Au début du siècle dernier, un groupe de huit peintres choisit Ahuntsic-Cartierville comme lieu d’étude pour leurs peintures. Dénommés peintres de la montée Saint-Michel, ces impressionnistes demeurent méconnus bien qu’ils constituent un héritage précieux pour le quartier. Un nouvel ouvrage vient leur rendre hommage.
1911. Un groupe de huit peintres s’assemble et se baptise «peintres de la montée Saint-Michel». Parmi eux : Ernest Aubin, Joseph Jutras, Jean-Onésime Legault, Onésime-Aimé Léger, Élisée Martel, Jean-Paul Pépin, Narcisse Poirier et Joseph-Octave Proulx.
À l’époque, Ahuntsic-Cartierville n’existe pas encore. En effet, l’arrondissement est constitué de vastes étendues rurales, parsemées de fermes. Le boulevard Saint-Michel, alors appelé chemin Saint-Michel, est donc un sentier montant au village du Sault-au-Récollet et traversant le Domaine Saint-Sulpice.
Ernest Aubin est le premier d’une longue liste de peintres à investir ce lieu d’étude, découvert lors d’une balade à vélo. Il le fréquente dès lors régulièrement avec ses confrères du Conseil des arts et des manufactures (CAM).
«Ils camperont même régulièrement sur place dans les années 1920, pour pouvoir peindre le soir, la nuit et le lever du jour», témoigne Diane Archambault, de la Société d’histoire du Domaine-de-Saint-Sulpice (SHDSS).
Les peintres de la montée Saint-Michel, nommés en hommage à leur lieu de prédilection, voient ainsi le jour. Plus d’un siècle plus tard, l’écrivain Richard Foisy leur consacre un ouvrage intitulé Les peintres de la montée Saint-Michel, un groupe montréalais (1911-1946).
Les impressionnistes d’Ahuntsic-Cartierville
Les peintres de la montée Saint-Michel réalisent de nombreuses toiles durant leur existence à titre de groupe d’artistes. Leur objet d’étude restera le même au fil du temps : les scènes champêtres. Particulièrement celles du Domaine Saint-Sulpice, une large bande rurale appartenant alors aux Sulpiciens.
Peintres figuratifs, ils ont chacun leur «patte» bien à eux. S’ils sont tous affiliés à l’impressionnisme et ses codes, l’œuvre de Jean-Paul Pépin évoquera par exemple des couleurs riches rappelant le fauvisme. Narcisse Poirier offrira quant à lui un impressionnisme largement teinté de pointillisme (le mouvement artistique suivant le premier, aussi appelé néo-impressionnisme), aux aspects plus brossés rappelant un effet de flou.
Ces peintres n’abandonneront jamais leur art, même à l’arrivée du Refus global en 1948, un manifeste artistique, signé Paul-Émile Borduas, qui bouscule les codes de la peinture au Québec. Ils font donc partie de ces peintres qui restent dans les courants traditionnels, n’adhérant ni au surréalisme ni au cubisme, largement explorés en Europe à l’époque par des artistes tels que Georges Braque et Pablo Picasso.
Un nouvel ouvrage
Aujourd’hui, les peintres de la montée Saint-Michel ont même investi les musées du Québec. Si vous souhaitez voir leurs toiles, certaines d’entre elles sont exposées aux musées des beaux-arts de Québec, de Montréal, d’Ottawa ou encore de Sherbrooke.
L’écrivain et historien Richard Foisy revient, quant à lui, avec un nouvel ouvrage consacré à ce groupe de peintres. Début 2024, il a publié en effet Les peintres de la montée Saint-Michel : un groupe montréalais (1911-1946), livre édité par Les Presses de l’Université de Montréal (PUM). L’ouvrage est consultable sur place à la Bibliothèque Ahuntsic.
L’auteur a réalisé ce nouvel opus grâce à un travail documentaire d’envergure, mené sur une vingtaine d’années avec les descendants directs des peintres et des historiens. Cette nouvelle publication vise à consigner le travail de ces huit artistes de manière plus poussée.
Le 17 mars dernier, un lancement du livre investissait par ailleurs la Cinémathèque québécoise au centre-ville. L’arrondissement y était bien représenté avec Emilie Thuillier et des membres de la Société d’histoire du Domaine-de-Saint-Sulpice. En outre, cette dernière organise des ateliers de peinture en plein air (à la façon de ces peintres) depuis 2023.
Questionné par le Journal des voisins (JDV), Richard Foisy confie n’en avoir pas fini avec ces huit peintres. «Peut-être même que certains d’entre eux mériteraient une monographie particulière, plus complète. Une nouvelle exposition serait aussi dans la suite logique des choses, entre autres projets. Il me faudrait vivre très vieux pour réaliser tout ça», souffle-t-il à notre micro.
Cet article est tiré du numéro d’été du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au logement.
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Bonjour,
Je vous remercie pour cette fabuleuse découverte des Peintres de la montée Saint-Michel.
Je vais aller consulter le livre car le sujet m’intéresse beaucoup.
Quel beau travail de longue haleine et un immense merci à Monsieur Richard Foisy, ses collaborateurs et à la Société d’Histoire du Domaine-de-Saint-Sulpice.
Je réside dans le quartier de Saint-Sulpice.
Louise Pelletier