Puisard déborde
Le sous-sol de Douglas Long a été inondé jusqu’à 5 pouces (environ 12 cm), le 9 août dernier. Photo : Nora Azouz / JDV

Une semaine après les pluies diluviennes historiques du vendredi 9 août, des résidents du bas de la rue Tolhurst, à proximité de la rivière des Prairies, ont vu leur sous-sol inondé jusqu’à un pied et demi. Le JDV en a rencontré deux, toujours en état de sidération.

Entre 145 et 157 millimètres de pluie sont tombés à Montréal le 9 août, un record depuis le 8 novembre 1996, selon Environnement Canada!
«Rapidement, notre pompe submersible, n’a pas suffi, raconte Douglas Long, résident de la rue Tolhurst. Il a fallu que je m’en procure deux supplémentaires auprès du voisinage, confie-t-il.»

Dans l’après-midi du 9 août, tandis que la pluie tombe sans discontinuer depuis le matin, l’eau commence à s’infiltrer par le cabinet de toilette et par la douche situés dans le sous-sol aménagé de sa maison.

Le soir même, Douglas parvient à récupérer une troisième pompe chez un autre voisin. C’est seulement à ce moment-là que la «progression de l’eau a pu être stoppée».
Dans le sous-sol, le niveau de l’eau a ainsi atteint 5 pouces et «vers 22 h 30, l’eau s’est progressivement résorbée».

Sous-sol inondé
Tout le parquet du sous-sol a été souillé. Photo : capture d’écran tirée d’une vidéo de Douglas Long

Sidération dans le voisinage

Très vite, Douglas et son épouse Diane ont demandé du renfort à des membres de leur famille et à un voisin; un frère est ainsi venu aider pendant plusieurs jours.
«C’est un épisode très stressant et nous n’avons eu aucune information de l’Arrondissement, regrette-t-il.»

D’autant que, dans le secteur, tout le monde n’a pas eu ni la présence d’esprit ni la possibilité de se procurer trois pompes pour venir à bout de ce phénomène météorologique historique.
Le niveau de l’eau a même atteint un pied et demi chez l’un des riverains. En tout, huit voisins de Douglas ont subi des dommages matériels importants.
Ainsi, un résident qui collectionne les automobiles venait d’acquérir une belle pièce et comme son garage a été inondé, «les éléments électroniques [de la nouvelle acquisition] ne fonctionnent plus».

Des canalisations surchargées

«Je vis ici depuis 1976, de telles intempéries ne se sont jamais produites, témoigne Douglas. Le réseau pluvial n’a pas su répondre. Pourtant, en 2016, la Ville a littéralement “ouvert” la rue pour refaire toutes les canalisations des réseaux [sanitaire et pluvial]. Cela avait duré six mois! Pour quel résultat!
Nous avons dû assécher, déblayer, sortir les rebuts à la main jusqu’au coin de la rue, énonce-t-il. À la Ville et à l’Arrondissement c’est silence radio. J’ai appelé le 311 pour les rebuts industriels, mais rien ne se passe encore [reportage effectué le 15 août, depuis, la collecte a été annoncée pour les jours qui viennent]. Certains de mes voisins ont dû faire appel à des services privés.»

Puisard engorgé
Le 9 août dernier, le puisard a débordé pendant plusieurs heures. Photo : capture d’écran tirée d’une vidéo de Douglas Long

De son côté, l’Arrondissement semble avoir géré les priorités : «Les premières mesures ont été de sécuriser les infrastructures et de trouver un moyen de baisser le niveau d’eau dans les nombreux viaducs de l’arrondissement, indique Emilie Miskdjian, chargée de communication à l’Arrondissement. Une première collecte spéciale pour les sinistré(e)s a eu lieu mercredi dans les rues Poincaré, François-Dugas et Bois-de-Boulogne, précise-t-elle. Les collectes régulières des ordures ménagères prennent également en charge le ramassage des rebuts en bordure de rue selon l’horaire [habituel] de collecte. Des collectes spéciales pour les sinistré(e)s se poursuivent tout au long de cette fin de semaine dans les rues touchées. Il est ainsi prévu que nos équipes passent sur la rue Tolhurst cette fin de semaine [au moment de la publication de notre article, des éboueurs étaient bel et bien passés, néanmoins la collecte de tous les rebuts n’avait toujours pas été effectuée, mais elle avait été programmée].»

Plusieurs appels au 311

«Malgré la réfection complète des canalisations, le réseau s’est retrouvé surchargé, causant de nombreux refoulements», déplore aussi l’Arrondissement qui a ouvert 49 dossiers de refoulement ou d’infiltration dans les maisons de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville (voir encadré ci-dessous).

49 dossiers enregistrés
Entre le 9 et le 15 août 2024, 49 foyers ont signalé au 311 des dommages consécutivement aux pluies du 9 août. Ces requêtes se répartissent ainsi :
9 août : 24 requêtes
10 août : 16 requêtes
11 août : 1 requête
12 août : 5 requêtes
15 août : 3 requêtes
Source : Arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville
L’heure des comptes

Après l’entraide salvatrice des voisins et de la famille, Douglas et son épouse doivent désormais réhabiliter l’intégralité du sous-sol de leur maison. Ils envisagent de renforcer la plomberie et de remplacer : les planchers de bois franc dans la salle familiale et le bureau; le carrelage des salles de bain; la bibliothèque en cèdre; les meubles du lavabo de la salle de bain et du bar; certains appareils électroménagers au sous-sol, c’est-à-dire le réfrigérateur, le déshumidificateur, etc.
Fort heureusement, le dossier de réclamation est ouvert auprès de l’assureur avec un avenant souscrit deux ans auparavant, supérieur à celui de base de 10 000 $. Il prévoit les refoulements d’égouts. Malheureusement, tous n’ont pas été aussi prudents.

Aspirateur à eau utilisé depuis plusieurs jours
«Depuis une semaine, on utilise un aspirateur à eau pour tout sécher» – Alexandre De Luca, riverain. Photo : Nora Azouz / JDV

Alexandre De Luca vit dans une maison du voisinage. Sa famille a constaté des infiltrations au sous-sol allant jusqu’à «un pied et demi» [45 cm environ]. Dans un premier temps, il a fallu aspirer l’eau avec plusieurs pompes, nettoyer, désinfecter, ouvrir le mur, en attendant d’effectuer une véritable remise à neuf. La famille a aussi installé un déshumidificateur et utilise depuis plusieurs jours «un aspirateur à eau pour tout sécher».
Une expérience traumatisante pour les résidents de la rue Tolhurst que personne ne souhaite jamais revivre.

Lire aussi : La saison des inondations est à nos portes



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