Peu après le départ des Autochtones de la Mission d’évangélisation du fort Lorette au Sault-au-Récollet vers celle de Deux-Montagnes, les Sulpiciens engagent Simon Sicard, membre d’une importante lignée de meuniers qui se transmettent ce métier de génération en génération.
En 1724, Simon Sicard entreprend la construction d’une digue au-dessus de la rivière des Prairies, entre l’île de Montréal et l’île de la Visitation, dénommée à cette époque l’île Branchereau. Cet ouvrage est destiné à diriger l’eau vers des roues de moulin.
Dès 1726, un premier moulin est mis en marche sur cette digue, du côté de l’île de la Visitation. Il s’agit d’un moulin à scier le bois en planches, pour que les nouveaux habitants puissent se loger rapidement. Dès l’année suivante, un second moulin, pour moudre le blé, est érigé du côté de l’île de Montréal. La farine de blé est, à l’époque, un élément capital de l’alimentation des colons français.
À la fine pointe
Il est facile aujourd’hui de considérer que le mot «technologie» désigne des procédés transformatifs qui nous projettent vers le futur. Cependant, le dictionnaire Quillet Flammarion de 1958 lui donne comme première signification «Qui a rapport aux arts industriels». L’emploi du mot arts par ses auteurs nous renvoie à une longue tradition: les métiers artisanaux. Le titre du livre Traité pratique et analytique de l’art de la meunerie (P. Chamgarnier, 1844) nomme un de ces arts qui est au cœur de notre histoire locale, celui du meunier.
À cette époque, tout se fait par le travail des hommes et la force animale. La meunerie est un métier exigeant. Il faut maîtriser les arts de la charpenterie et de la maçonnerie, et comprendre aussi bien qu’un ingénieur le fonctionnement de mécanismes complexes permettant à des engrenages de transformer la force du courant de la rivière en énergie motrice.
Un autre moulin
Du vivant de Simon Sicard, un second moulin à farine est ajouté au centre de la digue. Pendant plus d’une centaine d’années, d’autres meuniers, dont Didier Joubert, lui succèdent. Vers 1840, les usages de la digue changent progressivement. Des fabriques de clous, puis de papiers cartonnés s’y installent. Ces ateliers utilisent la machinerie de l’époque industrielle.
Dès 1900, on entrevoit la possibilité de produire de l’électricité à partir de l’eau de la rivière. Au cours du 20e siècle, l’accélération du rythme des changements technologiques est évidente. À la fermeture de son usine en 1977, la Milmont Fiberboard Ltd était la dernière entreprise active sur le Site des Moulins.
La Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC) a eu l’honneur de se voir confier, par Musées numériques Canada, la réalisation d’un site Web sur ce lieu important de l’histoire de Montréal. Hébergé dans la collection Histoires de chez nous, il constitue une véritable exposition virtuelle intitulée Les moulins de l’île de la Visitation au Sault-au-Récollet.
La priorité de la SHAC, pour les prochains mois, sera de regrouper des représentants des instances municipales, provinciales, d’Hydro-Québec et de la société civile en vue de mettre sur pied un comité ad hoc pour l’organisation des célébrations du 300e anniversaire de l’ouverture du premier moulin, en 2026. Avis aux intéressés!
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