(Photo : Philippe Rachiele, JDV)

Si les résidants se demandent ce que les élus du territoire font concernant le terrain patrimonial du Fort-Lorette qui vient d’être vendu à un promoteur privé, ils seront sans doute intéressés d’apprendre que la conseillère du Sault-au-Récollet, Lorraine Pagé, a signé, quant à elle, samedi dernier, la pétition de la Société d’histoire d’Ahuntsic Cartierville (SHAC) concernant ledit terrain.

En effet, la SHAC a lancé il y a un mois une pétition demandant, après plusieurs «Considérant» que le terrain du 12375 rue du Fort-Lorette « intègre le domaine public». La pétition comptait près de 800 signataires, au moment où nous mettions cette Actualité en ligne.

On saura, ou pas

Lorraine Pagé, conseillère du Sault-au-Récollet (Photo: archives jdv).

«D’ici les vacances, a déclaré la conseillère du Sault-au-Récollet, à journaldesvoisins.com, on devrait être en mesure de savoir ce que contient le rapport préliminaire des fouilles.»

Au chapitre de la disponibilité du rapport aux fins de consultation par la population, c’est le ministère de la Culture et des Communications qui dicte ses règles dans sa Loi sur le patrimoine culturel.

Lecture pour élus, pas pour citoyens

(Photo: archives jdv)

Or, la loi précise que le titulaire du permis de fouilles (ndlr: dans ce cas-ci, la firme Arkéos) doit faire un rapport annuel des fouilles au ministre et que ce document est confidentiel pour 60 jours à compter de sa réception par le ministre, ou pour toute autre période de prolongation jugée nécessaire par lui (jusqu’à concurrence de cinq ans), mais que le ministre peut communiquer en tout ou en partie le rapport à un organisme public, à tout moment du processus.

Dans le cas qui nous concerne, les organismes seraient sans doute la Ville de Montréal et l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

La conseillère Pagé s’attend fort probablement à être mise au courant. Elle signale d’ailleurs à journaldesvoisins.com, utilisant un «nous» inclusif :

« Souvent, le rapport préliminaire comporte des éléments de réponses et des orientations qui nous permettent déjà de prendre certaines décisions.»

Mesures de surveillance

Élus visitant le terrain des fouilles (Photo; courtoisie).

Lorraine Pagé suit ce dossier de très près, a-t-elle insisté auprès de journaldesvoisins.com. Outre la visite du terrain qu’elle a organisée à la fin des fouilles, pour le bénéfice de tous les élus du territoire, elle mentionne avoir également participé à quelques réunions à la Ville-centre avec le personnel du Service du patrimoine et autres services ad hoc et l’élue responsable au comité exécutif, Manon Gauthier.

Mme Pagé signale que l’arrondissement s’assure que le promoteur n’entreprenne pas de travaux sur le site pour l’instant, tant et aussi longtemps que le rapport des fouilles ne sera pas connu par les autorités et qu’il n’aura pas obtenu tous les permis nécessaires.

«Pour s’assurer de l’intégrité du site, dit-elle, un inspecteur passe tous les jours», précise-t-elle.

Équipement, en attendant…

Journaldesvoisins.com a, par ailleurs, appris que deux pièces d’équipement lourd avaient été installées sur le site la semaine dernière, après que les fouilles aient été terminées, comme une petite rétrocaveuse, notamment.

En outre, une toilette chimique a également été placée sur le site.

Durant les fouilles, il semble que le personnel de la firme Arkéos avait eu l’autorisation du promoteur d’utiliser les sanitaires de la bâtisse du 12375.

Pas de permis, pas de travaux

Si la conseillère du Sault ignore ce que le promoteur peut avoir en tête en entreposant ces pièces d’équipement sur le terrain, elle assure qu’il ne peut pas s’en servir, ni ne peut faire de travaux invasifs à ce stade-ci.

«Les travaux que le promoteur peut faire, à ce stade-ci, sont limités. Il peut faire ramasser les feuilles, dit-elle péremptoire, ou des détritus, par exemple, qui seraient sur le terrain, mais il ne peut pas faire grand autre chose, ni entreprendre de travaux. Tout type de travaux sur le terrain nécessitent un permis et tout cela est tributaire de ce qu’il y aura dans le rapport préliminaire», ajoute Lorraine Pagé.

Mme Pagé se veut rassurante. Même pour entreprendre la démolition de la bâtisse actuelle, le promoteur ne peut procéder sans permis, précise la conseillère.

«Comme il s’agit d’un terrain patrimonial, le promoteur doit avoir un permis de démolition du conseil municipal», ajoute Lorraine Pagé.

Si demande de permis de construction il devait y avoir, le conseil d’arrondissement en serait saisi, de même que, préalablement, la comité consultatif d’urbanisme, souligne-t-elle.

Le conseil municipal se réunit en juin, puis en août. Dans l’arrondissement, le conseil fera relâche en août cette année. Tandis que le CCU aura des réunions en juin, juillet et août.

Si les citoyens n’ont pas connaissance du contenu du rapport préliminaire, contrairement aux élus, peut-être que le sommaire décisionnel d’une future réunion du conseil d’arrondissement leur en apprendra un peu.

⌈Mise à jour 2017 06-01, 13 h 24⌋ De son côté, Projet Montréal faisait parvenir un communiqué aux médias en début d’après-midi le 1er juin dans lequel il faisait état du fait que le parti appuyait la démarche de la SHAC et demandait aussi que le site du 12375 Fort-Lorette réintègre le domaine public.

Valérie Plante, cheffe de l’Opposition officielle à l’Hôtel de ville de Montréal, et Émilie Thuillier, conseillère du district d’Ahuntsic. (Photos: V. Plante, site Web de Projet Montréal; É. Thuillier, archives jdv)

« La Ville de Montréal a une occasion en or de protéger ce site de tout développement immobilier, de le mettre en valeur en soulignant son caractère historique unique et d’offrir aux Montréalais un accès supplémentaire aux berges. L’acquisition de ce site et son intégration au domaine public représenterait un legs incomparable pour l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville », a déclaré Émilie Thuillier, conseillère d’Ahuntsic.

Pour sa part, la cheffe de l’Opposition, Valérie Plante affirmait qu’il fallait profiter du momentum créé par les démarches visant à désigner le Sault-au-Récollet comme lieu historique national du Canada pour protéger le site et le mettre en valeur.

«Montréal a rarement l’occasion d’intégrer au domaine public des sites d’une telle richesse historique et d’une telle beauté naturelle», ajoutait Mme Plante.

 



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Mimi Can
Mimi Can
7 Années

C’est une honte d’avoir vendu du patrimoine à un promoteur immobilier,

Jacques Lebleu
7 Années

À titre de citoyen, je me réjouis de l’appui de Mme Pagé et de Mme Thuillier et l’équipe de Projet Montréal à la proposition de la SHAC et les en remercie. Je remarque que personne ne semble s’intéresser à la position de notre maire d’arrondissement. Ne devrions nous pas être en droit de nous attendre un minimum de leadership de sa part?

Julie Florian
Julie Florian
7 Années

dommage que la pétition appartient a avaaz.org j’aurais signé sinon

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