La météo a fait des ravages partout au pays mercredi à partir du milieu de l’après-midi. Notre arrondissement n’y a pas échappé.
Le verglas a fortement endommagé les arbres, nombreux et vieillissants à Ahuntsic-Cartierville, causant des bris et des chutes de branches, avec les conséquences que l’on connaît: fils électriques et transformateurs cassés causant des pannes de courant, rues et terrains jonchés de débris, feux de circulation éteints, personnes blessées, maisons et voitures endommagées, écoles, bibliothèques et commerces fermés…
Le Conseil de services scolaire de Montréal (CSSDM) a d’ailleurs annoncé en soirée que toutes les écoles seraient fermées le jeudi 6 avril, en raison de «l’incertitude quant au rétablissement des services d’Hydro-Québec», puisque la majorité des établissements scolaires du territoire était privée d’électricité.
Plusieurs services du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’île-de-Montréal sont également affectés. Les activités non urgentes de l’Hôpital Fleury ont été annulées jeudi et le CLSC d’Ahuntsic demeurait fermé vendredi.
Le fonctionnement de certains bâtiments et services municipaux, dont la collecte des matières résiduelles, est aussi perturbé.
MISE À JOUR VENDREDI 7 AVRIL À 11 H : Une halte-chaleur est ouverte vendredi à la bibliothèque de Cartierville (5900, rue de Salaberry) de 9 h à 21 h. La bibliothèque d’Ahuntsic est également ouverte jusqu’à 18 h pour les personnes qui ont besoin de se réchauffer ou de recharger leurs appareils mobiles. Un centre d’hébergement d’urgence est également ouvert au 3001, rue de Louvain Est.
Près d’un foyer sur deux à Montréal
Selon le site d’Hydro-Québec à 23 h 30 mercredi soir, Montréal dénombrait 459 061 clients privés d’électricité sur les 1 084 394 foyers montréalais, soit 42,3 %. C’est le deuxième plus haut pourcentage après l’Outaouais qui comptait 128 205 clients touchés sur 226 917 (56,5 %). Au total, 1 029 903 abonnés sur 4 538 200 étaient affectés par la panne dans tout le Québec, dont près de la moitié à Montréal.
La relationniste d’Hydro-Québec ne pouvait pas fournir au Journal des voisins des données précises concernant le nombre d’abonnés et leur localisation dans Ahuntsic-Cartierville, mais la page Info-pannes illustrait bien que l’arrondissement était grandement plongé dans le noir, ou plutôt dans le rouge, si l’on se réfère aux zones colorées des cartes consultées. Il s’agissait surtout des adresses au nord de la rue Sauvé, d’ouest en l’est. Des secteurs au sud de l’arrondissement, le long du Métropolitain, étaient aussi touchés.
Équipes à l’œuvre
Le fil Twitter de l’arrondissement avisait ses abonnés: «Nos équipes sont sur le terrain pour ramasser les branches cassées et les arbres tombés dans les parcs et les rues de l’arrondissement. Faites preuve de prudence et évitez de vous déplacer. Si vous remarquez des branches cassées ou des arbres tombés, signalez le 311.»
Le Journal des voisins (JDV) a observé une équipe à l’œuvre, rue Saint-Hubert.
Un des employés nous a expliqué que leur tâche était de «sécuriser» les voies publiques, en regroupant sur le bord des trottoirs les branches tombées sur le terrain des résidants et dans la rue. D’après lui, c’est surtout les ormes qui sont fragiles et leurs branches se rompent facilement sous le poids de la glace.
Sa collègue s’affairait à couper une branche d’arbre à moitié arrachée pour la forcer à chuter de façon supervisée. Plusieurs d’entre elles étaient déjà tombées sur le toit d’une maison et sur la voiture stationnée dans son entrée (pare-brise arrière cassé et toiture cabossée). Les images parlent d’elles-mêmes :
La citoyenne ayant subi ces dommages déplore qu’il ait fallu cette catastrophe naturelle pour que la Ville s’occupe de l’arbre devant chez elle, alors qu’elle s’était plainte à maintes reprises en téléphonant au 311, sans succès. Elle prédisait que les branches tomberaient si elles n’étaient pas émondées et c’est ce qui s’est produit, hier après-midi.
Comme cet arbre est sur le terrain de la Ville, c’est la responsabilité de celle-ci d’envoyer des techniciens couper les branches trop longues ou trop fragiles, pour éviter qu’elles tombent sur des piétons ou sur des propriétés privées. Les citoyens ont les mains liées puisqu’ils ne sont pas en droit de tailler ou d’abattre les arbres qui se font menaçants en cas de tempêtes ou de gros coups de vent.
Le Journal des voisins rapportait une histoire semblable en 2020: «Le 311 écoute, mais les problèmes des citoyens sont-ils réglés pour autant?»
Avisé que plusieurs branches d’un gros arbre s’étaient effondrées dans la ruelle, l’employé de l’opération en cours nous a répondu que pour le moment, seules les voies du domaine public étaient prises en compte, en ordre de priorité. Il a ajouté qu’il recommandait toutefois aux citoyens, si les branches n’étaient pas trop lourdes ni dangereuses à déplacer, de les transporter et de les regrouper dans la rue près du trottoir pour faciliter leur collecte, quand celle-ci aura lieu dans les prochains jours.
Les équipes d’Hydro-Québec étaient également débordées, s’occupant de sécuriser les fils électriques et autre matériel technique afin de rétablir le courant. Le JDV avait relaté une autre situation de crise à laquelle Énergir et Hydro-Québec avaient répondu concernant une fuite de gaz naturel en octobre dernier.
Cette tempête de verglas n’est pas sans rappeler celle de janvier 1998, alors que près d’un demi-million de clients du Québec et plus de 230 000 en Ontario avaient été privés d’électricité, parfois pendant plusieurs semaines.
La remontée des températures (jusqu’à 11 °C jeudi) devrait faire fondre la glace et arrêter les chutes des branches, mais les paysages de désolation et les pannes de courant seront là pour encore quelques jours. De nombreux secteurs étaient toujours privés de courant au moment de publier, selon la carte interactive Info-pannes d’Hydro-Québec.
Notez que l’entreprise d’État avise les citoyens privés d’électricité qui tentent d’utiliser des appareils de chauffage d’appoint ou de cuisson, que cela pose un risque d’intoxication au monoxyde de carbone. Il faut donc ne pas utiliser à l’intérieur des «appareils alimentés par un combustible, comme l’huile, le gaz, le bois, l’essence, le charbon, le propane, etc. […], ni du matériel prévu pour une utilisation extérieure, comme le barbecue et l’équipement de camping […]», indique le site d’Hydro-Québec.
La Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Montréal appelle à la prudence.
«En effet, en raison des pannes, plusieurs citoyens tentent d’utiliser des appareils de chauffage d’appoint ou de cuisson à l’intérieur,dans leur résidence. Ceci pose un risque majeur d’intoxication au monoxyde de carbone (CO). Nous avons reçu au cours des dernières heures, une soixantaine de signalements d’intoxications, une situation exceptionnelle. La situation est particulièrement préoccupante dans les quartiers de Lasalle, Montréal-Nord, Saint-Laurent, Ahuntsic et Pierrefonds», prévient la DRSP dans un communiqué émis vendredi.
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