Le plomb peut, dans certaines circonstances, avoir des conséquences négatives sur la santé. Toutefois, depuis quelques décennies, l’exposition à ce contaminant a beaucoup diminué.
Rappelons que la Ville de Montréal organise (depuis juillet dans notre arrondissement) un dépistage des entrées au plomb des résidences dans l’arrondissement, comme le rapportait le Journal des voisins (JDV) en septembre. Le but est de supprimer 50 000 conduites d’eau en plomb d’ici 2032.
On sait – et depuis longtemps – que le plomb a des impacts sur la santé. En effet, lorsqu’il est ingéré, il est en partie absorbé dans le sang et il peut ensuite atteindre certains organes comme les reins, le foie, le pancréas et les poumons, comme le souligne Santé Canada dans sa «trousse d’information sur le plomb».
Effets sur la santé
Selon la Direction régionale de la santé publique de Montréal (DRSPM), on parle d’intoxication lorsque le taux de plomb dans le sang dépasse 10,4 microgrammes par décilitre (μg/dl) chez les adultes et 5,2 μg/dl chez les enfants.
Les symptômes d’intoxication comprennent alors des maux de tête, de l’irritabilité, des douleurs abdominales, des vomissements, de l’anémie, une perte de poids, des problèmes d’attention, des difficultés d’apprentissage et de l’hyperactivité.
Il faut ajouter à cela que les experts en intoxication font une différence entre une seule exposition et une exposition «chronique», même à de petites quantités de plomb. Une exposition chronique peut avoir des effets sur le développement intellectuel et comportemental des enfants, remarque Santé Canada dans son document.
Risques faibles
Si ces constats peuvent paraître inquiétants, il faut toutefois se rappeler qu’en raison de la façon dont le plomb est absorbé par notre corps, la concentration de plomb dans l’eau potable n’est pas du tout la même chose que ce qui va s’accumuler en nous. Selon Santé Canada, seulement de 3 à 15 % du plomb ingéré est absorbé par l’intestin, et seulement 5 % de cette quantité restera ensuite dans le corps. Cela donne, au final, des doses qui sont de loin inférieures aux seuils d’intoxication.
Dans un document sur le plomb dans l’eau potable publié en 2019, la DRSPM jugeait elle aussi que le risque pour la santé était faible.
Le plomb peut toutefois contaminer l’eau au niveau du raccordement entre le réseau public et les résidences. Selon une étude qu’avait réalisée la DRSPM dès 2007, 53 % des maisons avec une entrée d’eau en plomb dépassaient alors la norme québécoise qui était à cette époque de 10 µg/L. Ce n’était le cas d’aucune maison sans entrée d’eau en plomb.
Rappelons qu’en mars 2019, «Santé Canada a abaissé la norme de concentration maximale de plomb acceptable dans l’eau de 10 microgrammes par litre (µg/L) à 5 µg/L. […] Avant 2001, le niveau accepté au Québec était de 50 µg/L», selon le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Problème en régression
Reste que, à l’échelle de l’ensemble du Canada, la quantité de plomb dans le sang des gens a beaucoup diminué dans les 50 dernières années, grâce à diverses réglementations.
Par exemple, entre 1972 et 2015, les niveaux de plomb dans le sang des jeunes enfants sont passés de 19 μg/dl à moins de 1 μg/dl, notait la DRSPM dans une publication de 2017. Deux ans plus tard, le taux de plomb moyen dans le sang des Canadiens âgés de 6 à 79 ans était estimé à 0,82 μg/dl par Santé Canada. Ce qui est bien en deçà des taux associés à la plombémie (intoxication au plomb).
Pour l’anecdote, rappelons que l’intoxication au plomb (ou saturnisme) est connue depuis la préhistoire. On aurait trouvé des enfants néandertaliens morts il y a 250 000 ans, dont l’émail des dents indiquait une telle intoxication. Selon certains historiens, le saturnisme lié à l’utilisation de la vaisselle et de la plomberie aurait été une des causes de l’effondrement de l’empire romain.
Au Moyen-Âge, il a touché les artisans qui travaillaient aux vitraux des églises. Depuis 1990, les peintures contenant du plomb ont été interdites au Canada. En août 2021, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) annonçait l’éradication planétaire de l’essence au plomb.
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