Thérèse Marineau, 85 ans, mère de Réal Migneault, au CHSLD Berthiaume-du-Tremblay, sera sans doute bien heureuse de revoir l’un de ses fils demain 6 mai après une absence de plusieurs jours, (Photo: courtoisie)

Les personnes proches aidantes pourront revenir dans les établissements pour les aînés (tous genres) s’il n’y a pas de cas confirmés à la COVID-19. La mesure d’assouplissement annoncée mardi par le gouvernement québécois entrera en vigueur lundi prochain (11 mai), au lendemain de la Fête des mères. Toutefois, d’ici là, Réal Migneault qui avait contacté journaldesvoisins.com la semaine dernière, a obtenu ce soir pour sa part, et de justesse avant d’être interviewé à l’émission 24/60 sur les ondes de RDI, l’autorisation du bureau même du docteur Arruda –via la résidence Berthiaume-du-Tremblay– à l’effet qu’il pourrait retourner voir sa mère, Thérèse, dès demain. 

«Je suis soulagé, a-t-il confié au jdv, j’avoue que je n’ai pas beaucoup dormi depuis quelques jours. Une fois que j’aurai pu recommencer à voir ma mère et à l’accompagner un peu chaque jour, je vais aussi me replonger dans mon potager», a dit avec le sourire dans la voix cet agriculteur urbain bien connu dans le quartier Ahuntsic pour tout ce qu’il cultive durant la saison estivale, et pour les nombreux projets qu’il met de l’avant.

Une victoire pour les proches «significatifs»

Réal Migneault (Photo: archives jdv)

La saga de Réal Migneault et de sa mère Thérèse qui se conclut sur une note heureuse servira à d’autres personnes qui ont déjà signifié à M. Migneault qu’ils espéraient beaucoup de ses démarches pour pouvoir à leur tour aider leur parent, dans les règles de l’art.

Toutefois, la personne confirmée comme aidant, qui vient en support à une personne âgée, devra subir un test de dépistage et respecter une série de consignes, comme se limiter à l’aide d’une seule personne, se diriger uniquement dans la chambre de la personne résidante et porter bien sûr des équipements de protection comme des masques et gants.

La mesure s’applique autant dans les CHSLD, que dans le secteur des RI (Ressources intermédiaires) ou dans les résidences pour aînés.  En cas de refus, l’établissement devra se justifier auprès du ministère de la Santé.

Au CHSLD Berthiaume-Du Tremblay (privé-conventionné) sur le boulevard Gouin dans Ahuntsic, la Résidence a rapidement émis un communiqué pour dire qu’elle mettra en place les mesures pour accueillir de façon sécuritaire les personnes proches aidantes à compter du 11 mai prochain.

« Pour faciliter le suivi de cette mesure, nous vous demandons de formuler votre demande uniquement par courriel via l’adresse info.rbdt@ssss.gouv.qc.ca », a indiqué la direction.

Il faudra d’abord spécifier «Visite d’un proche aidant», dans l’objet du courriel.

Puis, dans le corps du message, la personne devra indiquer nom, prénom et numéro de chambre du résidant, ainsi que le nom de la personne «significative» du résident (qui viendrait faire une visite), son numéro de téléphone et son adresse courriel.

La direction a précisé qu’aucune réponse et consigne additionnelle ne sera transmise dans l’immédiat.

Dans le cas de la poursuite des visites de Réal Migneault à sa mère, Thérèse Marineau, qui n’a presque pas mangé depuis un autre six jours. c’est avant de passer sur les ondes de RDI à l’émission 24/60, après un chassé-croisé téléphonique, de courriels et de textos, entre la DSP, le CIUSSS-du-Nord-de-l’Île, la résidence, et le bureau même du docteur Arruda, que M. Migneault a finalement obtenu l’aval de la résidence pour la poursuite des visites auprès de sa mère dès demain, mais cela 30 minutes avant l’entrevue qu’il allait accorder à l’animatrice Anne-Marie Dussault. Le docteur Arruda lui avait promis ce matin qu’il rétablirait son droit de visite.

Assouplissement – RPA

De leur côté, ceux et celles qui habitent dans des résidences pour ainés (RPA) vont respirer un peu mieux; ils ont maintenant l’occasion de pouvoir sortir sans supervisions pour rencontrer leurs proches, mais en respectant toujours la distance physique de deux mètres avec autrui.

Aussi, le port du masque ou couvre visage est fortement recommandé à ceux et celles qui vont sortir.

« Il ne faut pas protéger la santé physique au détriment de la santé mentale »,  a martelé mardi le premier ministre du Québec, François Legault, flanqué par la ministre des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, et le directeur national de santé publique, Horacio Arruda. «  On ne trouve pas ça humain que pendant deux mois, a poursuivi M. Legault, une personne n’a pas pu voir ses enfants ».

Le confinement des gens âgés en inquiétaient plusieurs, notamment ici dans Ahuntsic-Cartierville.

Mais il ne doit pas y avoir de cas COVID confirmés ou suspectés dans l’établissement.

Il  devra aussi y avoir un registre des arrivées et des départs.

Pas moins de 140 000 mille résidants devraient profiter de ce «changement de paradigme».

En outre, les personnes de 70 ans et plus pourront recommencer à faire elles-mêmes leur épicerie durant des plages horaire qui leur seront réservées.

Bilan par établissement

La situation demeure stable dans les hôpitaux et CHSLD du nord de Montréal.

Selon un bilan livré par le bureau des relations médias et des affaires publiques du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS-NIM), à journaldesvoisins.com,  il y avait 93 cas de COVID à Sacré-Cœur-de-Montréal, un seul à Jean-Talon, mais 22 à Fleury (hôpital communautaire qui reçoit maintenant des patients ayant besoin d’hospitalisation).

Cas selon Le Nordet, infolettre du CIUSSS, au 5 mai 2020.

-CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci: 36 et 43 décès au total

– CHSLD Auclair : 71 et 9 décès au total

– CHSLD Cartierville : 24 et 8 décès au total

– CHSLD de La Petite-Patrie : 13 et 10 décès au total

– CHSLD Saint-Laurent : 57 et 21 décès

– CHSLD des Bâtisseurs : 1 et 0 décès

– CHSLD Laurendeau : 97 et 78 décès au total

– CHSLD Légaré : 24 et 5 décès

– CHSLD Paul-Gouin : 40 et 14 décès

– CHSLD Paul-Lizotte : 39 et 18 décès

– CHSLD Saint-Joseph-de-la-Providence :7 et 6 décès

– CHSLD BERTHIAUME-DU TREMBLAY (privé-conventionné) 62 atteints  et  50 décès  (12 cas suspectés comme COVID parmi ces décès)

Nombre actuel de cas de COVID-19 confirmés parmi les membres du personnel :   846 et 266 guéris de retour au travail.

Mais dans ce cas-ci, c’est 26 employés de plus infectés en 24 heures.

Point de presse virtuel

Une conférence de presse virtuelle tenue mardi matin a mis en lumière une fois de plus les situations difficiles vécues par des employés du réseau de la santé (ou en périphérie) afin de venir en aide aux malades ou aux gens vulnérables.

Ce point de presse «Zoom» (populaire service de téléconférence à travers le monde) a eu lieu alors que le gouvernement québécois lançait un autre appel à l’aide afin de trouver des travailleurs et travailleuses en relève avec de nouvelles primes en préparation.

Plus de 11 000 travailleurs du réseau sont encore à la maison, mais environ le tiers  –en fin de confinement- sont aptes à revenir au bercail.

Une citoyenne, Mélanie Ederer, coordonnatrice de recherche (travail social) à l’UQAM, avait lancé une invitation sur les réseaux sociaux, question de prendre au mot la ministre de la Santé et des services sociaux, Danielle McCann, qui, le 1er mai, sonnait la fin de l’époque «Omerta» dans le réseau.

« Qui peut dénoncer ce qui se passe derrière les portes closes des CIUSSS, sinon les personnes qui y travaillent », a mentionné Mme Ederer, dans son appel à tous et toutes pour cette visioconférence.

Les interventions ont relevé entre autres  la difficulté de parler «librement», le manque de protection médicale ou encore l’imputabilité des gestionnaires. Ainsi, une des participantes, Josée McGrath, a déploré le style de gestion mis en place où elle affirme que «c’est très ardue de se faire entendre», a-t-elle déploré.

« On est en pénurie de personnel, il y a plein de gens en détresse psychologique. Avant ça ne tenait qu’à un fil, ce fil est cassé, a-t-elle soutenu. « Il faut entrer dans le moule, il y a des menaces, des situations graves, de la violence psychologique, (…) il n’y a pas de réelle volonté de nous écouter. Les CISSS (et CIUSSS) ne disent pas toujours la vérité de ce qui se passe sur le terrain », a plaidé Mme McGrath.

Lucie Lagacé, une infirmière travaillant au niveau des soins à domicile, a pour sa part résumé à sa façon l’équipement de ceux et celles qui vont au combat en ces temps de COVID-19 :

«On ressemble plus à un soldat avec un ‘’sling shot’’ alors qu’il faudrait un AK-47 », pour venir à bout du coronavirus.

Mme Lagacé, qui demeure non loin d’Ahuntsic, a été appelée à intervenir dans un CHSLD privé «non conventionné» (comme le Herron de Dorval).

« En arrivant dans l’établissement, les huit résidants atteints de la COVID-19 avaient été transférés dans une salle commune du sous-sol, placés en rang d’oignons. Je me sentais vraiment envoyée au front : pas de dossiers, pas d’étiquette sur les lits,  face à des gens malades, fiévreux, qui toussaient, ça n’avait pas de bons sens ce que j’ai vu », a affirmé l’infirmière.

Aujourd’hui en confinement,  la travailleuse du réseau est certaine d’avoir contracté le coronavirus dans le cadre de cet épisode de 12 heures qu’elle a vécu, seule, mal protégée (sans masque N95), où elle a dû implanter les protocoles et appeler les familles.

Pour sa part, un travailleur résidant dans Ahuntsic-Cartierville, Frank Delice, a livré un vibrant plaidoyer pour les nombreux travailleurs et travailleuses issus de l’immigration, qui sont au front présentement.

« Plusieurs ont un permis de travail. Ces travailleurs et travailleuses racisés acceptent tout. Et ils ont peur », a-t-il lancé.

Nathalie Bourque espère pour sa part un changement de cap de la part des gestionnaires.

« Nous sommes des anges, mais pas à n’importe quel prix. (…) Faut se battre pour obtenir une visière de protection, une jaquette, un piqué, ce n’est pas normal. Il faudra voir  de plus près la façon de gérer des gestionnaires. On ne me bâillonnera pas », a-t-elle averti, plaidant pour sa liberté de parole.

À ce sujet, journaldesvoisins.com a demandé à notre CIUSSS s’il est permis à tout employé de s’adresser librement aux médias.

« Les employés sont toujours libres de parler aux médias en leur nom personnel », a indiqué  la porte-parole Émilie Jacob

Avec la collaboration de Christiane Dupont



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