Le drapeau de la Roumanie
Drapeau roumain (Photo : Vecteezy)

Aujourd’hui, c’est la Fête nationale de la Roumanie. Pour l’occasion, le journaldesvoisins.com (JDV) propose de dessiner un portrait des Roumains de l’arrondissement et de leurs traditions.

Selon les données du recensement de 2016, 235 050 personnes d’origine roumaine sont établies au Canada. La majorité de cette population a élu domicile dans les provinces de l’Ontario, du Québec, mais aussi en Alberta et en Colombie-Britannique.

Au sein de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, les Roumains représentent 1,9 % de la population immigrante avec 1005 individus. Par ailleurs, 915 d’entre eux parlent le roumain comme première langue à la maison.

Le roumain est une langue latine et partage plus de 3000 mots avec le français. Aujourd’hui, 15 % de la population en Roumanie parle français, soit environ 3 millions de personnes. Bucarest était même appelé « Le petit Paris » à une époque.

Cette francophonie fait des Roumains une population immigrante qui fait preuve d’une intégration rapide au Québec.

Le JDV s’est entretenu avec Anca Niculicioiu, travailleuse sociale, arrivée à Montréal en 1994. Elle est directrice générale de la friperie Cartier Émilie, un organisme sans but lucratif situé au 12 395, rue Lachapelle dans l’arrondissement de Cartierville (relocalisé en janvier prochain au nouveau Centre communautaire et culturel Bordeaux-Cartierville). Pour cette Roumaine, la fête du 1er décembre n’est pas une occasion de célébrer son pays et les raisons en sont purement politiques.

« Je pense que cette fête est célébrée selon la tranche d’âge. Moi, j’ai 65 ans et j’ai du recul par rapport à cette date. Depuis que je suis née [NDLR : et jusqu’au terme de la Révolution populaire en 1990], la fête prenait place le 23 août. Auparavant, c’était le 10 mai. Puis maintenant, c’est le 1er décembre », explique Anca Niculicioiu d’un ton dérisoire.

Un peu d’histoire

La Fête nationale de la Roumanie se tient donc actuellement le 1er décembre, une date marquant l’unification de la Transylvanie, de la Bessarabie et de la Bucovine avec le royaume de Roumanie en 1918. Ce jour clé a été choisi comme fête nationale à partir de 1990, à la suite de la chute de Nicolae Ceaușescu sous la Révolution roumaine.

Auparavant, la Roumanie communiste célébrait le 23 août, en lien avec la chute du régime fasciste d’Ion Antonescu. Celui-ci fut renversé en 1944 par un coup d’État mené par la résistance roumaine sous l’égide du roi Michel 1er de Roumanie.

Entre 1866 et 1947, date de l’arrivée au pouvoir des communistes, on célébrait cette fois le 10 mai. Si elle n’est plus la fête nationale aujourd’hui, la date du 10 mai reste toutefois importante pour la Roumanie : elle marque sa prise d’indépendance face à l’Empire Ottoman en 1877.

Pour Anca, il n’y a pas vraiment lieu à célébration le 1er décembre à cause de ces raisons d’ordre politique. Elle soupire ironiquement en énumérant ces dates : « Les Roumains aiment rire de leur malheur. Ils ont un humour semblable à l’humour juif, je dirais. Ils ont du recul par rapport à eux-mêmes. »

 

Anca Niculicioiu
Anca Niculicioiu, directrice générale de la friperie Cartier Émilie, honorée par l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2022, pour son apport significatif à notre communauté. (Photo : courtoisie page Facebook de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville)

Célébrations roumaines

Anca préfère fêter son pays et sa culture le 15 janvier, à l’occasion de la date de naissance d’un poète emblématique roumain : Mihai Eminescu, grande figure du romantisme.

Elle apprécie aussi particulièrement la fête roumaine de l’arrivée du printemps, « Mărţişor » (prononcez «Mart-zi-chor »). Le 1er mars, la coutume invite les hommes à offrir aux femmes un petit couple de cloches fait de deux fils de laine : l’un rouge et l’autre blanc, tissés ensemble. Un petit symbole est bien souvent accroché dessus, comme un flocon de neige, par exemple.

Chaque année, à l’occasion de cette fête, Anca raconte qu’elle attend toujours cette petite attention de la part de « ses garçons ».

Une cuisine riche

En Roumanie comme ailleurs, on aime partager sa culture autour d’un grand repas. À l’occasion des Fêtes, on se délecte d’une soupe aux boulettes de viande appelée ciorba de perişoare ou encore de délicieux cigares au chou, qui portent le nom roumain sarmale.

Ces cigares sont un emblème de la culture roumaine et nécessitent une longue préparation : le chou qui entoure la farce est préparé en saumure, c’est-à-dire qu’il est mariné durant deux mois dans du sel. Ils sont fourrés avec un mélange de viande bouillie mixée avec du riz. On retrouvera bien sûr sur toutes les tables la polenta.

Pour ceux qui souhaitent fêter la Roumanie le 1er décembre, le JDV a repéré une célébration organisée en l’honneur du pays au seul restaurant roumain de Montréal ce soir, au Mamaia, au 4727, rue Saint-Denis. Au rendez-vous : danses et plats traditionnels roumains, avec la performance musicale des chanteuses roumaines Cristina Ermilov et Paula Alecu. Il est nécessaire de réserver votre place.



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