Nerprun dans le parc Ahuntsic. Photo : JDV / Marie-Hélène Paradis.

Le nerprun est une plante envahissante répandue dans toutes les régions du Québec, mais qu’en est-il de sa présence dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville?

La propagation du nerprun est en train de devenir une problématique nationale pour nos aires protégées, car sa présence limite, voire empêche la régénération du milieu naturel.

Toxiques pour les autres plantes

Le nerprun cathartique (Rhammus cathartica) et le nerprun bourdaine (Frangula alnus) sont des arbustes buissonnants de trois à huit mètres de hauteur qui produisent beaucoup de fruits. Ces plantes poussent très rapidement et libèrent des toxines nuisibles aux autres plantes. Ils sont présents sur le territoire de l’arrondissement et font l’objet d’une bataille incessante de la part du Comité écologique du Grand Montréal (CEGM), mandaté par l’Arrondissement pour mener la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE), depuis 2016 dans les parcs des Bateliers, de la Merci et de l’Île Perry; et depuis 2009 dans celui du Boisé-de-Saint-Sulpice.

D’où viennent-ils?

Les nerpruns venant d’Europe ont été introduits en Amérique du Nord à la fin des années 1800 comme plantes ornementales à usages horticole et médicinal. Ils se sont «naturalisés» à l’aide d’oiseaux qui ont dispersé leurs semences hors de leur aire de plantation. Ils sont ainsi devenus envahissants dans plusieurs écosystèmes en supplantant nos espèces indigènes, et ce, grâce à plusieurs facteurs : leur facilité à s’adapter à plusieurs types de milieux; l’ombre épaisse que répand leur feuillage; leur fort taux de germination et l’absence de prédateurs et de parasites.

La propagation

Les fruits des nerpruns sont consommés par plusieurs espèces d’oiseaux qui, de ce fait, en font la propagation. Les oiseaux répandent les nerpruns en déféquant les semences de la plante. Les graines des fruits peuvent rester en dormance dans le sol jusqu’à trois ans et attendent les bonnes conditions pour pousser.

Plusieurs oiseaux participent à cette propagation : les étourneaux, les grives, les moqueurs, les jaseurs, les gélinottes et même les pics. Les fruits des nerpruns restent dans l’arbuste une partie de l’hiver, au moment où les autres sources de nourriture pour les oiseaux se raréfient. Ce qui favorise sa dissémination.

Comme une drogue

La propagation du nerprun pose un problème, car la richesse des écosystèmes envahis se trouve amoindrie, et les animaux, à défaut de trouver autre chose pour se nourrir, finissent par consommer du nerprun, ce qui les rend malades. Lorsque consommées par les mammifères, les baies agissent comme une drogue, provoquant chez certains animaux (comme le cerf) des comportements étranges, voire addictifs.

Lutte contre le nerprun

La lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE), et plus particulièrement contre le nerprun bourdaine et le nerprun cathartique, n’est pas une chose aisée! L’Arrondissement ou la Ville procède d’abord à l’arrachage et au déracinement des plus petits plants, puis à la coupe des tiges des plus gros plants, enfin au recouvrement des souches avec un matériel opaque. Ensuite, un suivi des souches coupées les années précédentes est effectué et on arrache les rejets de souche, s’il y a lieu. Finalement, plusieurs centaines d’arbres et d’arbustes indigènes sont plantés dans les zones éclaircies. Il est essentiel de continuer à faire des suivis, année après année, dans les secteurs «nettoyés» par le passé.

Parallèlement à cela, les inspecteurs prescrivent l’abattage de nerpruns ornementaux isolés dans les parcs pour éviter la dissémination des fruits par les oiseaux vers des zones naturelles. En effet, on en trouve encore quelques-uns dans les parcs de Beauséjour et de Louisbourg, entre autres.

Cet article est tiré du numéro d’automne du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré à la sécurité à Ahunstic-Cartierville.



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