J’ai souvent vu un Corbeau sur un arbre perché mais aucun qui tenait dans son bec un fromage. Voilà pour la fable. Maintenant, essayons de distinguer le Grand Corbeau de la Corneille d’Amérique plus commune chez nous.
Les deux sont entièrement noirs et les deux sont de la famille des Corvidés qui inclut aussi les Geais, les Mésangeais, les Pies, et les Choucas.
Le Grand Corbeau est plus grand que la Corneille d’Amérique, 60 cm contre 45 cm, mais à moins de pouvoir faire tenir immobile l’oiseau pendant que vous utilisez votre ruban à mesurer, il vaut mieux se fier à d’autres caractéristiques.
En vol, l’extrémité de la queue du Grand Corbeau est soit arrondie ou en forme de pointe de diamant tandis celle de la Corneille est coupée droit.
Mais en général, surtout lorsque l’oiseau noir est au loin, c’est la voix qui devient le critère déterminant; la corneille émet un « caaah, caaah, caah » familier, tandis que pour le corbeau c’est un « krrôô – krôô » guttural. Il peut y avoir des variantes dans ces cris, notamment chez les juvéniles, mais avec un peu d’expérience sur le terrain, on distingue facilement l’un de l’autre.
Le Grand Corbeau possède un bec plus fort que celui de la Corneille et les plumes de sa gorge se hérissent lorsqu’il crie. Autre caractéristique, le Grand Corbeau possède des ailes plus longues et il est souvent observé en vol plané parfois circulaire lorsqu’il profite des courants d’air ascendants, ce que la corneille ne fait pas.
Il n’y a pas de différence marquée entre le mâle et la femelle.
Habitat et nidification
Le Grand Corbeau préfère, pour nicher, les falaises et escarpements rocheux où il peut trouver une anfractuosité ou une corniche sous un surplomb, et ce, presque toujours dans un endroit ombragé. Il lui arrive aussi de nicher dans un grand conifère ou un grand feuillu dense, à une hauteur de 15 à 30 m du sol.
On l’aperçoit de plus en plus dans les milieux urbains où certaines structures érigées par l’homme semblent lui convenir. Les Corbeaux reviennent parfois au même nid quelques années de suite.
Le nid composé de branches et tapissé de mousse et d’écorces peut atteindre des dimensions surprenantes; jusqu’à 1 m de diamètre et 1,2 m d’épaisseur. À Grand Corbeau, grand nid! Les deux adultes participent à la construction de celui-ci, mais seule la femelle assure la couvaison des cinq ou six œufs qu’elle y pond.
L’incubation dure une vingtaine de jours, et pendant ce temps le mâle lui apporte de la nourriture soit directement au nid, soit à proximité.
Le régime alimentaire de cet oiseau opportuniste est varié : insectes, petits rongeurs, œufs, oisillons, fruits, graines et toute autre chose végétale ou animale sur lequel il peut y mettre le bec dessus. En hiver, les carcasses laissées par les prédateurs après une chasse fructueuse sont des mets de choix. On en voit souvent un groupe disputer des morceaux de viande aux renards, Urubus et autres qui veulent aussi profiter de cette manne.
Les petits animaux victimes de collision sur les routes sont aussi une source non négligeable de nourriture.
Répartition et territoire
Le Grand Corbeau est présent sur la quasi-totalité du Canada sauf pour les îles arctiques les plus septentrionales et les régions des plaines du sud du Manitoba, de la Saskatchewan, et de l’Alberta. Aux États-Unis, on le retrouve au sommet des Appalaches et dans toute la région des Rocheuses. Au Mexique et en Amérique Centrale, la Cordillère lui offre un habitat de falaises et d’escarpements qui lui plait.
C’est la même espèce que l’on rencontre sur tout le territoire d’Europe et d’une large partie de l’Asie bien que les experts distinguent quelques sous-espèces.
Tendances
Présent en Nouvelle-Angleterre à l’arrivée des colons européens, il en a progressivement disparu à cause de la déforestation et de l’élimination des grands prédateurs, loup, ours, lynx, qui laissaient les carcasses de proies nécessaires à l’alimentation d’hiver de ce Corvidé. De plus, certains mythes populaires au sujet de la nuisance et de la malfaisance des Corbeaux ont occasionné une chasse exterminatrice de ceux-ci.
Il est réapparu peu à peu au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, non seulement en Nouvelle-Angleterre, mais aussi dans certaines régions du sud de l’Ontario et du Québec qu’il avait déserté. Il demeurait plutôt rare dans la région sud-ouest du Québec lors de la compilation du premier Atlas des Oiseaux nicheurs du Québec méridional en 1995, mais beaucoup plus fréquent lors de la compilation du deuxième en 2019.
Il semblerait que, malgré le fait qu’il s’en tienne à distance, cet oiseau se soit accoutumé à la présence humaine, fait confirmé par les nombreuses mentions de nidification dans la région montréalaise.
Il est aperçu régulièrement dans notre arrondissement et y niche fort probablement. Le Parc Frédérick Back, une ancienne carrière, pourrait être un site favorable.
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