«Il n’y a pas beaucoup de cyclistes sur [la piste] Prieur Ouest! Je peux les compter sur mes doigts», lance une citoyenne à la réunion du conseil d’arrondissement du mois de mai dernier. Une affirmation semblable, «la piste cyclable sur Prieur est très peu utilisée», a aussi été évoquée à l’occasion de la rencontre d’information sur le réaménagement du boulevard Henri-Bourassa du 28 mai dernier. Toujours soucieux de vous fournir de l’information exacte, le Journal des voisins a voulu vérifier cette affirmation lue également sur les réseaux sociaux.
Pour procéder au comptage des cyclistes sur la piste Prieur Ouest, le représentant du JDV s’est posté à l’intersection de la rue Clark et Prieur Ouest. Sur quatre comptages de 10 minutes chacun, le nombre de cyclistes a oscillé entre 17 et 26. Le total est de 88 cyclistes et la moyenne 22 par période de 10 minutes, soit 2,2 cyclistes par minute.
Les heures de comptage ont été choisies au hasard et correspondent aux heures aléatoires de la sortie du fidèle compagnon à quatre pattes de notre journaliste [il se prénomme Pax et il a trouvé le temps d’arrêt de 10 minutes un peu trop long à son goût…].
Les quatre comptages ont eu lieu les 12, 13 et 14 juin (deux le matin et deux en fin d’après-midi). Il faut noter qu’à ces dates les étudiants du Collège Bois-de-Boulogne, avaient déjà terminé leur session de printemps et les étudiants des écoles secondaires environnantes étaient en période d’examen.
Au dernier comptage, le mode de calcul a été un peu modifié. Outre les vélos, le comptage a également tenu compte du nombre de voitures passant sur la rue Prieur Ouest. Le résultat? 20 vélos et 12 voitures. On ne peut pas nécessairement tirer trop de conclusions de cette seule observation réalisée sur une période de 10 minutes. Toutefois, ce résultat semble corroborer celui d’une étude réalisée en octobre 2021. Elle faisait état d’un nombre légèrement supérieur de cyclistes (39 %), par rapport au nombre d’automobilistes (36 %) et celui des piétons (26 %) sur les rues Prieur et Sauriol.
Pas surpris
«J’ai l’impression qu’il y a encore plus de cyclistes sur Prieur Est entre Papineau et le parc Ahuntsic, près de ma demeure », souligne Fernand Doutre, un aîné questionné par le Journal des voisins. M. Doutre n’a pas été surpris non plus de savoir que, selon les données, plus de personnes circulent à vélo comparativement à celles utilisant une auto. «Par exemple, à l’heure de pointe durant l’année scolaire, on peut régulièrement voir des groupes de dizaines de jeunes cyclistes du Mont Saint-Louis rouler sur la piste Prieur», précise-t-il.
Fernand Doutre est convaincu que plus les pistes sont protégées, moins le risque de collisions entre automobilistes et cyclistes est grand.
Il se dit impressionné également par le nombre accru de cyclistes sur le Réseau Express Vélo (REV) sur Berri/Lajeunesse. «Cette année, j’ai même vu des bouchons de cyclistes au coin de Chabanel et Lajeunesse à l’heure de pointe, chose qu’on ne voyait jamais auparavant», ajoute-t-il.
Pour lui, c’est la preuve que plus de personnes sont encouragées à rouler à vélo au fur et à mesure que se développe un réseau de pistes sécuritaires. Ces pistes sont aussi utilisées par les piétons. «Je vois régulièrement des piétons et des parents avec poussettes qui marchent sur la piste cyclable», ajoute-t-il.
M. Doutre fait ses achats surtout à pied et à vélo, ainsi qu’en transport collectif. «J’utilise l’autopartage en moyenne une fois par mois, ainsi que pour les vacances», précise-t-il.
«C’est dur de changer les mentalités influencées par des décennies de lobbyisme et de publicité automobiles», fait-il valoir. L’aîné fait entre autres référence aux commentaires véhiculés sur les réseaux sociaux sur la fréquentation des pistes cyclables par les cyclistes limitée voire nulle .
«S’il fallait enlever les pistes cyclables parce qu’il y a peu d’utilisateurs », dit Fernand Doutre, «alors, selon la même logique, il faudrait enlever l’accès [aux axes routiers] aux voitures si l’on peut prouver qu’elles les fréquentent que des personnes à vélo. C’est totalement irréaliste!», conclut-il.
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