L’exposition Révélations invite le public à découvrir le travail du père de la gravure moderne au Québec, Albert Dumouchel. La rétrospective, qui se tient au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) du 1er décembre 2022 au 26 mars 2023, est l’occasion de (re)découvrir l’œuvre de l’artiste.
La dernière rétrospective de l’artiste s’invitait au Musée d’art contemporain de Montréal en 1974, trois ans après la mort prématurée du graveur. Le MBAM met aujourd’hui en lumière le travail d’Albert Dumouchel avec 35 estampes, dont 10 œuvres exclusives.
Véritable expérimentateur et rassembleur, Albert Dumouchel est une figure majeure pour le développement de l’histoire de l’art au Québec. Artiste autodidacte et multiple – dans ses techniques comme dans ses idées –, il signe le manifeste Prisme d’yeux qui valorisait la liberté d’expression individuelle, publié par Alfred Pellan en 1948.
L’exposition retrace sa large production graphique, qui évolue au même titre que la société québécoise : ses premières œuvres sont baignées de religion, puis son style explore le pictural et l’abstrait, avant de se teinter d’érotisme à la fin de sa vie.
Le journaldesvoisins.com (JDV) revient sur le parcours de cet artiste encore méconnu qui a passé une grande partie de sa vie au Sault-au-Récollet dans la maison David-Dumouchel, située au 1737, boulevard Gouin Est.
Fait à noter, l’édifice où est située la Maison de la culture Ahuntsic a été nommé Albert-Dumouchel, pour souligner son appartenance au quartier. Le journaldesvoisins.com vous invite à consulter sa capsule Opération Patrimoine portant sur l’édifice Albert-Dumouchel.
Autodidacte et pédagogue
Albert Dumouchel est grandement influencé par son expérience à la Montreal Cotton, une usine textile située à Salaberry-de-Valleyfield. Il y rencontre James Lowe, qui l’introduit à ses premières techniques de gravure. Cette expérience textile influencera son art tout au long de sa vie, à la manière de Matisse, comme en témoignent les textures et les motifs présents dans ses œuvres.
Pour Peggy Davis, professeure d’histoire de l’art à l’UQAM, Albert Dumouchel était surtout « un expérimentateur ». Ses estampes montrent en effet une richesse des matières, mais aussi des procédés complexes tels que la technique à l’eau-forte.
« C’est quelqu’un qui travaillait à l’atelier comme au laboratoire, où il expérimentait sans cesse les différents procédés d’estampe et jouait avec les matériaux […] c’est ce qu’il a pu mener conjointement avec ses élèves », explique Peggy Davis, commissaire de l’exposition.
Albert Dumouchel a en effet formé les trois premières générations de graveurs modernes du Québec à l’École des beaux-arts (qui sera intégrée à l’UQAM en 1969). Il comptait parmi ses élèves des artistes aujourd’hui reconnus, tels que Pierre Ayot et Roland Giguère, qui fonde avec l’appui de son maître les éditions Erta en 1949.
Professeur investi et joyeux, Albert Dumouchel disait de lui-même : « Je n’enseigne pas, je m’amuse ». Après les cours, il invite ses élèves à participer à des soirées dans sa maison du Sault-au-Récollet, où il vit avec sa femme, Suzanne Beaudoin-Dumouchel, et où se brassent des idées entre peintres, graveurs, auteurs et musiciens.
La maison David-Dumouchel
Graveuse et peintre, Suzanne Beaudoin présente Albert Dumouchel à de nombreux artistes tels qu’Alfred Pellan. Le père de Suzanne fonde par ailleurs l’École des arts graphiques (qui fait maintenant partie du Collège Ahuntsic) en 1942, où Albert Dumouchel enseigna.
Le couple achète la maison Joseph-David en 1947, renommé David-Dumouchel par la suite. Suzanne Beaudoin fait construire son atelier à l’arrière de la maison à partir de trois maisons pièces-sur-pièces achetées et ramenées de la région de Lachute en 1964. Albert Dumouchel travaille quant à lui dans la maison du couple : dans le salon, derrière un rideau qui sépare la pièce.
Le fils de l’artiste, Jacques Dumouchel, dernière personne ressource de la famille, a fourni gracieusement au JDV cette photo de lui et de son père au travail dans ledit atelier, au Sault-au-Récollet :
Le couple Beaudoin-Dumouchel défendra avec ferveur le patrimoine du quartier à partir des années 1960, alors que les maisons patrimoniales soulevaient peu d’intérêt auparavant. Suzanne Beaudoin est notamment membre de la Société de conservation du Sault-au-Récollet, fondée en 1976 par Paul Carle et Jean Bélisle, qui ouvre la voie à la restauration de ces maisons.
Marie Louise Pépin, de la Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville, déplore l’architecture qui s’installe dans le quartier patrimonial au détriment de l’ancien : « C’est sûr que les Dumouchel seraient scandalisés de voir ce qui se passe au Sault. »
Deux autres volets de l’exposition seront menés en 2023 : les matrices de Dumouchel seront présentées au Centre de design de l’UQAM, tandis que les archives de l’artiste seront exposées au Centre des livres rares et collections spéciales de l’UQAM.
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Bravo et merci pour cet hommage à notre très, très, grand graveur, concitoyen de notre arrondissement. Vous serez aussi intéressée d’apprendre que la Fondation de l’Hôpital du Sacré-Coeur et l’Hôpital du Sacré-Coeur également sis dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville ont rendu hommage à Albert Dumouchel. La Fondation a en effet accroché depuis plus de dix ans plus de 350 oeuvres d’art visuel créées sur médium de papier (gravures, estampes, aquatintes, etc.) sur les murs des corridors et dans les salles d’attente de l’hôpital pour réconforter les patients, les accompagnateurs, les membres du personnel, etc. qui y circulent. Parmi ces oeuvres, il s’y trouve deux belles gravures, magnifiques oeuvres de Dumouchel, offertes par la galerie Simon Blais par l’intermédiaire de la Fondation de l’Art pour la guérison. Ces gravures sont accrochées depuis une dizaine d’années dans le corridor principal est-ouest, et un cartel explique que Dumouchel avait son atelier dans notre arrondissement et que la bibliothèque-Maison de la culture porte son nom. Donc, il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour voir des oeuvres d’Albert Dumouchel. Nous invitons vos lectrices, lecteurs, à venir les voir.
Jean-Luc Malo, bénévole
Fondation de l’Hôpital du Sacré-Coeur et Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal
Merci M. Malo pour ces informations.