion de cette date, le Journal des voisins met à l’honneur les femmes entrepreneures de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Retrouvez les portraits de celles qui font notre territoire en trois chapitres, sur notre site web.

Selon les données de l’Indice entrepreneurial québécois de 2021, le taux des nouveaux propriétaires (en activité depuis moins d’un an) est bien plus élevé chez les femmes que chez les hommes: 64,8 % sont des femmes entrepreneures à la tête de jeunes entreprises.

Les femmes seraient donc bien plus amènes aujourd’hui à se lancer en affaires avec témérité, étant deux fois plus nombreuses que leurs pairs masculins à la tête de leur entreprise depuis moins d’un an.

Le Journal des voisins vous invite aujourd’hui à la rencontre de femmes ambitieuses d’un des secteurs les plus attractifs de notre territoire: la Promenade Fleury (ou Fleury Est).

Une histoire de famille

Isabelle Prévost-Lamoureux et sa mère Hélène Prévost, propriétaires de la Librairie Fleury. (Photo : Toma Iczkovits, collaboration spéciale)

Isabelle Prévost-Lamoureux et Hélène Prévost, cheffes d’entreprises et propriétaires de la Librairie Fleury, située au 1308, rue Fleury Est.

En 2016, alors qu’elle se promène sur la rue Fleury Est comme à son habitude, Hélène Prévost remarque un local à louer. Elle pense tout de suite à sa fille, Isabelle, avec laquelle elle parle d’ouvrir une librairie depuis de nombreuses années, comme un rêve qu’on caresse.

Résidante du quartier Ahuntsic depuis 21 ans, Hélène partage le même amour de la rue Fleury que sa fille. Quelle aubaine alors pour elles d’y lancer leur aventure! Elles n’hésitent pas à foncer quand l’occasion se présente et ouvrent officiellement boutique à la vente-trottoir de la Promenade en 2016:

«Toutes les deux, on est créatives, nos idées se rejoignent. Il y a même un petit peu de folie, on sort de notre zone de confort… on ose ensemble!» témoigne Hélène Prévost, copropriétaire de la Librairie Fleury, la main sur l’épaule de sa chère collaboratrice, sa fille Isabelle Prévost-Lamoureux.

L’amour de la littérature est né dans la famille Prévost avec Hélène. Sa mère, peu friande de livres, avait toutefois toujours un dicton pour parler de sa fille: «Elle, quand elle lit, le ciel pourrait nous tomber sur la tête qu’elle resterait là!» C’est donc avec émotion qu’Hélène partage aujourd’hui cette relation si spéciale avec sa propre fille et leur affection particulière pour la prose.

Isabelle Prévost-Lamoureux connaît justement très bien le milieu du livre puisqu’elle a travaillé comme libraire durant huit ans dans une autre enseigne, avant de passer aussi deux ans comme bibliothécaire… à la bibliothèque Ahuntsic! Ce dernier emploi lui offre des collègues en or – qui lui rendent visite encore aujourd’hui –, mais elle s’ennuie vite du contact humain: les bibliothèques adoptent en effet de plus en plus le système automatisé.

Forte de son expérience dans le milieu, Isabelle saute les pieds joints dans le projet d’ouvrir une librairie avec sa mère. Les premiers enjeux de l’affaire se présentent lors d’un rendez-vous avec PME Montréal, où un représentant semble penser qu’elles manquent d’ambition: «C’était peut-être parce qu’on était trop amateures. On n’avait pas des visions assez grosses pour lui», témoigne Isabelle. Elle raconte avoir dû présenter un plan sur cinq ans, alors que les deux femmes préféraient un certain pragmatisme et assurer leur argent.

C’est finalement avec un prêt de sécurité que mère et fille lance leur entreprise au rythme de leur propre partition. Isabelle, quant à elle, profite déjà de ses contacts existants dans le milieu, notamment les représentants en librairie.

Aujourd’hui, la Librairie Fleury est bien connue de tout l’arrondissement. Le commerce est établi, a sa propre clientèle et ne serait jamais là sans le quartier, selon Hélène. «C’est familial, on a un fort sentiment d’appartenance. Ils nous ont adoptées et on dit que c’est pour la vie», explique l’entrepreneure, très émue.

Le quartier leur rend justement très bien: ici, à la Librairie Fleury, les clients se font appeler par leur prénom, les femmes enceintes reviennent des années plus tard avec de nouveaux (jeunes) clients, et une cliente vient même pleurer chez elles lorsqu’elle perd son portefeuille dans un autre commerce de la rue.

Un «service privilégié» et bienveillant est donc d’ordre dans l’établissement de ce duo mère-fille. C’est par celui-là même qu’elles ont gagné leur clientèle durant la pandémie, avec des livraisons sur mesure, par exemple.

Si elles avaient un ouvrage à conseiller aux femmes à l’occasion du 8 mars? La femme qui fuit de l’auteure Anaïs Barbeau-Lavalette. Isabelle en est encore émue chaque fois qu’elle le recommande à ses clientes.

Et un conseil aux nouvelles entrepreneures? «Oser être ambitieuse!» tonne la jeune femme, notant qu’elle et sa mère osent de plus en plus parler aux assemblées de la Société de développement commercial (SDC) Promenade Fleury, ou qu’elles rêvent encore à agrandir un jour la boutique.

Du bruit dans la cuisine

Amélie Couturier, pâtissière et propriétaire de Fabrique Caramel. (Photo: Toma Iczkovits, collaboration spéciale)

Amélie Couturier, pâtissière et propriétaire de Fabrique Caramel, situé au 1308 rue Fleury Est.

Un peu plus haut sur la Promenade Fleury, une autre institution bien connue du quartier est tenue par une femme entrepreneure: Fabrique Caramel émerveille les résidants depuis janvier 2018 par ses recettes gourmandes.

Amélie Couturier représente bien les histoires à succès de reconversion. D’abord graphiste en arts visuels, elle travaille pendant dix ans dans le milieu de la mode et du design avant de se poser la vraie question: «Qu’est-ce que je vais faire de ma vie?» Ennuyée par ce quotidien mené de 9 à 5 devant l’ordinateur, Amélie se laisse vite rattraper par son amour du manuel et de la pâtisserie.

Elle suit alors le cours de pâtisserie à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, (ITHQ) où elle rencontre sa première collaboratrice – qui ne fait plus partie de l’entreprise aujourd’hui –, avec laquelle elle décide d’ouvrir Fabrique Caramel.

Le concept: des gourmandises de saison et faites maison. «L’idée c’est qu’on prend des classiques et qu’on va les travailler, les twister», explique Amélie, en soulignant que tous ses produits sont faits de A à Z, dans la petite cuisine ouverte en arrière-boutique.

Certains classiques ne quittent jamais les étalages de Fabrique Caramel: gâteau au fromage et au caramel au beurre salé, gâteau à la carotte, chocolats et caramel. Voilà bien des merveilles qui enchantent ses clients qui «seraient vraiment fâchés» de les voir disparaître, selon la jeune entrepreneure.

L’affaire est aujourd’hui menée de front par Amélie, qui vit des défis quotidiens «comme n’importe quel entrepreneur»: planification à long terme, pénurie de main-d’œuvre, horaires à rallonge, etc.

Pour la jeune femme, le plus gros enjeu d’être entrepreneure reste de «doser le côté famille et business, veux-veux pas». Pour elle, les projets de famille sont laissés de côté pour l’instant, par manque de temps.

Amélie Couturier, propriétaire de Fabrique Caramel. (Photo: Toma Iczkovits, collaboration spéciale)

«J’ai décidé d’ouvrir Fabrique Caramel parce que c’est aussi un bébé en soi. C’est valorisant de voir ça arriver à terme puis de voir que ça fonctionne», témoigne la pâtissière, qui cite le changement de conditions de vie comme l’une des plus grandes difficultés de son nouveau projet.

Travailler lorsque tout le monde est en congé, c’est un sacrifice qu’Amélie offre avec plaisir: «Ce sont mes moments forts, c’est là que l’affaire marche!»

Et sa clientèle le lui rend bien. Si ses clients sont majoritairement des résidants d’Ahuntsic-Cartierville, elle voit passer dans son commerce de plus en plus de clientèle de passage: «Beaucoup viennent aussi de Laval ou de la rive Nord. D’autres habitaient le quartier auparavant et, quand ils peuvent, viennent ici», sourit Amélie, résidante de Cartierville.

Aujourd’hui, Amélie Couturier n’a pas le temps de s’ennuyer. Si son affaire est encore jeune, elle tourne à plein régime! À tel point que son mari y travaille maintenant lui aussi à temps plein, ce qui permet à l’entrepreneure de souffler lorsqu’elle en a besoin.

Ce texte est le dernier chapitre de notre dossier Femmes entrepreneures:

Femmes entrepreneures: le District Central (6 mars 2023)

Femmes entrepreneures: Youville (7 mars 2023)

 



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