La bibliothèque et espace culturel du Cœur-Nomade a remporté un prix d’architecture de la revue Canadian Architect pour sa conception dynamique et accueillante. Le bâtiment est grandement inspiré par la production artistique de l’auteur Canado-Haïtien Dany Laferrière.
Les architectes derrière le concept de l’immeuble, un projet interarrondissement entre Ahuntsic-Cartierville et Montréal-Nord, ont remporté le prix du mérite 2022 de la revue Canadian Architect. Ce magazine spécialisé, publié depuis 1955 à Toronto, constitue le périodique national de référence, en matière de concepts d’architecture significatifs et innovants dans tout le pays.
Alors que la majorité des concours d’architecture portent sur des bâtiments complétés, celui-ci se concentre sur des projets qui précèdent la construction ou l’achèvement de la construction d’un bâtiment (mettant ainsi l’accent sur les documents de conception design).
Le projet Cœur-Nomade, qui tire son nom de l’œuvre Vers d’autres rives de Dany Laferrière, accueillera à terme une bibliothèque, un espace culturel et un espace sociocommunautaire sur une superficie totale de 3 900 m2.
Le Journaldesvoisins.com (JDV) avait d’ailleurs parlé de ce projet à l’occasion du vernissage de l’exposition Cœur-Nomade.
Collaboration multiple
Deux firmes d’architecture – ainsi que leurs collaborateurs – sont derrière le concept lauréat : l’agence Affleck de la Riva (ici à Montréal) et l’agence Coarchitecture (située à Québec).
La Ville de Montréal commandait ce projet pour un budget de 25,5 millions de dollars (issus de l’Entente sur le développement culturel de Montréal entre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec) au printemps 2021, dans le cadre de son concours d’architecture pluridisciplinaire. En tout, quatre finalistes ont compétitionné pour la conception du bâtiment.
Le concept lauréat, intitulé « L’arbre qui marche », rejoint pleinement les attentes de la Ville pour le lieu, qu’elle voulait voir résonner avec la communauté immigrante du quartier. Le projet, situé à la limite des arrondissements d’Ahuntsic-Cartierville et de Montréal-Nord, remplit également tous les espoirs en matière de durabilité et de créativité.
Des consultants ont également participé au projet, tels que Guy Mushagalusa Chigoho, fondateur et directeur de la galerie d’art Espace Mushagalusa, qui a aidé à la création de la promenade artistique et son contenu.
Le JDV s’est entretenu avec Richard de la Riva, un des architectes derrière le projet, afin de brosser un portrait plus concret de la future bibliothèque, dont l’ouverture est prévue en novembre 2025.
L’arbre qui marche
Résidant d’Ahuntsic-Cartierville, l’écrivain Dany Laferrière a été la première référence pour les architectes en charge du projet, qui ont exploré ses œuvres pour définir leur concept. Richard de la Riva témoigne que sa production littéraire comprend « de très beaux écrits sur les peuples qui bougent d’un pays à l’autre, l’immigration et l’enracinement [dans une nouvelle] culture ».
L’auteur raconte dans son œuvre que l’Homme est toujours amené à se déplacer et qu’il devient ainsi en quelque sorte « un arbre qui marche » : une image poétique que les architectes ont retranscrite visuellement avec l’effilement des colonnes au rez-de-chaussée. Celles-ci suggèrent alors un léger anthropomorphisme, qui transforme subtilement le bâtiment en animal dressé sur ses pattes.
La serre d’hiver ne manquera pas elle aussi de rappeler les écrits de Dany Laferrière, dénotant le voyage des immigrants cherchant à s’enraciner dans un quartier, à la manière des habitants des deux arrondissements dont 40 % de la population à Ahuntsic-Cartierville et 42 % à Montréal-Nord sont issus de l’immigration.
Le circuit d’art laissera quant à lui une grande place à l’affichage et à la présence d’œuvres d’art dans le jardin du bâtiment, mais aussi réparties dans les étages et les livres. Une collection d’art africain et afro-américain y sera intégrée, mais elle laissera aussi la place à des artistes du quartier.
Richard de la Riva raconte en souriant le pitch original du projet, soit l’argumentaire visant à obtenir le contrat : « […] dans notre approche conceptuelle, on citait Mohamed Ali […] dans ses réflexions un peu légères, mais tellement pertinentes. Il disait que certains gens sont bien refermés de l’extérieur, comme une coquille, mais mou à l’intérieur. »
Il décrit le bâtiment à l’image de cette citation : un bâtiment dur, qui protège, héberge, reçoit. À l’intérieur, un espace chaleureux et accueillant.
La firme Affleck de la Riva n’a pas fini de diffuser son talent dans Montréal : elle vient de remporter un autre concours pour son projet Espace Rivière, un nouveau lieu culturel et communautaire prévu pour 2027 dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.
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Excellent papier qui fait bien le tour de la question de l’architecture du bâtiment et du concours organisé par la Ville pour trouver la firme d’architecture qui fut lauréate. Toutefois, il aurait été intéressant de parler également du ”concours” qui fut organisé pour trouver un nom au bâtiment! Et avant de me faire dire que mon jupon dépasse, je mentionne que ma famille avait participé à ce ”concours” en soumettant le nom de notre paternel qui avait une historique non seulement avec Montréal-Nord, mais également avec le Sault-au-Récollet. Son nom: Antonin Dupont, historien décédé il y a 12 ans maintenant, le spécialiste de l’ère Taschereau. Antonin avait été conseiller municipal dans l’équipe du maire Yves Ryan, dans le district où la future bibliothèque aura pignon sur rue; tout près, de l’autre côté du boulevard Henri-Bourassa, en fait! Il était également le conseiller responsable du dossier des bibliothèques à Montréal-Nord, et le rédacteur-coordonnateur du bulletin de la municipalité tout au long de ses mandats. Il fut également président du c.a. de la Caisse Henri-Bourassa à l’époque, marguiller de la paroisse St-Antoine-Marie-Claret, et président des loisirs de la même paroisse; les trois derniers établissements étant situés dans le Sault. On pourrait écrire bien d’autres choses sur Antonin. Son malheur: c’était un homme blanc, de plus de 50 ans, décédé. En outre, on ne m’a pas convaincue –de sources sûres– que le concours en question n’était pas cousu de fil blanc. D’où évidemment, ma grande déception, et les soupçons au sujet du concours que j’entretiens depuis. D’autres noms avaient également été soumis qui, semble-t-il, ne se sont jamais rendus aux jurys qui avaient été mis sur pied à l’époque.