Le 31 mars dernier, la Commission scolaire de Montréal a annoncé — non sans fracas — qu’elle augmenterait le loyer de ses 68 « immeubles excédentaires » qu’elle loue à des groupes communautaires, qui occupent ces établissements scolaires inutilisés par la CSDM. Si ces augmentations de loyer sont inévitables pour la CSDM, elles cassent les reins de plusieurs organismes communautaires.  Ces derniers ont protesté devant les membres du conseil des commissaires de la CSDM en mai dernier.

« On n’obtient aucun financement du gouvernement du Québec pour l’entretien des immeubles excédentaires. Il faut donc s’autofinancer pour veiller au maintien de ces immeubles-là », plaide la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon.

Après cinq années de compressions en éducation, la CSDM ne peut se permettre de piger dans le budget destiné aux services aux élèves pour limiter les augmentations de loyer auxquelles font face les organismes locataires dont le bail vient à échéance, explique Mme Harel Bourdon.

Le cas de l’école Félix-Antoine

L’école Félix-Antoine, qui offre une formation aux adultes raccrocheurs, a appris qu’elle fera face à une augmentation de loyer de 8 000 $, une hausse non négligeable pour l’OBNL dont le budget annuel frôle les 50 000 $. Or, contrairement au Créca et au Centre communautaire Ahuntsic, qui font eux aussi face à des hausses de loyer, l’école Félix-Antoine ne pourra compter sur l’aide de l’arrondissement pour acquitter des frais supplémentaires.

L’école Félix-Antoine, qui loue huit locaux à la CSDM, reçoit une cinquantaine de jeunes adultes raccrocheurs qui n’ont pu terminer leurs études secondaires en raison de problèmes d’apprentissage.

En plus de cette hausse de loyer, l’école pour adultes ne peut recevoir de subvention de la part du ministère de l’Éducation. La loi actuelle ne permet pas le financement de la formation aux adultes au secteur privé, alors qu’il existe déjà une offre dans le réseau public.

« Cette raison-là n’est pas fausse. Par contre, après 21 ans, il faut trouver une solution de rechange à la loi, souligne Denise Mayano, directrice de l’école Félix-Antoine, qui survit uniquement grâce à des dons publics, non sans difficulté.

Denise Mayano, directrice de l’école Félix-Antoine (Photo: archives jdv)

Pour Mme Mayano, il ne fait pas de doute que son établissement offre « un service pratiquement public », bien que les dispositions législatives empêchent le gouvernement de financer les écoles privées offrant une formation aux adultes.

« Nous aidons des gens qui en plus d’avoir des troubles d’apprentissage n’ont pas les moyens de défrayer d’énormes coûts », avoue Mme Mayano, qui demande 25 $ par année aux étudiants en mesure de les débourser.

La CSDM réagit

Consciente que les augmentations de loyer annoncées par la CSDM ne se feront pas sans heurts, Catherine Harel Bourdon rappelle que certains organismes communautaires pourront profiter de tarifs préférentiels. La hausse de loyer se limitera donc à 9 $ du pied carré, au lieu des 14 $ prévus.

« Nous sommes conscients que les organismes communautaires peuvent avoir de la difficulté à joindre les deux bouts », indique la présidente de la CSDM.

Qu’à cela ne tienne, la CSDM, qui accueille un nombre croissant d’élèves, doit d’abord être en mesure de répondre à ses propres besoins, analyse Mme Harel Bourdon.

L’arrondissement pousse à la roue, à une exception près

Ailleurs dans Ahuntsic-Cartierville, le Centre d’éducation populaire autonome (Créca) fait face à une augmentation de loyer qui s’élève à 42 %. Or, l’arrondissement lui a remis une subvention de 16 000 $, soit l’équivalent de la totalité de l’augmentation de loyer.

Les employés des divers groupes communautaires qui ont pignon sur rue au Centre communautaire Ahuntsic (Photo: archives jdv)

Le Centre communautaire d’Ahuntsic peut lui aussi compter sur l’aide de l’arrondissement, contrairement à l’école Félix-Antoine. Le secteur scolaire ne relève pas du milieu municipal, alors que les OBNL y sont reliés sans y être assujettis.

Face à la situation, la directrice du Créca, Claude Ampleman, ne jette pas le blâme exclusivement sur la CSDM, arguant que la commission scolaire doit d’abord s’assurer d’un financement adéquat pour l’éducation publique.

« Ce n’est pas à la CSDM de régler tous les problèmes. Le gouvernement ainsi que la Ville doivent trouver également des solutions à long terme », affirme Mme Ampleman.

« Notre mission première, c’est l’éducation des élèves », confirme la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon. [Et si les loyers ne sont pas augmentés], le déficit d’entretien va s’aggraver, et nous ne serons plus en mesure de faire les travaux nécessaires », poursuit-elle.

La directrice du Créca en veut toutefois aux ministères qui financent les organismes communautaires, soutenant qu’ils ne les appuient jamais assez « pour qu’ils soient autonomes pour payer leur loyer ».

Pétition déposée à Québec

Une pétition a été déposée le 13 juin à l’Assemblée nationale par la députée de Crémazie, Marie Montpetit. Au-delà de l’aide financière de dernier recours, Denise Mayano espère que Québec reconnaîtra son école comme un organisme pouvant légitimement recevoir des fonds gouvernementaux.

« On demande non seulement au gouvernement de trouver une voie de financement, mais aussi de nous considérer comme un projet alternatif pour les adultes », souhaite Mme Mayano.

La présidente de la CSDM, quant à elle, se dit prête à rédiger une lettre d’appui pour soutenir l’école Félix-Antoine dans ses démarches.



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