Le 21 juin, c’est la Journée nationale des peuples autochtones. À l’occasion de cette fête, le Journal des voisins vous présente les démarches d’autochtonisation dans l’enseignement supérieur, à Ahuntsic-Cartierville.
Le 21 juin marque le solstice d’été, mais aussi la Journée nationale des peuples autochtones. Cette journée, qui est la plus longue de l’année, porte une grande valeur dans la culture autochtone partout au monde car elle marque le début de la nouvelle année.
Dans les nations autochtones, le 21 juin appelle donc à la célébration: feux d’artifice et spectacles illuminent cette journée. Ici, au Canada, les autochtones souhaitent que cette date soit reconnue comme leur fête nationale et qu’elle devienne donc un jour férié à part entière.
À Ahuntsic-Cartierville, le territoire porte encore les traces des liens complexes entre les Sulpiciens et les peuples autochtones, notamment en bordure de la rivière des Prairies, bastion du fort Lorette.
Pas de solution miracle dans le travail de réconciliation, qui doit être entrepris sur le long terme. L’intégration de l’Histoire et de la littérature autochtones dans les programmes scolaires en serait un premier pas. Ce changement en faveur des autochtones s’opère désormais dans les établissements d’enseignement supérieur, notamment au Collège André-Grasset et au Collège Ahuntsic.
L’autochtonisation décoloniale est un remaniement complet du monde académique. Celle-ci a pour but de réorienter la production du savoir, basée sur les relations de pouvoir entre les peuples autochtones et les Canadiens.
Intégrer les autochtones
Le Collège Ahuntsic, qui compte 101 étudiants autochtones sur quelque 9000 élèves, entreprend un processus d’autochtonisation depuis près de 15 ans.
En 2020, l’équipe sportive du Collège change par exemple de nom dans un souci de respect de la communauté autochtone: les Indiens du Collège Ahuntsic deviennent ainsi les Aigles. C’est le point de départ d’un processus de transformation continu pour l’établissement à l’histoire coloniale.
«Quand on est dans une démarche d’autochtonisation, le piège à éviter est de vouloir la réaliser seul, en colon. Il faut inclure les autochtones dans la démarche, car ce sont les premiers concernés», témoigne Gilbert Papashtew Niquay, facilitateur à la vie étudiante du Service des étudiants autochtones au Collège Ahuntsic.
Le Collège Ahuntsic organise désormais de nombreux événements autour de la culture autochtone qui incluent ses premiers acteurs. Les Rassemblements pédagogiques sur l’autochtonisation de l’éducation font par exemple entendre la voix des autochtones au détour de l’enseignement et de la musique.
De même, les Rencontres autochtones sont des voyages immersifs en territoire traditionnel atikamekw (le Nitaskinan), menés dans le cadre du cours d’anthropologie de l’enseignante Julie Gauthier.
Selon le facilitateur à la vie étudiante pour les étudiants autochtones, il reste toutefois «encore beaucoup à faire en 2023». Bien rémunérer les acteurs autochtones de tels événements est par exemple le premier pas: afin qu’il s’agisse d’un échange et non d’une transmission d’information gratuite.
Persévérance scolaire
Gilbert Papashtew Niquay, de la nation Atikamekw-Nehirowisiw, s’est joint à l’équipe pédagogique du Collège Ahuntsic en 2019. Il a pour mission d’aider les étudiants autochtones de l’établissement à s’intégrer, mais aussi d’accompagner les membres de l’équipe pédagogique du Collège dans leurs démarches.
Après la pandémie, les traditionnelles journées de carrière se sont par exemple invitées dans les communautés autochtones. Celles-ci ont permis de recruter de nouveaux étudiants, mais aussi de diriger les autochtones vers les bonnes ressources.
Un taux élevé de décrochage scolaire touche en effet les écoles des communautés autochtones. En 2019, la communauté Crie affichait par exemple un taux de sortie sans qualification de 58 %, contre 86 % pour la communauté Inuit et 14 % en moyenne au Québec.
Depuis l’entrée en poste de Gilbert Papashtew Niquay, les étudiants autochtones du Collège Ahuntsic affichent une nette amélioration de leur persévérance dans les études.
Gilbert offre des ressources pour s’adapter à cette nouvelle vie, particulièrement précieuses pour les étudiants arrivés directement des communautés autochtones, dont la démographie représente en général le tiers de l’effectif seul du Collège Ahuntsic.
Les jeunes, c’est l’avenir
Assurer une bonne corrélation entre la jeunesse autochtone et canadienne est par ailleurs un grand pas pour la réconciliation. En outre, dans la culture autochtone, la croyance veut que toute action entreprise portera ses fruits sur la septième génération.
Ce lien entre les jeunes québécois et autochtones, c’est aussi la priorité du projet de décolonisation de l’enseignement d’un professeur d’anglais du Collège André-Grasset.
Le Journal des voisins vous invite à découvrir le deuxième volet de son hommage à la Journée nationale des peuples autochtones, cet après-midi sur notre site Internet.
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