En janvier dernier, un projet du Centre de psychologie Gouin et de Pause famille destiné aux personnes demandeuses d’asile a vu le jour dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Quatre mois après le lancement, le JDV s’est entretenu avec les protagonistes de ce cercle de parole qui offre un espace sécuritaire à des femmes dont le statut est précaire et l’expérience souvent traumatisante.

L’arrondissement n’est pas différent d’autres quartiers de Montréal et accueille plusieurs personnes demandeuses d’asile. Elles sont au minimum 700 personnes qui logent dans le centre d’hébergement de PRAIDA sur la rue Port-Royal. Selon les responsables de Solidarité Ahuntsic, le décompte est difficile à faire, on retrouve des personnes demandeurs d’asile ailleurs et le nombre est certainement plus élevé.

La mission du Centre de psychologie Gouin au cœur du projet

Avant tout, la direction a voulu développer une mission sociale puisque le centre est un organisme communautaire. Son engagement doit accompagner le travail de ses psychologues et celui des organismes du quartier.

«Nous voulions trouver des façons pour que le travail des psychologues soit plus près de la population en offrant des activités et des ateliers différents de ce que nous voyons habituellement… des services plus adaptés aux différentes populations», affirme Éveline Gagnon, directrice générale et clinique du Centre de psychologie Gouin.

Un cercle de parole

C’est un long processus qui a permis au Centre de psychologie Gouin de mettre sur pied ce projet. Celui-ci est né en janvier 2024, avec l’aide de Pause famille pour développer le concept de cercle de parole et trouver les subventions nécessaires, provenant des Éclaireurs et éclaireuses de Montréal. Pause famille travaille déjà avec ces femmes, c’est pourquoi le centre a décidé de faire équipe avec l’organisation pour faciliter le contact et, ainsi, briser la barrière potentielle générée lors d’un contact avec un psychologue.

Ces femmes qui demandent l’asile ne représentent pas une clientèle habituée à demander de l’aide et encore moins si elle est de nature psychologique. Ce n’est pas dans leurs habitudes et la plupart du temps, elles n’en ont pas les moyens financiers.

Cette expérimentation ne devait durer que cinq rencontres, mais compte tenu du succès, le centre et ses partenaires sont convenus de continuer jusqu’à la fin juin puis de prendre une pause pour l’été et, peut-être, de reprendre à l’automne.

Le fonctionnement

Le cercle se déroule dans les locaux de Pause famille et est animé par la coordonnatrice des interventions de Pause famille, Katia Bracamonte, et par une doctorante du Centre de psychologie, Samantha Kargakos.

Un exemple du travail fait par les participantes. (Photo : courtoisie Pause famille)

Tous les mercredis matin, vers 9 h 30, les femmes sont accueillies avec une collation et à 10 h, le cercle de parole commence. C’est un espace libre dans lequel les femmes peuvent être elles- même. Elles abordent les sujets qui les intéressent pour éventuellement créer une communauté bienveillante. Pendant ce temps, les enfants sont pris en charge à la halte-garderie. Le but des intervenantes est simplement de faire en sorte que les choses puissent être dites sans conséquence négative, en créant un filet de sécurité pour l’avenir.

«On leur propose du matériel pour s’occuper pendant qu’elles parlent pour faciliter la prise de parole. Elles font en même temps un projet commun, une grande toile qu’elles peuvent broder ou dessiner. Ça leur permet de parler de leurs cultures, de leurs origines, de ce que leurs mères leur ont enseigné», révèle Katia Bracamonte.

La suite

Pour le moment, six femmes participent au cercle de parole. Celles qui viennent apprécient l’expérience et veulent revenir.

«Nous pensons qu’il faut persévérer et que d’autres femmes vont s’y intéresser, il faut que le mot se passe pour que les craintes s’estompent. Nous ne sommes pas dans une approche curative, mais bien dans une offre d’espace d’accueil sécuritaire où elles peuvent s’exprimer, se déposer, créer une communauté avec d’autres femmes qui ont vécu des choses semblables», souligne Dre Gagnon.



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